
TOP 5 des mash-up de genres dans la japanimation et les mangas
Imaginez deux secondes, la vie de Jésus racontée à la sauce Bollywood avec de gros mechas contrôlés par des samouraïs… Clairement, vous vous dites «WTF?» et à juste titre… Pourtant je suis sûr que certains d’entre vous seraient preneurs, moi le premier! Sans en arriver là, les mangas et les animes sont parfois le théâtre de mariages surprenants, voir contre-nature. Aujourd’hui, je vous propose donc mes amis, un petit tour d’horizon de mash-up improbables mais étonnamment réussis!
5 – The Arms Peddler (Western/Dark Fantasy)
J’ai déjà pas mal écrit sur The Arms Peddler dans les pages du Daily Mars et si vous êtes de fidèles lecteurs, vous saurez certainement de quoi il retourne. Le manga prend place dans un monde répondant à l’esthétique et aux codes du western. Une vendeuse d’armes sillonne les routes dans sa vieille carriole et prend sous son aile un jeune orphelin rongé par l’esprit de vengeance. L’appel des grandes plaines, ses déserts arides, ses cavalcades, ses chasseurs de primes… Bref, tout le décorum du western de papa est là, mais pas que…! En effet, très vite, le titre prend une autre direction, bien plus fantastique. Quand débarquent goules et nécromanciens, The Arms Peddler prend le pari de mixer des genres qui n’ont à priori rien à voir entre eux, quitte à faire un grand écart périlleux. Pari réussi jusqu’ici (6 tomes en France), le titre parvient à assimiler différentes influences afin de se forger une identité propre. Pas révolutionnaire mais efficace!
4 – Cowboy Bebop (Western/Sci-Fi/Ambiance Jazzy)
Si l’art du mash-up était de la cuisine, Shinichiro Watanabe serait un chef 3 étoiles. Lorsqu’il nous balance Cowboy Bebop en 1998, on se prend une baffe et on tend l’autre joue. Les aventures spatiales de Spike, Faye Valentine et le reste de la clique à la recherche de têtes mises à prix, sont juste passionnantes. Les personnages sont bien écrits, le scénario est intelligent et la greffe de genres prend à fond. Ce space-western ou spacestern (oui, j’invente des mots) parvient à trouver une vraie homogénéité et une légitimité en terme de récit. Les vastes étendues désertiques deviennent des recoins de notre galaxie, les villes fantomatiques sont remplacées par des villes tentaculaires sur Mars ou une autre planète et les vaisseaux spatiaux prennent la place des bons vieux chevaux. Ajoutez à cela des mélodies jazzy et be-bop pour former l’une des meilleures bandes-son du monde, composée par la papesse du genre Yôko Kanno, et vous obtenez une indéboulonnable merveille de la Japanimation.
3 – Samurai 7 (Chanbara/Mechas)
Avec Samurai 7, on s’aventure sur un terrain savonneux puisqu’il s’agit d’une adaptation (très) libre des Sept Samouraïs de Akira Kurosawa. Mais histoire de rendre le projet plus casse-gueule et de miner un peu plus le terrain, le réalisateur Toshifumi Takizawa a décidé de pimenter son récit à grands coups de mechas. Une union qui, sur le papier, est aussi peu convaincante que celle entre un ours et une gazelle. La subtilité du chanbara et le culte voué au matériau d’origine vont-ils survivre aux effets pachydermiques et pyrotechniques qu’impose le genre du mecha? Réponse: ils résistent pas trop mal. Alors oui, les puristes crieront à l’hérésie, de plus, les choix artistiques concernant le mélange 2D/3D ne sont pas du meilleur goût mais envers et contre tout, Samurai 7 arrive à séduire. Le mariage semble illégitime et pourtant le fait de voir des samouraïs affronter de grosses machines du futur et bien se défoncer entre eux, a quelque chose de relativement jouissif, voir même régressif. C’est vrai, après tout, enfants, nous n’étions pas choqués de mixer au sein d’un même univers, Lego, G.I. Joes et dinosaures en plastique! Alors, il est où le problème?!
2 – Afro Samurai (Blaxploitation/Chanbara/Sci-Fi)
Quand les agités du bocal du studio Gonzo se lancent dans l’adaptation animée du manga de Takashi Okazaki, ils ne font pas les choses à moitié. Cinq épisodes aux graphismes et à l’animation superbes. Dans un Japon médiévalo-rétro-futuriste, Afro, un samouraï black, à la coupe défiant les lois de la gravité, doublé de surcroît par Mr. Samuel L. Jackson, cherche à tout prix à venger son paternel et devenir le détenteur du bandeau numéro 1 qui détermine l’homme le plus fort du monde. Histoire d’enfoncer le clou blaxploitation, Afro se coltine un acolyte grande gueule et rigolard qui se la joue gangsta. Plongé dans un monde sombre et violent où la tradition ancestrale du sabre se heurte à la culture de la rue, Afro Samurai réussit un dosage parfait, une équation compliquée pour un résultat parfaitement hallucinant. De plus, cerise sur l’afro, la bande-son est laissée entre les mains aguerries de RZA, membre éminent du Wu-Tang Clan pour une musique furieusement hip-hop.
1 – Samurai Champloo (Chanbara/Street Culture)
Number one de sa catégorie, véritable bombe pop et hip-hop, c’est le parfait exemple d’une greffe complètement aboutie. Le génie derrière Samurai Champloo n’est autre que Shinichiro Watanabe, encore lui! Comme pour les deux titres précédents, on part sur la base du chanbara, à la différence qu’ici, il se veut plus précis, plus détaillé, plus vrai. Le délire hip-hop que Watanabe ajoute, rehausse de manière incroyable le plat. Sur une musique lounge et hip-hop, on s’adonne à des battles de tags, on est défoncé à la ganja et les styles de combat s’apparentent à du breakdance pour un résultat proprement bluffant. Avec un humour dévastateur et une animation toujours plus fluide, Samurai Champloo fait preuve d’une coolitude absolue dans le fond comme dans la forme. Watanabe parvient à faire exister et rendre parfaitement crédible un Japon médiéval alternatif où les anachronismes disparaissent. Une forme de liberté créative dont peu de mangaka savent faire preuve. Ça, c’est la marque des grands!
Très bonne sélection. J’y classerai aussi les univers des Albator/Galaxy Express 999 ou Cobra qui sont clairement des tentatives de fusion Western/SF.