The Walking Dead, saison 3 : la résurrection en marche

The Walking Dead, saison 3 : la résurrection en marche

On respire : la fin de la saison 2 n’était donc pas un mirage. Les 8 premiers épisode de ce 3e cru, diffusés cet automne sur AMC avant une pause jusqu’en février pour la découverte des 8 suivants, réjouissent au plus haut point nos palais délicats et rassurés. De la tripaille, de l’action, de l’émotion, des actes plutôt que des paroles poussives : The Walking Dead est enfin devenue la série badass que les fans du comic book n’osaient plus espérer sous l’ère Darabont. Review Miam !

Un détail ne ment pas à la vision de ces huit premiers épisodes : ils filent à la vitesse d’un coup de pioche en pleine poire zombiesque. Là où quasiment tous les segments de la saison 1 et presque une bonne moitié des 12 épisodes de la (déjà bien meilleure) cuvée suivante se traînaient au pas d’un walker enrhumé, on ne regarde jamais sa montre durant toute cette mi-saison 3. Avec toujours la même réaction à chaque générique de fin : ”Hein, quoi, déjà ???”, poussée dans un râle plaintif et vaguement paniqué. Comme l’écrivait déjà l’ami Dom dans son hilarante rétro des années Darabont, la reprise en main narrative opérée par le nouveau showrunner Glen Mazzara est proprement spectaculaire. C’est bien simple, The Walking Dead n’est plus la même série : finies les jérémiades, les successions monotones de scènes de dialogue à deux, les fausses bonnes idées qui tournent en rond au CDC….

Dés l’ouverture du « season premiere » cette année, le ton est donné : en fuite après l’attaque monstrueuse (dans tous les sens du terme) de la ferme de Hershel en fin de saison 2, les survivants affamés déboulent dans une maison à l’abandon pour trouver de quoi se nourrir. Ambiance estomac. Forcément, l’endroit est infesté de « walkers » (on ne dit jamais « zombies » dans The Walking Dead), méthodiquement décimés sans un mot par nos fugitifs. Une scène pré-générique énorme dont l’information principale sonne le glas des errements d’antan : The Walking Dead est enfin devenue badass. A la réal’ de l’épisode introductif (intitulé Seed), Ernest Dickerson, qui avait également sévi sur la saison 2 (et son final), applique consciencieusement une mise en forme typiquement eighties qui fait la griffe du show : pas de shaky cam de merde (oui pardon, mais c’est tout ce que m’inspire la shaky cam) ou de pseudo-accéléré saccadé sur les scènes d’action. Le cadre est toujours lisible, posé, avec de superbes mouvements de steadycam pour accompagner les slaloms parfois frénétiques des héros entre les cadavres ambulants.

L’influence de Romero se fait plus que jamais sentir dans Seed  : littéralement plan pour plan, les walkers déambulant derrière les grillages du pénitentier évoquent les zombies éparpillés sur le parking du complexe commercial de Zombie/Dawn of the dead. Et lorsque la bande de Rick s’adonne avec une pointe de sadisme malsain à une nouvelle opération de nettoyage dans la prison, on pense de nouveau aux quatre fugitifs de Romero prenant goût au massacre des morts-vivants gênant leur installation dans le “mall”. L’ombre de George Romero, versant Day of the dead/Le Jour des morts-vivants cette fois, continuera de planer sur les épisodes suivant, par flashes : ces expériences menées par un pseudo scientifique de Woodbury persuadé de pouvoir trouver un remède au mal, cette fosse où les hommes du Gouverneur piochent des “spécimens”, tenus à bout de collier à manche, ces troupes du Gouverneur aussi sanguinaires et connes que ne l’étaient les troufions de Day of the dead… Autant d’indices qui laissent penser que décidément, Zombie et Le Jour des Morts-Vivants exercent encore, après tant d’années, une influence déterminante sur l’imaginaire des scénaristes de la writing room de TWD.

On appréciera aussi l’émancipation définitive, et dans la bonne direction, de The Walking Dead par rapport au comic book. Tout en recyclant les figures cultes de Michonne, du Gouverneur et, au dernier moment, de Tyreese, les auteurs les propulsent dans des intrigues très différentes. La série s’affranchit pour de bon de son modèle papier, tout en retrouvant paradoxalement les vertus traumatiques de certains tomes de la BD. Je pense évidemment au d’ores et déjà culte épisode 4 (Killer Within), inoui d’intensité, d’horreur et d’émotion et qui, hormis les morts atroces de deux personnages centraux, fait accomplir un bond de géant à deux autres – en l’occurence Carl et son papa Rick, sur la tangente de la folie. Parlons en de Rick ! Andrew Lincoln n’est toujours pas prêt de remporter l’Emmy du meilleur acteur, mais il s’avère des plus convaincants dans le registre du pétage de câble, précédé par une violence bestiale à peine masquée par l’alibi de la protection du groupe. Fini le Rick boyscout de la saison 1, cette fois notre bon shérif abat sans sommation, comme ce détenu achevé sans prévenir à coup de mâchette crânienne pour avoir cherché d’un peu trop près notre brand new psychopathe. Là encore, la série renoue avec bonheur avec la noirceur radicale du comic book.

Répartie entre deux deux décors principaux – la prison et la petite ville de Woodbury en coupe réglée par le Gouverneur – l’action se montre cependant inégalement intéressante entre les deux pôles. Toutes les scènes de la prison sont incontestablement plus tendues que celles du repère du Gouverneur, qui parfois (je dis bien parfois) semblent faire figure d’aire de repos pour les scénaristes. Le pénitentier accapare clairement l’essentiel des morceaux de bravoure de cette mi saison, tandis qu’hormis les débats entre Andrea et Michonne pour savoir si oui ou non le Gouverneur est une crevure, il ne se passe pas grand chose à Woodbury. Ha si ! Le soir, le Gouverneur organise des combats de catch avec les « walkers » pour détendre les foules, façon jeux du cirque ou Mad Max 3.

Autre réserve : le choix de David Morrissey pour incarner le Gouverneur. Rien à redire sur l’interprétation solide du comédien mais, sans vouloir faire de délit de faciès, on doit bien reconnaitre que ses faux airs de Liam Neeson en plus frais sabotent un peu son potentiel d’intimidation. Même si la fin du 8e épisode (Made to suffer) laisse entendre que le roitelet de Woodbury va vraisemblablement devenir vraiment très méchant, on ne peut s’empêcher de comparer la version cathodique à son modèle dans le comic book, sacrément plus flippant physiquement et barré jusqu’à l’os. Rassurons-nous avec les quelques images dévoilées du 9e épisode à venir, qui laissent décidément penser que le personnage va basculer plus franchement encore du coté obscur suite à son sanglant corps à corps avec Michonne dans Made to suffer

Enfin, si l’on devait vraiment pinailler encore un bout, on pourrait juste regretter un cliffhanger de mi-saison un poil décevant : si tout le reste de l’épisode (l’assaut de Woodbury par Rick et les siens pour libérer Glenn et Maggie) est mené tambour battant, l’image finale du duel entre les frères Dixon relève a priori de la fausse bonne idée. D’abord, Merle (Michael Rooker, beauf bof)  et Daryl Dixon (Norman Reedus, au top) ont l’air d’être autant frères que moi et mon charcutier. Ensuite, alors que les occasions ne manquaient pas pour mettre nos nerfs à feu et à sang avant le hiatus hivernal, le choix de clore l’épisode 8 sur une autre séance de jeu du cirque entre Merle et Daryl s’avère peu payant. On se dirigeait vers une belle confrontation entre les teams de Rick et du Gouverneur, mais la fusillade est rapidement expédiée pour faire place à un enjeu de scénario bien maigre en comparaison : le conflit d’intérêt entre les frères Dixon, dont a priori je me tamponne d’un mano à mano devant une foule en haillons. La semi-déception n’efface cependant pas un instant la très, très bonne impression d’ensemble de ces huit premiers épisodes.

Atteignant des audiences délirantes et justifiées aux Etats-Unis (10,5 millions de téléspectateurs rassemblés devant Made to suffer sur AMC le 2 décembre !!!), la 3e saison de The Walking Dead s’est indubitablement imposée comme l’un des rv série les plus passionnants de cet automne. On continue de toucher toutes nos pattes de lapin, au Daily Mars, pour que Mazzara et sa bande sachent passer la cinquième pour la suite des événements.

P.S : je réalise in extremis que je n’ai rien dit sur le traitement de Michonne, sans doute le personnage le plus culte de toute la BD : elle aussi charrie de la badass attitude à souhait et son interprète Danai Gurira manie le sabre en virtuose de la trogne chafouine. J’achète.

 

Ci-dessous : spot promo pour l’épisode 9 de la saison 3 : The Suicide King, diffusion février 2013 sur AMC.

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