Avant-première : Tiger Lily (saison 1)

Avant-première : Tiger Lily (saison 1)

Note de l'auteur

Lio, Ariane Seguillon, Camille Japy et Florence Thomassin

Proposée dès mercredi 30 janvier sur France 2, la série de Negar Djavadi et Charlotte Paillieux (réalisée par Benoît Cohen, le père de Nos Enfants chéris) alterne le bon et le moins bon… Mais comme le projet est porté par une farouche volonté de développer des personnages attachants, on a envie de voir la suite. Une bonne surprise.

Les séries françaises du mercredi, sur France 2, ça ressemble souvent à un saut dans l’inconnu. Du succès rencontré par Les Hommes de l’ombre aux échecs de Des soucis et des hommes et Clash, le milieu de semaine est devenu une sorte de laboratoire à tentatives plus ou moins réussies pour trouver un compagnon de jeu à Fais Pas Ci Fais Pas Ca, seule fiction parvenue à s’inscrire dans la durée sur ce créneau.

Cette semaine, c’est au tour de Tiger Lily : quatre femmes dans la vie (1), projet imaginé par  Negar Djavadi et Charlotte Paillieux (et lauréat du prix de la meilleure série au dernier festival de La Rochelle), de faire le grand saut. L’histoire, c’est celle de quatre quadragénaires qui ont connu la gloire avec un groupe de rock dans les années 80 (Tiger Lily) et qui voient arriver la cinquantaine à grands pas. Deux d’entre elles sont en couple, trois élèvent des enfants et toutes les quatre se posent beaucoup de questions tandis que la cinquantaine approche.

Camille Japy incarne Rachel Levy-Roussel.

Alors que la presse vient de faire le classement des meilleurs albums rock de tous les temps, et qu’elles ont toutes quitté la scène après la disparition de leur manager (et compagnon de Rita, la chanteuse), doivent-elles songer à une réédition de Beretta, leur plus grand succès ? Doivent-elles même remonter sur scène ?  Se poser ces questions, c’est regarder à quoi ressemble sa vie. Ce qu’elle est et ce qu’on veut qu’elle soit alors que le temps file très vite.

Disons-le tout de suite : avec ses quatre héroïnes qui jonglent entre vie de famille et vie professionnelle, le projet vous fera immanquablement penser à Desperate Housewives. Mais pour apprécier les qualités de cette fiction assez légère mais pas creuse, mieux vaut ne pas chercher à pousser plus loin la comparaison. Et cela, quand bien même le personnage de Rachel (la mère de famille juive limite Control Freak) vous fera immanquablement penser à Bree Van de Camp.

La force de Tiger Lily, c’est d’esquisser quatre portraits de femmes confrontées à l’urgence du temps qui passe, juste au moment où la période la plus faste de leur vie refait parler d’elle. A des niveaux plus ou moins différents, toutes sont hantées par cette époque. Et c’est la façon dont cela fait écho en elles qui permet de savoir qui elles sont.

Florence Thomassin joue Rita, l’ex-chanteuse du groupe.

Premier bon point pour la série : elle évite de sauter à pieds joints dans un travers propre à plusieurs productions françaises. Ici, Charlotte Paillieux et Negar Djavadi n’ont pas ressenti le besoin de faire « aboyer » leurs personnages féminins pour que leur force transparaisse. C’est tout simple mais c’est heureux, ça repose… et ça marche.

Deuxième atout, le projet est porté par de bonnes actrices. Florence Thomassin, Camille Japy et Ariane Seguillon apportent vraiment un plus à leur rôle: leur présence est déterminante dans les bons moments de la série. Lio, en revanche, paraît un ton en dessous.

Le souci, par contre, c’est que Tiger Lily alterne des passages très efficaces et d’autres moments moins réussis. La première partie de l’épisode 1 comporte par exemple quelques lourdeurs : l’intrigue autour du personnage de Lio, principalement. Plus tard, certaines scènes semblent également sorties de nulle part (Stéphane qui va chercher sa guitare cédée à un vendeur de concessions funéraires et se retrouve piégée dans une scène cartoonesque) et cela nuit à l’ensemble.

Mais de bonnes idées viennent aussi se glisser ici et là : la série exploite assez intelligemment les flashback par exemple. Peu à peu, les personnages gagnent ainsi en volume et on a envie de voir où ils vont. C’est notamment flagrant dans la première partie de saison, qui comptent plusieurs scènes vraiment réussies.

Lio interprète, Muriel, ex-bassiste du groupe.

A ce petit jeu, le personnage de Stéphane (Ariane Seguillon), coincée entre son job de gardienne, sa mère qui veut absolument mourir (alors qu’elle est en pleine forme… et n’a jamais sa langue dans sa poche) et des galas miteux où elle interprète un sosie de Michel Sardou, est sans doute le plus attachant.

Les épisodes 4, 5 et 6 comptent également quelques bonnes idées mais ont parfois un peu plus de mal à surprendre (sauf la fin de l’épisode 5, avec un rebondissement bien amené).

Enfin, si la conclusion est très prévisible, elle ne « casse » pas la dynamique de l’histoire, pas plus qu’elle n’entrave une certaine capacité à émouvoir. Dans le dernier épisode, le monologue de Rachel, obligée de tomber le masque, est par exemple bien porté par Camille Japy.

En définitive, cette première saison s’acquitte assez bien de son objectif numéro 1 : poser un univers, des personnages et un enchevêtrement de relations intéressant. Si elle n’est pas dépourvue de maladresses et de passages à vide, elle mérite le coup d’oeil. A nos petits camarades de Season1, les créatrices de la série ont confié leur envie « d’inventer la série dont (elles rêvaient) en tant que spectatrices »: cette envie, on la ressent à l’écran. Ce n’est pas tous les jours que ça arrive en France… voilà pourquoi ce serait bien qu’il y ait une suite.

Ariane Seguillon (Stéphane) et Lio (Muriel).

(1) : Ah, France 2 et les sous-titres cornichons… vivement Shark Jean-Louis : quatre poissons dans la mare, vraiment.

TIGER LILY :
QUATRE FEMMES DANS LA VIE

(Saison 1 / France 2 – six épisodes)

Créée par Charlotte Paillieux et Negar Djavadi ; réalisée par Benoît Cohen

Avec Florence Thomassin (Rita), Camille Japy (Rachel), Lio (Muriel), Ariane Seguillon (Stéphane), Philippe Herrison (Alexandre), Jean-Michel Tinivelli (Antoine), etc. 

Lancement Mercredi 30 janvier à 20h45.

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