The Power of the Dark Crystal (t. 3) de Spurrier, Johnson et Matthews
Suite et fin de la quête de Thurma et Kensho dans l’univers de Dark Crystal, et retour aux fondamentaux du conte. Une belle et simple histoire d’amour qui transcende la noirceur de la menace Skeksès.
L’histoire : Après un rude voyage dans les contrées étranges de Thra, Thurma est revenue dans son monde d’origine, Mithra. Mais comme au début de son voyage, la voilà désormais seule, après avoir trahi son unique allié. Alors que Thurma tente de retrouver l’affection de Kensho pour compléter sa mission, les deux sont à nouveau réunis. Car Kensho n’a pas abandonné l’espoir de voir leurs deux mondes sauvés. Pour que Thra et Mithra coexistent, nos deux héros vont devoir se réconcilier afin de dévoiler le secret qui les connecte.
Mon avis : Ce troisième et dernier tome du comics tiré de l’univers de Jim Henson et Frank Oz reprend où le précédent nous avait laissés : le vénérable Jen est assommé au cours d’une attaque menée par un Skeksès, sa troupe décimée ; Thurma trahit Kensho en pensant ainsi sauver son monde ; Kensho la suit jusqu’au cœur de Mithra, en dépit du danger. Gelflings, Skeksès, les combats s’entremêlent autour d’une question unique : la survie.
Une question bien résumée par le commandant, mourant au côté de Jen : « Nous n’aurions jamais dû utiliser les armes de nos ennemis. La peur nous a rendus aveugles. La peur des Skeksès… La peur du cristal noir. » Une peur peut-être mieux exprimée encore par ce gros plan sur l’œil du Skeksès (voir ci-dessous) : ce globe jaunâtre avec le simple cercle noir en son centre exprime toute la perversité, toute la noirceur d’âme, toute la violence d’une créature vouée à elle-même et à détruire.
Kensho et Thurma sont désormais en territoire feufling, et continuent de descendre dans les profondeurs de leur monde comme de leur histoire commune. Car c’est de cette seule histoire, et non de l’égoïsme d’un peuple, que peuvent naître la solution et renaître la vie. Passés par le bassin de larmes (qui n’est finalement pas une légende racontée par Thurma pour tromper Kensho), ils se dirigent vers la grande faille, « un endroit où les directions se perdent et coulent comme la lave. L’est, l’ouest, le nord, le sud… Le haut et le bas. »
Tous les repères doivent être abandonnés pour dénicher la route menant à la destination. Thurma revient enfin chez elle, épuisée, littéralement presque « éteinte ». Et avec elle, « un nouvel âge de Thra touche à sa fin », et « toutes les créatures », en vérité « tout Thra est venue chanter sa propre oraison funèbre ». De cette brisure du cristal est venue la tempête, mais le vrai problème était l’incompréhension d’une prophétie, et la cupidité d’un temps qui passe et d’une puissance qui monte.
Dans la conscience de vivre une histoire, un conte transmis de génération en génération : « Tu sais, mes amis et moi venions ici chaque jour », dit Thurma à Kensho. « Les anciens nous racontaient des histoires. Le bassin de larmes… La première flamme… Katlan et le dragon de brume… Aujourd’hui, nous allons sauver ces histoires, Kensho. »
Ce n’est pas un hasard si le Dark Crystal originel date de 1982, précédant ainsi d’autres films recelant parfois des tonalités proches, comme L’Histoire sans fin et Labyrinth (réalisé par le même Jim Henson). Ce troisième tome du Power of the Dark Crystal clôt de belle manière un récit sensible, simple et bien dans l’esprit de son modèle.
Si vous aimez : les univers revenant aux fondamentaux du conte, de la quête et de l’amour à travers le temps.
En accompagnement : plus que jamais la BO de Trevor Jones pour le film de 1982 :
The Power of the Dark Crystal (tome 3)
Écrit par Simon Spurrier et Phillip Kennedy Johnson
Dessiné par Kelly et Nichole Matthews
Édité par Glénat Comics
