Towerfall Ascension

Note de l'auteur

En réponse à la sonde envoyée il y a peu, des Terriens viennent en villégiature sur Mars pour vous proposer des articles sur le Jeu Vidéo. Aujourd’hui, c’est Florian Falcucci qui pose ses valises pour vous parler de Towerfall Ascension. 

Dans les temps immémoriaux, il y a quelques années, le monde du jeu vidéo accueillait en son sein bon nombre de jeux multi en local, où le plaisir de jouer à quatre sur sa télé était une des raisons qui faisaient que le jeu vidéo n’était pas encore trop considéré comme un média qui engendrait des sociopathes asociaux capables de poser des bombes parce qu’ils s’étaient fait largués sur WoW (c’est pas moi qui le dit, c’est les journaux télévisés). On avait du Goldeneye, du Power Stone 2 et bien d’autres. Malheureusement, l’ère d’internet a fait peu à peu disparaître le jeu à 4 sur son canapé. Chacun reste chez soi et joue au casque avec ses potes, sans aucune possibilité pour le déconcentrer et le faire rater une ligne d’arrivée. Vous voulez vous faire une partie du dernier Need for Speed chez votre ami? Pas la peine, achetez le jeu chez vous en priant pour que la connexion ne lague pas trop.

Mais ça c’était avant l’explosion de la bulle du jeu indépendant. Sur console, on a pu voir l’arrivée de jeu comme Castle Crashers qui a ringardisé le concept du beat’em all à 4, à la grande époque du Street of Rage. Mais véritablement, le renouveau du jeu local à 4, c’est bien sur PC que ça se passe. Il vous suffit d’un PC (portable ou non), de Steam en mode big picture et d’un câble HDMI pour brancher sur la télé accompagné de 4 manettes 360, et la partie commence! Spelunky, Nidhogg ou Samurai Gunn sont autant de jeux où l’on peut s’éclater à 4 tout ensemble sur le canapé, et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Mais ce n’est rien comparé au concentré de fun et de coups de pute que représente Towerfall Ascension (aussi disponible sur PS4).

Tout en amas de pixels, Towerfall est assez proche de Smash Bros dans ses déplacements. En vue de profil, vous dirigez un petit archer dans une arène et vous devez vous débarrasser des trois autres joueurs afin de gagner la partie. Vous pouvez sauter, vous accrocher aux rebords et évidemment tirer vos flèches en prenant en compte la gravité. Sachant qu’un seul tir bien placé peut tuer votre adversaire, la pression est constante et vous oblige à attaquer votre proie tout en surveillant du coin de l’oeil vos autres adversaires. Mais le jeu serait trop simple s’il n’était pas accompagné de petites subtilités bienvenues. Tout d’abord, le dash. Utilisable dans les 4 directions, cela permet au joueur de faire une brève poussée dans la direction voulue afin de s’échapper rapidement ou de sauter plus haut. Mais lorsque vous maîtrisez bien votre timing, le dash est aussi utilisable contre la flèche de l’adversaire. Lorsque vous l’utilisez au bon moment sur la flèche ennemie arrivant droit sur vous (le timing est très serré), vous récupérez la flèche adverse et pouvez la retournez contre lui. Autant dire que la maîtrise du skill est grandement recommandé et permettra de jolis retournements de situations.

Mais comme les Smash Bros, le jeu regorge de bonus en tout genre. Tout d’abord, les types de flèches. En plus des classiques, le jeu propose différents effets comme les flèches explosives, les flèches qui traversent le décor, les flèches qui rebondissent ou encore les flèches qui vont apparaître une zone de ronces dangereuses. Imaginez un match avec cinq flèches qui rebondissent dans tous les sens et vous pourrez vous rendre compte du délire total que vous offre certaines parties. On aura aussi pêle-mêle des boucliers pour se protéger d’un tir, d’ailes permettant de voler dans le niveau, de bonus changeant la configuration du niveau (ralenti, plongée dans l’obscurité, lave qui apparaît aux abords du terrain, décor qui bouge) ou encore des coffres piégés qui explosent lorsqu’elles s’ouvrent.

Toutes ces parties sont paramétrables à l’envie et on peut même enregistrer les configurations pour les réutiliser plus tard, lorsque vos copains reviennent avec des bières fraîches et des pizzas chaudes. On peut changer le nombre de flèches de départ ou les mettre à l’infini, bloquer la direction de tir à huit directions ou laisser un 360° libre, commencer avec n’importe quel type de flèches, des ailes ou un bouclier ou gérer le nombre d’apparition de coffres. C’est paramétrable à l’envie et les parties n’en deviennent que plus jouissives. Comble du comble, la dernière action de la partie fait l’objet d’un ralenti et peut même être enregistré en gif animé, histoire de l’envoyer par mail le lundi matin à votre collègue afin de prolonger sa honte pour le reste de la semaine.

Le jeu possède une petite partie aventure, pas très intéressante, puisque ça consiste, seul ou à deux, d’enchaîner des vagues d’ennemis à travers les niveaux et de réussir à tous les battre sans griller toutes ses vies. Le jeu concentre tout son fun dans son multi. Le multi en ligne n’existe pas, mais j’ai du mal à imaginer un tel jeu avec chaque joueur devant son PC. La force de Towerfall est de proposer une expérience multi tout ensemble sur son canap’ à vanner les autres sur sa performance ou sa capacité à se tuer tout seul. Chacun a sa stratégie, chacun a la possibilité d’utiliser sa propre tactique: certains tireront toutes leurs flèches en salves très denses mais courtes, à la bourrin, d’autres se planqueront histoire que les autres s’entretuent afin d’achever le survivant (les plus fourbes), tandis que les meilleurs prendront leur pied à tirer à travers la petite ouverture afin de planter littéralement son (ancien) meilleur pote dans le mur d’en face. Si vous cherchez un vrai jeu multi, maniable et réussi, que vous adorez humilier les autres ou que vous faites preuve d’une mauvaise foi en béton armé en prétextant que la manette 360 est une manette de merde, jetez-vous dessus !