Un verdict positif pour Le Juge (critique)

Un verdict positif pour Le Juge (critique)

Note de l'auteur

The Judge 0Pour son cinquième long métrage David Dobkin, un habitué des comédies un peu pouet-pouet (Shangaï Kid 2, Serial Noceurs, Échange Standard), s’essaie au fameux genre du film à procès.
Dit comme ça, ça peut faire très peur, mais détrompez-vous le résultat pourrait bien être plus que satisfaisant…

Synopsis

Hank Palmer (Robert Downey Jr) est un brillant avocat, qui a apparemment tendance à ne défendre que les coupables, il le dit lui même « Innoncent people can’t afford me ». À part son job, c’est un peu la pagaille dans sa vie, un divorce à l’horizon, au milieu de celui-ci une petite fille (adorable, soulignons-le) et puis cerise sur le gâteau, le décès de sa mère. Hank se retrouve donc obligé de retourner chez lui, dans une petite ville de l’Indiana, qu’il a l’air de détester bien cordialement. Il y retrouve ses frères et son père, le juge Joseph Palmer (Robert Duvall), avec qui les rapports semblent plutôt tendus du slip. Ce dernier se retrouve accusé de meurtre, qui donc de plus qualifié que le fiston pour prendre sa défense ?

Commençons par dire les choses clairement : les américains sont les spécialistes de ce type de film. Procès passionnants, plaidoyers enflammés, le tribunal est un lieu d’émotions qui les inspire. La force du Juge, ici, est de ne pas se cantonner au simple genre procédural, c’est davantage un drame familial qui prend place dans le monde de la justice. Comment gérer ses « dad issues » ? Vivre avec son passé ? L’accepter ? Pardonner ? Voilà quelques uns des thèmes abordés par le scénario. Il est aussi question de justice, d’honnêteté, mais ça ne vient qu’en second plan. La priorité ici est de parler d’une famille, de ses cicatrices, de l’héritage que l’on laisse et que l’on reçoit.

The Judge 3

Le Juge est un film classique et efficace grâce à des qualités d’écriture, de jeu et de réalisation. Bien construit, il est truffé de personnages extrêmement bien caractérisés sans pour autant tomber dans une banale caricature. Tout n’est pas blanc, ni noir, les individus vivent, ils ont un passé, des plaies (refermées ou encore ouvertes). Ils sont attachants sans pour autant tomber dans un pathos larmoyant. Mais l’aspect le plus remarquable de l’écriture du Juge est, sans aucun doute, la qualité de ses dialogues : répliques acerbes, sarcasmes, émotions, humour, tout est là. Ce sont ces derniers qui permettent, d’ailleurs, de ne (presque) jamais tomber dans une dramatisation ridicule. Le constant second degré des personnages désamorce tout risque de nianiantisme et désacralise des thèmes comme la maladie ou la mort.

The Judge 4La seconde grande force de ce film, c’est le jeu de ses acteurs. Le casting est en or : deux Robert pour le prix d’un (Downey Jr. et Duvall), Billy Bob Thornton, Vincent D’Onofrio, Jeremy Strong, Vera Farmiga et un Dax Sheppard que l’on ne voit que trop peu souvent au cinéma. Du coup tout ça donne lieu à bien joli feu d’artifices de performances d’acteurs, tous plus justes les uns que les autres. Cela faisait quelques années que nous n’avions pas vu ce très cher Robert Downey Jr dans un « drame ». Enfin libéré de ses costumes Sherlockiens et Avengeriens, Robert DJ a l’air de respirer et nous touche par sa sobriété de jeu. Duvall est, comme d’habitude, irréprochable (83 ans quand même le gaillard hein ! Entre lui, Gene Hackman et Clint Eastwood il doit y avoir un élixir magique qui tourne à Hollywood…).

Enfin, la musique du Juge est un petit bijou. Thomas Newman signe ici un B.O. émouvante comme il sait si bien le faire et l’on peut être sûr que les amateurs de la musique d’American Beauty ne seront pas déçus.

The Judge 2

En résumé, Le Juge ne révolutionne pas le cinéma mais convainc par sa justesse, son casting et ses dialogues. David Dobkin fait preuve d’une jolie réalisation (beaux paysages, composition de plans intéressante) et remplit son contrat à la perfection. Son drame familial est touchant, bien rythmé (on ne voit pas passer les 2h21) et tout simplement fonctionne. On y rit, on y pleure, on y ressent et finalement c’est tout ce que l’on peut demander à un bon film.

En bonus une petite liste non-exhaustive des meilleurs films à procès :
Douze hommes en colère, de Sydney Lumet
La Défense Lincoln, de Brad Furman
Les Accusés, de Jonathan Kaplan
Philadelphia, de Jonathan Demme
Jugé Coupable, de Clint Eastwood
Erin Brockovitch, seule contre tous, de Steven Soderbergh
La Faille, de Gregory Hoblit
La vie de David Gale, d’Alan Parker
Juste Cause, d’Arne Glimcher

Le Juge, réalisé par David Dobkin, avec Robert Downey Jr., Robert Duvall, Vera Farmiga, Vincent d’Onofrio, Dax Sheppard, Billy Bob Thornton, Jeremy Strong, … (02h21) sortie le 22/10/2014.

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