
Paramount édite en Blu-ray de nouveaux classiques
Le studio américain, qui a fêté l’an passé son centième anniversaire, sort ce 11 septembre une nouvelle fournée de classiques en Blu-ray. Cette fois, la montagne sacrée accouche de onze titres* de son catalogue à prix d’ami où se côtoient films de prestige et titres plus dispensables. Nous avons eu la chance d’en récupérer deux (American Gigolo et L’homme des vallées perdues) que l’on passe au banc d’essai.
* Liste des films disponibles à partir du 11 septembre :
– L’homme des vallées perdues (1953) de George Stevens avec Alan Ladd.
– Guerre et paix (1956) de King Vidor avec Audrey Hepburn et Henry Fonda.
– Hatari ! d’Howard Hawks (1962) avec John Wayne.
– El Dorado d’Howard Hawks (1966) avec John Wayne et Robert Mitchum.
– Harold et Maude (1971) d’Hal Ashby avec Ruth Gordon et Bud Cort.
– American Gigolo de Paul Schrader (1980) avec Richard Gere.
– Le coffret « Y a-t-il un flic ? La trilogie » avec Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? (1988) et Y a-t-il un flic pour sauver le président ? (1991) de David Zucker, Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? (1994) de Peter Segal. Avec Leslie Nielsen.
– Programmé pour tuer (1995) de Brett Leonard avec Denzel Washington et Russell Crowe.
– Le collectionneur (1997) de Gary Fleder avec Morgan Freeman et Ashley Judd.
TESTS BLU-RAY :
AMERICAN GIGOLO
LE FILM (3,5/5) :
Julian (Richard Gere) est beau, cultivé et élégant. Amateur d’art, il parle couramment six langues, roule en Mercedes-Benz et séduit en costumes Armani les femmes fortunées de Beverly Hills. C’est le gendre idéal. À un détail près : son amour est tarifé. Lorsqu’il tombe sous le charme de l’épouse d’un sénateur (l’ex-mannequin vedette Lauren Hutton), on lui colle un meurtre sur le dos commis à Palm Springs…
Prévu au départ pour John Travolta, ce rôle de prostitué mâle à la démarche féline fit de Richard Gere une star et un sex-symbol, à 31 ans. Marqué par l’esthétique des années 1980 (la lumière bleutée de John Bailey, qui filtre à travers les stores vénitiens), ce thriller érotico chic de Paul Schrader est en réalité une fable morale sur la rédemption et le rachat par l’amour. Une œuvre qui dénonce le pouvoir corrupteur de l’argent et un monde en apparence respectable, mais superficiel et rongé par le vice – celui de la riche bourgeoisie de Los Angeles. Remarquablement écrite et interprétée, cette troisième production Jerry Bruckheimer tient plutôt bien la route. Elle est aussi célèbre pour Call Me, le fameux tube du groupe de rock new-yorkais Blondie (dans lequel la chanteuse Deborah Harry susurre en français le très sexy : « Ooh, appelle-moi, mon chéri. Appelle-moi. »). Un thème musical que Giorgio Moroder décline à toutes les sauces au cours du film, dans des versions instrumentales.
IMAGES (2,5/5) :
Après un générique plutôt sale et abîmé, l’image s’améliore. Et en dehors de quelques points blancs furtifs et d’un bruit vidéo assez gênant sur certains à-plat (notamment des plans du ciel au grain manifeste), la copie 16/9 au format 1.78:1 (1.85:1 en salles) s’avère globalement correcte. Un transfert pas désagréable donc, mais pas renversant non plus. À l’image de nombreux films des années 1980 sortis en Blu-ray.
SON (3/5) :
Là, c’est nettement plus satisfaisant. Remixé en 5.1 DTS-HD Master Audio pour la version anglaise (alors que la version française se contente d’un simple mono), le long métrage profite de cet élargissement sonore sur la bande originale de Giorgio Moroder et surtout sur le hit de Blondie, Call Me, qui explose sur les enceintes lors du générique, avec une belle ampleur omnidirectionnelle. Le mixage reste sinon bien sage, privilégiant les dialogues sur la voie centrale.
BONUS (0/5) :
Nada. Pas même une bande annonce. On se consolera en apprenant que le film débarque en exclusivité en Europe alors qu’aucune date de sortie n’est encore prévue pour les États-Unis en Blu-ray.
Film de Paul Schrader (USA, 1980). 1h57. Avec Richard Gere, Lauren Hutton, Hector Elizondo, Bill Duke, Nina Van Pallandt. 14,99 €.
L’HOMME DES VALLÉES PERDUES (SHANE)
LE FILM (3,9/5) :
Été 1889. Shane (Alan Ladd), un cow-boy solitaire au passé mystérieux, arrive dans une paisible vallée du Wyoming où il est accueilli par une famille de fermiers (Van Heflin et Jean Arthur). Leur fils de 10 ans Joey (Brandon de Wilde) est subjugué et fasciné par cet homme très habile au pistolet qu’il vénère comme un héros. Très vite, cet aventurier sans attaches vient en aide aux paysans menacés d’expulsion par un propriétaire terrien sans scrupule. Pour se débarrasser d’eux, ce dernier engage un tueur à gages maléfique, Wilson (Jack Palance, dans l’un de ses tout premiers rôles, crédité au générique sous le nom de Walter Jack Palance). Un duel s’engage…
Signé George Stevens, le réalisateur de Gunga Din, Une place au soleil et Géant, ce western hiératique et archétypal convoque toutes les figures familières du genre (le héros solitaire venu de « nulle part » pour sauver la veuve et l’orphelin). Shane est en effet un film séminal et matriciel, d’une pureté incroyable et d’un classicisme absolu. Iconique à souhait, Alan Ladd incarne le héros blond, vêtu d’un costume en peau de daim (alors que l’acteur au visage d’ange était surtout connu pour ses polars en noir et blanc comme Tueur à gages et La clé de verre dans lesquels il avait pour partenaire Veronica Lake). Face à lui, Jack Palance, noueux, filiforme, tout de noir vêtu, est fabuleux en tueur terrifiant, faisant cliqueter ses éperons. Le dessinateur de BD Morris s’est d’ailleurs inspiré de sa silhouette pour le personnage du vilain Phil Defer dans Lucky Luke. Ce long métrage inspirera d’ailleurs bon nombre de classiques (comme Pale Rider de Clint Eastwood, qui recopie ouvertement le schéma de Shane). Tourné à Jackson Hole, dans le Wyoming, ce quasi chef-d’œuvre est aussi inoubliable pour son final. Le héros mythique disparaît dans la nuit tandis que le petit Joey lui court après en hurlant : « Shane ! Reviens, Shane ! ». L’écho de sa voix résonne au loin dans les montagnes alors que l’aube se lève. Trop chou.
IMAGES (4,8/5) :
Tourné en Technicolor trichrome au format carré 1.37:1 (présenté ici en 1.38:1), ce western a été magnifiquement scanné en résolution 1080p et encodé en MPEG-4 AVC (29.69 Mbps), sans la moindre trace de compression. Le résultat de cette restauration est tout bonnement extraordinaire. Les couleurs explosent, mettant en valeur les paysages des montagnes Rocheuses et la photo oscarisée de Loyal Griggs (le chef opérateur des Dix commandements), qui offre un niveau de détails ahurissant. Saluons aussi la densité et la texture des noirs, d’une belle profondeur. Carrément bluffant pour un film qui vient de fêter son soixantième anniversaire.
SON (3,8/5) :
Si la VF propose le film dans sa version mono d’origine, la VO a été remixée en stéréo Dolby TrueHD. Ce qui profite à la bande originale de Victor Young. À noter que les dialogues du film se découpent clairement et les effets sonores (en particulier ceux des coups de feu) bénéficient d’une belle dynamique. Un bon mixage donc, discret, naturel et surtout, sans esbroufe… L’import américain sorti le 13 août dernier est proposé, lui, en DTS-HD Master Audio 2.0 (48kHz, 24-bit).
BONUS (0/5) :
L’absence cruelle de bonus se fait vraiment ressentir dans cette édition. Le Blu-ray « region free » distribué récemment par Warner aux États-Unis proposait au moins une bande annonce et un commentaire audio de George Stevens Jr., le fils du réalisateur, et du producteur associé Ivan Moffat.
Film de George Stevens (USA, 1953). 1h58. Avec Alan Ladd, Jean Arthur, Van Heflin, Jack Palance, Ben Johnson, Elisha Cook Jr., Brandon de Wilde. 14,99 €.
Un grand merci à Ariane Danezis et Dieynaba Kébé de chez FHCOM.