Un Village Français saison 6 : la guerre n’est pas finie…

Un Village Français saison 6 : la guerre n’est pas finie…

Note de l'auteur
© Laurent DENIS / FTV

© Laurent DENIS / FTV

Frédéric Krivine, créateur et principal scénariste de la formidable série de France 3, nous avait prévenu l’année dernière : « 1944, ça devrait être sûrement la sauvagerie ». Et la sauvagerie, on la prend de plein fouet avec ce début de saison 6.

L’action prend place en août 1944, soit plus de 10 mois, après la fin de la saison 5. La donne a changé, les résistants ont la main désormais, De Gaulle l’a annoncé « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré !« … très vite, ça devrait être au tour de la France. Les Allemands organisent leur départ, les résistants rêvent de la suite, les collabos s’inquiètent et à Villeneuve, les habitants commencent à vouloir retrouver un semblant de normalité.

C’est dans cette situation complexe et délicate, que tout le talent des créateurs et scénaristes se dessine. Jusqu’alors on suivait les trajectoires de chaque personnage pris dans la contrainte de la guerre, libérés de cette contrainte, libérés de la guerre, on découvre la nature profonde de chacun. Suzanne (Constance Dollé) devient franchement agaçante alors que Marchetti (Nicolas Gob) dans sa droiture et sa fragilité devient presque touchant. Même le sous-préfet devient respectable dans son envie de passer le relai administratif. La guerre avait révélé les piliers moraux des habitants de Villeneuve, la libération révèle leurs tripes.

Dès les premières scènes de l’épisode 1, on est plongé dans les enjeux de la saison : dans l’explosion des normes, où trouver la ligne de conduite à suivre. Dans un premier temps, c’est dans le sang et la colère. Plus personne n’est à l’abri, la tension est à son comble pour le spectateur. Les héros des saisons précédentes sont à l’égal des autres, ils doivent sauver leur peau et ceux de leurs proches.

© Laurent DENIS / FTV

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L’ellipse de plusieurs mois a le mérite de nous plonger dans l’intensité de la libération. Elle nous laisse cependant avec des questionnements par rapport aux saisons précédentes. Antoine (Martin Loizillon) avait alors abandonné deux de ses camarades dans le maquis après le défilé dans Villeneuve, on le retrouve affublé du titre de « héros » sans auto-critique de sa part ou de retour sur l’événement. La structure thématique de Frédéric Krivine a tendance parfois à entraver la linéarité du récit entre les saisons. Mais ce qu’elle perd en linéarité, ce début de saison le gagne en intensité mais il n’y a pas de place pour les retour en arrière. La libération de Villeneuve est la ligne d’arrivée, et la libération de Paris n’en est que le point de départ.

Une avant-dernière saison c’est aussi le temps des retrouvailles. Des personnages des saisons 2, 3 ou 4 refont leur apparition pendant que d’autres font leurs adieux. La fin de la guerre sonne le glas de la fuite pour certains habitants, c’est le temps des retours, mais surtout le temps des décisions parfois malheureuses.

France 3 a fait le choix de scinder cette saison 6 en deux fenêtres de programmation de 6 épisodes chacune. On comprend pourquoi. En avançant dans la saison, je me suis surprise à arriver à bout de souffle à la fin des épisodes, car c’est une course à laquelle on assiste sous nos yeux, et le diffuseur a bien compris comment tirer avantage de ce rythme haletant.

Il est encore trop tôt pour dire si la saison 6 dans son ensemble sera à la hauteur de ce début. Au fil des saisons, la série a réussi à se consolider et à impliquer davantage les spectateurs dans la trajectoire de ses personnages (quiconque a suivi la réaction des internautes pendant les deux derniers épisodes de la saison dernière sera d’accord avec ça). Avec ce début de saison 6, elle marque une nouvelle étape, elle réussit à faire vivre le téléspectateur au même rythme que l’Histoire. Un tour de force qui, je l’espère, se confirmera avec la suite de la saison qui débarquera en 2015.

La saison 6 d’Un Village Français est diffusée sur France 3 à partir du 18 novembre à 20h55

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