Série Séries 2013 : La télé turque, ce carton inattendu

Série Séries 2013 : La télé turque, ce carton inattendu

The End, une série turque qui a connu un très gros succès en Suède… après remontage.

Il y a des questions qu’en tant que lecteur, vous ne vous êtes sans doute jamais posé. Par exemple : « Comment font les productions télé turques pour être des poids lourds de l’exportation ? ». Rassurez-vous : avant d’aller à Série Séries, on ne se la posait pas non plus. Mais on a tout de même la réponse.

C’était quoi, ce rendez-vous ?

« La Turquie, nouvel eldorado des séries télé ? » est une rencontre qui était proposée vendredi 5 juillet au théâtre l’Hermitage. Animée par Fanny Aubert Mallaurie, attachée audiovisuel régional auprès de l’ambassade de France de Turquie, elle était organisée en présence notamment de Can Okan, diffuseur turc chez Inter Medya Ltd, et de Fredrik af Malmborg, directeur général d’Eccho Rights, distributeur installé en… Suède.

Les raisons du succès

Il arrive après une grosse décennie de travail. Si la fiction turque a dégagé plus de 100 millions de dollars de profits en 2012, c’est parce que ses auteurs se sont complètement appropriés les codes des telenovelas sud-américaines pour développer des séries où la famille est au cœur de tout.

Exemple : dans The End, une femme découvre à la suite d’un accident d’avion que son mari a une double vie. Dans 20 Minutes, un homme se retrouve confronté à l’incarcération brutale de sa femme et décide de tout faire pour qu’elle sorte.

Les scripts jouent la carte émotionnelle à fond. Si la narration est assez lente et si le 90 minutes est roi en Turquie, c’est notamment parce que les scénaristes adorent délayer les scènes très chargées. Au point de souvent tomber dans le pathos ? Apparemment oui, puisque la chaîne suédoise SVT 2 a remonté les épisodes de The End en format 30 minutes et a réduit plusieurs séquences. Ce qui n’a visiblement posé aucun problème aux producteurs de la série…

20 Dakika/20 Minutes, autre gros succès turc.

Le contexte de production est très porteur. En Turquie, six jours sur sept, sept chaînes diffusent deux dramas chaque soir, entre 8 heures et 11 heures. Une situation qui laissera sans doute songeur n’importe quel auteur ou producteur français… Cela démontre en tout cas qu’en terre turque, la soirée télé est restée un vrai rendez-vous familial.

A l’étranger, les femmes répondent présent. Si The End a particulièrement bien marché en Suède, c’est principalement parce que les thématiques abordées rencontre un bel echo auprès du public féminin. Et c’est la même chose en Grèce : alors que les rapports avec la Turquie ont toujours été compliqués, les téléspectatrices d’Athènes, Salonique et des autres villes plébiscitent ces créations.

Un contenu à forte valeur culturelle… et sous surveillance. Véritable vecteur de diffusion de la culture turque, les dramas locaux sont étroitement surveillés par le gouvernement. Si le mot « censure » n’a pas été prononcé lors du débat, on sent que les petites structures d’auteurs (en général, deux à trois scénaristes écrivent seuls des saisons qui peuvent compter 38 à 42 épisodes) ont un vrai rôle à jouer dans la diffusion d’une image de la société locale. Et que les autorités gardent un oeil attentif sur ce qu’ils font.

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