
Un duo que tout oppose (Hap and Leonard saison 1 / Sundance Channel)
À une époque où la conversion du film vers la série devient un sport de plus en plus pratiqué (et la prochaine rentrée n’y coupera pas), il est assez déroutant de se dire que finalement, cette série ferait plutôt un bon film. Mais si on peut s’interroger sur la nécessité d’étaler ce récit, Sundance propose néanmoins, une nouvelle fois (après Rectify et The Red Road), des personnages particulièrement attachants. Hap and Leonard forment un duo aussi improbable que fascinant qui demande à être revu.
Quelque part dans l’est du Texas à la fin des années 80, la petite ville (fictionnelle) de LaBorde accueille Hap Collins et Leonard Pine. Les deux complices sont passablement fauchés et travaillent pour un maigre salaire dans les champs de roses. Alors quand Trudy, l’ex-femme de Hap, leur propose de partir à la recherche d’un pactole oublié dans une forêt qu’il connaît bien, le duo n’hésite pas bien longtemps à se transformer en chasseurs de trésor, sans se douter que tout cela va rapidement se compliquer…
Hap et Leonard ont d’abord existé sur le papier. Ils sont la création du romancier Joe R. Lansdale, auteur d’une quarantaine de livres, de nouvelles, de romans graphiques et même de comics. Son duo fétiche sévit dans une dizaine de ses romans et quelques nouvelles dans le plus pur style du polar noir sudiste.
La série est adaptée par un duo également : Jim Mickle et Nick Damici. Après s’être rencontrés lors d’études cinématographiques, les compères se font remarquer en signant des long métrages d’horreur avant d’adapter une première fois Lansdale (Cold in July en 2014). Ce dernier, présenté cette année-là au Festival de Sundance justement, était finalement un beau tremplin avant Hap and Leonard pour le compte de SundanceTV. Ils démontrent ici combien l’œuvre de Lansdale leur est chère et ce, alors qu’ils partagent incontestablement un univers commun, l’auteur ayant lui aussi louvoyé sur le genre de l’horreur.
Changement d’univers avec cette série. Damici et Mickle embrassent sans réserve le genre du roman noir, avec son humour cynique agrémenté de délicieuses embardées pulp. D’ailleurs, le trait est si fort qu’elle en acquiert un caractère d’intemporalité. Pourtant, la reconstitution d’un milieu très modeste de cette partie pas franchement folichonne du Texas est intrigante et subtilement mise en scène.

Christina Hendricks
Du reste, ce cadre offre un terrain de jeu propice pour une poignée de personnages abîmés et plus tout à fait dans leur première jeunesse (Hap & Leonard ont la quarantaine). Le duo d’acteurs trouve le ton parfait avec un éventail plus nuancé de ce à quoi on pouvait s’attendre de la part d’une série de genre.
James Purefoy (Hap) démontre qu’il est bien plus à l’aise dans le rôle du bon que dans celui du mauvais – dans tous les sens du terme – qu’il interprétait pour le compte de The Following. À ses côtés, Michael K. Williams (The Wire, Boardwalk Empire) est quant à lui fidèle à sa classe habituelle, et va chercher – pour Leonard – une délicatesse assez rare. Enfin, c’est un vrai plaisir de retrouver Christina Hendricks (Mad Men) avec un personnage qui lui offre progressivement de belles latitudes pour faire passer de nombreuses émotions.
Elle reste toutefois nettement en retrait d’un duo de protagonistes masculins assez remarquable. La dynamique d’une amitié entre deux personnes que tout oppose n’est pas une invention de Lansdale, mais il en propose une belle déclinaison. Hap est blanc, Leonard est noir. L’un est hétéro, l’autre est gay. Durant le Vietnam, le premier fût emprisonné en tant qu’objecteur de conscience alors que le second servit dans la jungle. Hap cherche toujours la voix diplomatique alors que Leonard est plutôt conservateur, adepte des armes et de la manière forte.
Malgré tout cela, ces deux-là sont inséparables. Et si les événements se chargent de les rapprocher, leur seule relation et sa teneur implicite permanente, élève la série dans son ensemble.
Car, en définitive, cette saison 1 – la commande d’une saison 2 serait imminente – d’Hap and Leonard n’étonnera personne. Le récit se contente d’élaborer mollement une suite de rebondissements assez attendus. Mais comme Williams et Purefoy cabotinent joyeusement, le téléspectateur conquis ne peut que se prendre à rêver de les revoir dans une nouvelle aventure !
HAP AND LEONARD SAISON 1 en 6 épisodes
Diffusée sur Sundance Channel (FR) à partir du 2 juin.
Développée par : Jim Mickle et Nick Damici.
D’après l’œuvre de : Joe R. Lansdale.
La saison est basée sur Savage Season
(Les Mécanos de Vénus en VF chez Folio policier).
Scénaristes : Nick Damici, Jim Mickle et E. L. Katz.
Réalisée par : Jim Mickle et Nick Gomez.
Photographie de : Ryan Samul.
Avec : Christina Hendricks, Michael Kenneth Williams, James Purefoy, Jimmi Simpson, Bill Sage, Pollyanna McIntosh et Neil Sandilands.
Musique originale de : Jeff Grace.
Visuels : Hap and Leonard © Sundance Channel.
Un premier épisode fort avec un Michael Kenneth Williams excellent, une représentation de l’homme homosexuel qui change des stéréotypes et un James Purefoy bonhomme et sobre dans le jeu qui le complète parfaitement.
Ce premier épisode est un mélange de buddy movie des années 80/90 réjouissant avec un Texas en décor de fond qui fait penser à la Louisianne. Et puis des morceaux de Tarantino viennent se mélanger au tout surtout à la fin qui donnent envie (furieusement) de voir le second épisode. Bon, le problème c’est que Christina Hendricks ne sert à rien à part à mettre du nichon au kilos dans certains plans et que son personnage est mal écrit, stéréotypé au gros marqueur et que ça fout en l’air tout l’effort d’écriture du reste par ailleurs.
Le problème c’est que dés le second épisode on tombe dans la paresse scénaristique et la mise en scène télévisuelle digne d’une série des années 80 et qu’on se dit : merde…
Pour moi c’est une déception totale.
Si ça fait penser à la Louisiane, c’est normal : le tournage a eu lieu à Baton Rouge et ses environs ;o)
Je ne peux qu’acquiescer pour les faiblesses du récit… mais les personnages de Hendricks et Williams prennent toute leur ampleur en seconde partie de saison. Suffisamment, peut être, pour vous encourager à insister !