
This Is the Police 2 : Welcome to Fargo!
En 2016, le studio Weappy avait signé This Is the Police, un jeu de gestion singulier qui proposait également une superbe expérience vidéoludique narrative inspirée des films noirs. Le titre était une franche réussite, je vous invite d’ailleurs à écouter notre podcast qui lui est consacré (lien ici), et l’annonce d’une suite fut donc tout sauf une surprise. Exit les faubourgs de Freeburg, notre bon vieux Jack Boyd devra maintenant combattre tant bien que mal le crime dans le froid de Sharpwood.
Un gameplay plus varié
Cette suite reprend plus au moins dans les grandes lignes la structure du premier opus, c’est-à-dire un jeu de gestion entremêlé avec un visual novel. Le gameplay de base est pratiquement identique puisque il s’agit avant tout de gérer le commissariat d’une petite cité américaine. Dans le bureau du shérif et face à une carte représentant la ville et ses alentours, le joueur doit répondre chaque jour aux nombreux appels des citoyens concernant des crimes et autres délits. Chaque appel s’accompagne d’une description de l’événement nous permettant de juger la gravité de la situation, même si vous n’êtes jamais à l’abri d’une surprise.
Pour répondre à un appel, il vous suffira simplement d’envoyer des agents sur place pour résoudre le crime en cours. Et c’est à vous de juger combien d’officiers seront nécessaires pour boucler l’affaire sans souci. Toutefois, si vous ne voulez pas répondre à l’appel ou si vous souhaitez n’envoyer qu’un seul agent à une mort certaine, cela est tout à fait possible. Dans tous les cas, les décisions doivent être prises rapidement puisque il faut répondre aux appels durant le temps imparti, c’est-à-dire souvent une vingtaine de secondes.
Tout comme dans le premier épisode, il est important de prendre en considération l’expérience du policier, ses compétences, sa fatigue et sa loyauté envers vous. Ces statistiques augmenteront ou diminueront en fonction de la réussite des missions mais aussi de la relation entre vous et vos officiers. Vos subordonnés ont une vie en dehors du commissariat et ils se feront un malin plaisir de vous le rappeler chaque jour. Cours de danse ou de piano des enfants, surmenage, gueule de bois ou simple fainéantise, toutes les excuses seront bonnes pour ne pas venir travailler et c’est au joueur de décider s’il accède ou non aux requêtes.
Plus vous êtes permissifs, plus vos officiers seront loyaux envers vous, mais cela peut également se traduire avec un commissariat qui tourne au ralenti avec seulement la moitié des effectifs prévus. À l’opposé, si le joueur décide de faire régner la terreur dans le commissariat, la jauge de loyauté des agents diminuera avec des conséquences néfastes pendant les phases d’assaut. Au final, la gestion du personnel s’avère légèrement plus poussée que dans le premier épisode.
Les phases d’assaut sont la principale nouveauté de This Is the Police 2 et ressemblent énormément à une partie de XCOM simplifiée avec des combats tactiques au tour par tour. Les habitués du genre ne seront pas dépaysés. Chaque policier possède deux points d’action, de l’équipement et plusieurs statistiques (l’intelligence, la force, la négociation, la discrétion, la rapidité et le tir).
En fonction de ses statistiques et de la distribution des points, chaque agent dispose de compétences uniques à utiliser pendant les phases d’assauts. Approche furtive ou frontale, le jeu vous laisse le choix de comment vous allez répondre à la menace mais vous encourage à prendre en compte les compétences diverses des agents et le type d’intervention (sauver des otages, neutraliser des suspects ou désamorcer une bombe).
Le studio a visiblement écouté les critiques puisque les développeurs ont ajouté, en plus des phases d’assaut, plusieurs petites mécaniques de gameplay pour venir briser la répétitivité et la monotonie du premier opus. Répondre aux appels ne sera pas votre seule préoccupation, il vous faudra également enquêter sur des meurtres ou démanteler des gangs grâce à vos détectives, mais aussi aider les habitants de la ville via des missions annexes.
À la fin de la journée, le joueur peut proposer aux officiers de participer à des activités après le travail comme une bonne vieille partie de blackjack, une séance de cinéma au commissariat ou même un match de football. Ces événements permettent de diversifier encore plus les actions du joueur, rendant au final This Is the Police 2 un poil plus dynamique et plus vivant que son aîné.
Une intrigue sombre et bien ficelée
Dans This Is the Police 2, nous retrouvons pour notre plus grand bonheur Jack Boyd, héros charismatique mais néanmoins malheureux du premier opus. Même si cela n’est pas obligatoire à la compréhension de l’histoire, je vous conseille d’ailleurs fortement de jouer d’abord au premier opus. Ancien chef de la Police de Freeburg, Jack n’est plus que l’ombre de lui-même. La décadence de Freeburg et sa corruption ambiante ont fini par le dévorer de l’intérieur. Suite à un piège, Jack est condamné pour corruption et recherché activement par les fédéraux.
En cavale, il se retrouve alors dans la petite ville glaciale de Sharpwood. Le hasard faisant parfois bien les choses, Sharpwood connaît une montée de la violence sans précédent depuis que le shérif Wells et son escouade ont été massacrés par les Neckties, un sinistre gang spécialisé dans le trafic de cocaïne. La nouvelle shérif, Lilly Reed, est en proie aux doutes et peine à se faire respecter par les autres officiers et en particulier ses collègues masculins. Elle décide alors de faire confiance à l’expérience de Jack Boyd, devenu agent infiltré, pour remettre un peu d’ordre et de discipline dans le commissariat.
L’écriture est toujours aussi brillante et rend un parfait hommage aux films noirs et de gangsters. Freeburg avec ses airs de Gotham City a laissé sa place à Sharpwood, une ville toute aussi dangereuse mais avec une ambiance plus froide et plus austère qui n’est pas sans rappeler le Minnesota de Fargo. Les thèmes abordés sont encore une fois très matures, faisant la part belle aux dangereuses traditions et à la misogynie.
J’ai particulièrement aimé la dynamique entre Jack Boyd et Lilly Reed, une relation presque filiale entre un mentor désabusé et une jeune femme naïve qui croit encore pouvoir sauver tout le monde. Heureusement, l’atmosphère sombre et relativement pesante de This Is the Police 2 est souvent contrebalancée par l’humour noir et cynique de Jack Boyd qui fait toujours mouche.
La direction artistique aux allures de comic-book est certes minimaliste mais toujours aussi bien inspirée et sert parfaitement le ton mature de This Is the Police 2. Tout comme le premier opus, l’histoire principale avance chaque jour lors de cinématiques. Les visages sont lissés et inexpressifs, mais cela est compensé par un doublage de haute volée.
Jon St John, le mythique doubleur de Duke Nukem, campe le rôle de Jack Boyd à la perfection et le reste du casting n’est pas en reste avec des voix qui donnent une vraie profondeur et une réelle personnalité à leurs personnages. La superbe bande son très jazzy du premier This Is the Police est de retour pour notre plus grand plaisir, avec toutefois quelques nouvelles sonorités plus électriques afin de coller un peu plus à l’ambiance eighties du titre.
Conclusion
This Is the Police 2 est une bonne suite qui saura satisfaire pleinement les fans du premier opus. Weappy a introduit de nouvelles fonctionnalités bienvenues afin de diversifier le gameplay et ainsi éviter de lasser le joueur trop rapidement. Malgré tout, le jeu devient assez répétitif au bout d’une douzaine d’heures (sur un total de vingt) et les phases d’assaut sont certes sympathiques mais loin d’avoir la profondeur ou la complexité d’un XCOM.
Au final, cet opus reste comme son ainé, un jeu de gestion plutôt difficile et surtout un titre ultra bavard. Si vous comptez essayer le jeu pour sa partie simulation de commissariat, n’oubliez pas qu’il s’agit également d’un excellent visual novel. Suite directe du premier épisode, l’intrigue principale est encore une fois servie par un doublage de grande qualité, une ambiance musicale jazzy et une étonnante direction artistique minimaliste. Le studio biélorusse démontre à nouveau sa maîtrise des codes des films noirs et de gangsters. Pour conclure, This Is the Police 2 ne révolutionne pas le genre, mais l’histoire de Jack Boyd vous tiendra encore une fois en haleine tout au long de l’aventure.
This Is the Police 2
Développeur : Weappy
Éditeur : THQ Nordic
Prix : 15 €
Disponible : PC/PS4/Xbox One/Switch