
Thirteen, laisser exister le présent (Séries Mania)
Du 15 au 24 avril se déroule la septième saison de Séries Mania à Paris, et comme chaque année, le Daily Mars vous offre une couverture du festival. Au programme, critiques, bilans de conférences et autres surprises…
Kidnappée adolescente, Ivy Moxam échappe à son ravisseur après 13 années d’enfermement. La jeune femme est prise en charge par une unité spéciale. Mais le retour à son ancienne vie s’annonce difficile. Thirteen ose s’attaquer à un sujet sensible et épineux. Une plongée en eaux troubles, servie par l’interprétation épurée de Jodie Comer (My Mad Fat Diary).
Thirteen, minisérie en 5 épisodes créée par Marie Dickens pour une BBC Three désormais accessible uniquement sur Internet, la réapparition ou comment la remontée d’un corps à la surface fait aussi des ronds dans l’eau.
Ivy et sa réapparition sont le corps de tout dans ce drame qui fait penser à une petite sœur anglaise de Rectify. Daniel, de Rectify, a été écarté de la vie par le prédateur naturel de l’homme, le système. Ivy a subit le même sort par le sien, celui des femmes : l’homme. Comme Daniel, Ivy va tenter de reprendre sa vie en s’ancrant dans le présent. Mais dans la joie, la douleur, le doute et la suspicion, sa famille et les policiers ne pourront pas laisser le présent exister tant que le voile du passé ne sera pas levé.
Bien sûr, il y a une enquête, qui est loin d’être accessoire et qui nous plonge dans la perplexité quant à ce retour miraculeux. Pourtant, Ivy est avant tout une victime. Ses secrets cherchent-ils à protéger quelqu’un ou à légitimement reprendre sa vie en laissant tomber dans l’oubli sa tragédie ? Tour à tour, chacun des personnages devra laisser affleurer ses vraies émotions pour aider Ivy à faire face aux siennes.
La force de la série est là, car toutes les prisons n’ont pas la forme que l’on croit. À l’annonce du retour d’Ivy, sa famille, disloquée par sa disparition et le temps passé, organise pour elle un théâtre plein d’amour et de bonnes intentions. Quoi de plus tendre dans ces circonstances qu’un retour à la normalité du quotidien qu’elle a connu, avant. Longtemps enfermée physiquement, Ivy se retrouve de nouveau prisonnière de faux-semblants qui vont devoir être brisés.
En évitant tout misérabilisme déplacé et un pathos appuyé, la série nous distille des réponses entre évidences et sous-entendus. De petites phrases anodines font au spectateur l’effet d’une gifle, juste le temps de comprendre tout ce qu’elles impliquent. C’est en jouant sur les sentiments, ceux des personnages et les nôtres, que Thirteen s’inscrit dans la lignée des petites anglaises qui ont tout d’une grande.
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