
Titan Race : Le choc des titans (au format 1/250eme)
Funforge, l’éditeur (entre autres) du très célèbre Tokaido, a sorti fin d’année dernière Titan Race, le premier jeu de Julian Allain. Et c’est toujours intéressant les premiers jeux parce que ça veut dire que l’éditeur a vu dans le projet d’un « inconnu » quelque chose de séduisant ! Ce n’est pas comme le 17e jeu d’Antoine Bauza qui sera sans doute fantastique mais bon, comme c’est quasiment toujours le cas, où est la nouveauté hein ? Pour ainsi dire, l’éditeur peut signer le jeu et le tester ensuite sans grand risque… De toute façon, il se vendra ! (et je risque fort de l’acheter…)
Alors que nous propose Titan Race ? Et bien de participer jusqu’à six joueurs à une course dans laquelle de valeureux cavaliers chevauchant de titanesques montures s’affrontent sur des terrains aussi magiques que variés !
Titanesque, moi ça m’évoquait au début les figurines de Cthulhu Wars (7 kilos de figurines dans la boîte, pas le jeu que tu trimbales partout avec toi). Du coup, la première surprise est venue de la taille de la boîte : 20 cm de côté, la taille d’un mini jeu de plateau. Et à l’intérieur, les terrains ne se déplient pas. Non, non, ce sont des carrés de 19cm de côté ! Très joliment illustrés certes, mais pas très grands donc. Quant aux figurines de vos titans, elles taillent dans les 2 cm. Elles restent plutôt bien détaillées, mais pour un titan, sur le coup, j’ai trouvé le choix du format assez étrange. On est plus près des petits chevaux que de Cthulhu Wars pour le coup… Et à 6 joueurs, il faut reconnaître que le plateau est un brin petit (faut un peu se serrer autour, ce qui change vu qu’habituellement on sort plutôt les rallonges de la table).
Bon, alors voyons maintenant les règles ! Le livret fait douze pages, les règles sont simples et bien illustrées. Elles détaillent le fonctionnement général du jeu, le pouvoir de chaque titan et les particularités des 6 terrains sur lesquels vous allez pouvoir évoluer de façon claire ! Seul petit bémol, nous avons un peu cogité sur le changement de « premier joueur » entre le premier tour et les suivants qui manque un peu de clarté. C’est dommage car c’est une des excellentes idées du jeu.
Je m’explique : le jeu est fourni avec 6 dés spéciaux qui sont autant de possibles actions pour les participants à la course (avancer tout droit, de côté, poser un piège, etc.). De plus, chaque action possède une couleur. Si le participant choisit l’action de sa couleur, il regagne en bonus un point de vie. À chaque tour, le premier joueur lance autant de dés que de joueurs puis choisit l’un d’entre eux. Ensuite, chacun choisira à son tour un dé jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Le dernier joueur, qui n’a pas encore joué, reprend alors tous les dés et les relance avant d’en choisir un, et devient ainsi le nouveau « premier joueur ». On a donc ici un aspect assez tactique du jeu qui permet de choisir son action mais aussi d’anticiper celles des adversaires, voire de priver l’un d’entre eux d’une action qui lui serait trop bénéfique (bon, cet aspect « tactique » est bien plus présent à 3 joueurs qu’à 6 où le jeu devient un fabuleux foutoir !).
C’est aussi très bien pensé car le dernier joueur ne se retrouve donc jamais contraint avec, comme seul choix, une unique action possible. Bon sauf si vous êtes avant-dernier et que vos sympathiques amis vous ont laissé 2 dés identiques. Ça, c’est juste le genre de décisions qui mérite votre juste vindicte ! Et ça tombe bien puisque justement, Titan Race n’a pas vraiment les attributs d’un petit trot à Vincennes. On est plutôt dans l’échange joyeux de coups, flammes, pièges, et autres coups fourrés dans l’espoir de laisser vos adversaires suffisamment longtemps sur le carreau pour leur rafler la victoire.
Chaque titan possède à cet effet un petit pouvoir qu’il utilisera afin de prendre l’avantage sur ses adversaires (qu’il s’agisse d’un souffle ardent, d’un bras mécanique permettant de déplacer un titan adverse, ou de pattes de raptor pour s’appuyer sur eux pour un bond du plus bel effet). On peut également récupérer des cartes bonus qui vous donneront encore quelques arguments supplémentaires. Enfin, chaque terrain possède des particularités qui le rende plus ou moins dangereux (un champ de lave), rapide (la fonderie et ses tremplins) ou délicat (les plaines gelées et ses plaques de verglas). Les terrains ont également une autre grande particularité : ils sont carrés mais en fait, il faut les imaginer sphériques, comme une carte du monde. Ce qui veut dire que si vous sortez du plateau par la gauche, vous y revenez par la droite. Et que franchir la ligne du haut vous renvoie donc en bas tout en vous permettant de clore un tour sur les trois que compte une course.
Le concept demande un petit temps d’adaptation, surtout avec ces foutus titans qui se bousculent dans tous les sens façon « le grand carambolage » (je pousse Slaugg qui glisse sur le verglas, sort par la droite, revient par la gauche, bousculant à son tour Ragnarok qui, de ce fait, part voler dans une mine avant de sortir du plateau par le haut, etc.) mais cela confère une vraie originalité au jeu. Et surtout cela permet de toujours maintenir une grande interaction entre les concurrents, qui en deviennent vraiment gigantesques au vu de la petitesse du terrain sur lequel ils évoluent !
Du coup, mon conseil : oubliez la variante vous proposant d’aligner plusieurs terrains. Car si un titan fait une échappée, il risque de faire toute la course en tête sans jamais revoir un concurrent ailleurs que dans son rétroviseur (option disponible sur tout bon Titan !). C’est un peu comme Lance Armstrong au Tour de France : c’est sûrement très impressionnant, mais c’est d’un chiant… Alors que là, celui qui prend la tête, il est tout à coup derrière les autres, voire au niveau des petits derniers qui vont lui faire comprendre que c’est mal de prendre trop d’avance !
Bien entendu, avec tous ces petits tracas, les points de vie de ces titans tendent à fondre comme neige sous un souffle ardent. Fort heureusement, le jeu n’élimine aucun concurrent (c’est tout simplement le genre de truc que je trouve insupportable dans un jeu : forcer un participant malchanceux à regarder les autres continuer à jouer pendant le reste de la partie… Non je n’ai pas parlé de Loups Garous !). Votre titan à bout de force doit juste se reposer un tour avant de reprendre la course de plus belle et en pleine forme ! Enfin jusqu’à recroiser un de ses adversaires 30 secondes plus tard…
Finalement, faisant d’abord penser à un Roborally simplifié, Titan Race s’exprime davantage dans le fun que sur un aspect tactique ou calculatoire. Le terrain est si étroit que la situation devient assez rapidement aussi imprévisible que difficilement contrôlable, surtout si les joueurs sont nombreux. Mais la mécanique fonctionne bien et la très forte interaction qu’offre alors le jeu entre les adversaires permet de vraiment s’en donner à cœur joie. Les parties sont rapides (comptez entre 30 et 50 minutes selon le nombre de joueurs) et les terrains changent vraiment la configuration et le déroulement du jeu.
Nous avons eu quelques interrogations sur l’équilibre entre les différents titans, même si, à vrai dire, nous avons préféré les faire tourner entre nous que d’étudier la chose de façon approfondie. Mais il serait intéressant d’avoir le point de vue de l’auteur sur ce point car certains semblent (à première vue encore une fois) avantagés ! Ceci dit, ce genre de déséquilibre (comme toute autre tentative de prendre honteusement l’avantage) s’est toujours rapidement réglé sur le terrain (oui 2 contre 1, ce n’est pas sport, mais bon, on n’est pas non plus aux jeux Olympiques !).
Pour toutes ces raisons, Titan Race est avant tout un jeu fun et très interactif avec un petit aspect tactique qui repose surtout dans votre capacité à tirer le meilleur parti de la situation plutôt que dans votre compétence à planifier le déroulement des opérations 2 tours à l’avance (ce qui est simplement impossible !). Il peut donc ne pas correspondre aux attentes des fans de tactiques ou de stratégie ou à ceux qui aiment la planification et un fort contrôle sur le déroulement jeu. Mais après tout, j’adore aussi Tzolk’in ou Myrmes ! Faut juste savoir ce qu’on cherche quand on sort une boîte de jeu ! Avec Titan Race, c’est des parties courtes, amusantes et facilement abordables pour les nouveaux venus ! Reste à voir la rejouabilité, mais là je n’ai pas fait assez de parties pour savoir si on vient vite à bout de la variété des terrains, pouvoirs et autres bonus (sans compter que l’éditeur peut facilement sortir du contenu supplémentaire pour prolonger celle-ci).
Et puis avec son mini format, le jeu se glisse du coup facilement dans votre sac et s’emporte aisément chez des amis. Ça peut sembler un comble pour un jeu de Titans, mais c’est un avantage non négligeable !
Titan Race, de Julian Allain, illustré par Jean-Baptiste « Djib » Reynaud et édité par FunForge
De 2 à 6 joueurs. Prix : 18 €
Qu’une seule partie à mon actif mais tout à fait d’accord avec ce que tu en dis. On a utilisé qu’un seul plateau mais la prochaine fois on essaiera d’en mettre plusieurs pour voir.
Rapide, fun et avec des interactions fortes : tout ce qui me plait !
Oui l’interactivité est le gros gros point fort du jeu ! D’ailleurs, c’est pour ça que je suis pas trop pour mettre plusieurs plateaux, j’ai peur que justement ça la réduise ! Du coup, n’hésite pas à faire un retour d’expérience 🙂