
Toute l’histoire de Mickey : la souris par qui tout a commencé…
Ce mois de décembre, baigné dans l’ambiance de Noël de sa première à sa dernière seconde, est l’époque rêvée pour (re)découvrir l’univers de la souris la plus célèbre du monde. Celle dont les oreilles seules résument un empire des médias, du divertissement et du rêve.
Le livre : En une soixantaine de pages, Rodolphe Massé offre au lecteur une mine d’informations, de statistiques et de notices historiques autour de Mickey Mouse, de ses amis et ennemis, et de son univers au sens large. Des données mises en image par l’illustrateur Henri-Olivier. Le duo était d’ailleurs déjà l’auteur d’une semblable Picsou Story chez Hachette Heroes en octobre 2017.
Mon avis : Rodolphe Massé le résume très bien dès les premières lignes de sa préface : « Comme vous, j’ai l’impression de l’avoir toujours connu. » Par-delà même sa plasticité, sa souplesse de personnage de BD/films d’animation/jeux vidéo/patron de parcs d’attraction aux quatre coins du monde, sa longévité – il a fêté cette année son 90e anniversaire, tout de même – Mickey impressionne par cette évidence dans la vie de la plupart d’entre nous.
Il faut dire que l’émission Disney Channel du samedi soir, où l’inoubliable Jean Rochefort présentait les Aventures de Winnie l’Ourson, a contribué à forger notre regard et notre imaginaire. Plus encore, Mickey a traversé le temps, dans ses aventures comme dans la “vraie vie”. Ou, comme l’écrit encore Rodolphe Massé : Mickey « se libère sans effort de la prison du temps pour tout vivre, tout embrasser d’un même élan, d’un même pas sautillant allègrement d’une époque à une autre, à travers l’infinie pluralité du monde ».
On en oublierait presque l’extrême richesse de son univers, derrière l’apparente simplicité de son expression. Sa pupille a changé avec le temps, passant d’un ovale plein à un ovale coupé d’une incise (comme une tarte allongée à laquelle il manquerait une part) – il y aurait toute une histoire à raconter sur ces pupilles, et les évolutions qu’elles ont connues selon le médium (films d’animation ou bandes dessinées).
Des fiches très complètes et attrayantes explorent la vie de Mickey Mouse et de ses acolytes, son amoureuse Minnie, sa némésis Pat Hibulaire, les quelque peu oubliés Horace et Clarabelle (supplantés par Dingo), le chien Pluto et le canard Donald, etc. Sans oublier le Fantôme noir, le commissaire Finot… La liste est presque infinie. Et plus importante qu’il y paraît, puisque l’apparition de Dingo et Donald, en particulier, permet à Mickey de se “défaire” de quelques traits de caractère moins positifs, tels que la colère, l’aptitude aux gaffes et une forme de folie douce, pour se concentrer sur un comportement essentiellement positif, celui d’un “petit gars de bonne volonté”.
Chacun des amis et ennemis majeurs de la petite souris intrépide a droit à sa fiche perso sur une pleine page, avec statistiques des “personnages avec lesquels il apparaît le plus”. Où l’on voit que Dingo se taille la part du lion du rôle de sidekick de Mickey (15.913 apparitions en commun), loin devant Minnie (8.770) et les neveux Jojo et Michou (5.538). Côté “bad guys”, c’est Pat Hibulaire qui emporte la palme (2.172 confrontations), contre 536 seulement pour le Fantôme noir.
Retour en particulier sur le petit miracle que représente L’Apprenti sorcier. Avec un sorcier dénommé Yen Sid (bien que son nom n’apparaisse jamais dans ce premier segment du long métrage Fantasia), soit “Disney” à l’envers – apparemment, le sorcier et son illustre inspirateur partageaient un même art du froncement de sourcil…
Retour aussi sur la “Mickeymania” chez bon nombre d’humains accros à la petite souris ; sur les aventures vidéoludiques de Mickey, depuis Sorcerer’s Apprentice (1983, sur Atari 2600) jusqu’à Disney Magical World 2 (2016, sur Nintendo 3DS), en passant par l’archi-classique et absolument fabuleux Castle of Illusion (1990, sur Mega Drive, Master System et Game Gear : attention, une coquille s’est glissée dans le texte, “Game Gear” devant bien évidemment se placer dans la colonne “Plateforme” et non “Titre”) ; sur les parcs d’attraction, des “microscopiques” à Anaheim (USA) et Hong Kong (100 ha chacun) au parc géant d’Orlando (plus de 11.000 ha !).
On découvre enfin quels sont les auteurs qui ont assuré la légende de Mickey, à commencer par Floyd Gottfredson, qui est à l’univers de la Souris majuscule ce que Carl Barks a été pour la galaxie Donald : un dieu tutélaire. « D’abord animateur sur les Silly Symhonies », écrit Rodolphe Massé, « (…) Floyd prend en charge la destinée de Mickey en bande dessinée sur la demande de Walt Disney, et ce qui devait être une tâche provisoire se poursuivra… presque un demi-siècle, jusqu’en 1975 ! »
Il faut également citer Romano Scarpa, « l’autre immense auteur des aventures en BD de Mickey (…). Le plus grand maître italien de la bande dessinée Disney travaillera autant sur l’univers de Mickey que sur celui de Donald, Picsou… et bien d’autres personnages Disney. » L’occasion de souligner l’importance cruciale de la scène italienne pour les BD Disney – un point pas toujours perçu de notre côté des Alpes. D’ailleurs, c’est dans la Botte que sera publié Topolino dès 1932, le premier périodique au monde qui soit consacré aux personnages de Disney – avant le Mickey Mouse Magazine étasunien et le Journal de Mickey français !
L’extrait : « Mickey a beau s’assagir avec l’âge et laisser peu à peu Donald, Dingo ou Pluto s’affirmer en tant que vedettes comiques, Walt lui réserve certains de ses plus grands rôles dans les années 40 : tout d’abord avec L’Apprenti sorcier, la séquence maîtresse de Fantasia, mais aussi quelques courts métrages remarquables, tels que Mr. Mouse Takes a Trip (Le Voyage de Mickey, 1940), qui remet en vedette Pat Hibulaire, ou The Little Whirlwind (Le Tourbillon, 1941), entre autres pépites animées avant l’éclipse provisoire qui mènera Mickey à son prochain très grand rôle cinq ans plus tard. Bien que l’effort de guerre des studios Disney ralentisse la production de courts métrages, Mickey garde encore de beaux tours dans ses manches ! »
Toute l’histoire de Mickey
Écrit par Rodolphe Massé
Illustré par Henri-Olivier
Édité par Hachette Heroes