Véridienne : un royaume et deux princesses (T.1)

Véridienne : un royaume et deux princesses (T.1)

Note de l'auteur

Bienvenue dans le royaume du Demi-Loup. Un univers médiéval, frontalier à un empire bagarreur, et qui préfère envoyer un enfant à la tête des armées.

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crédit : Les moutons électriques

L’histoire : Véridienne est divisé en deux. D’un côté, la Princesse des Eponas s’appelle Calvina. De l’autre, à Véridienne, voilà Malvane. Sont attachées à leurs pas, de la naissance à leur mort, des suivantes. Plus proches que des sœurs, elles témoignent de la vie de leur princesse et de la politique du royaume. Elles auraient dû être deux, elles sont trois.

Mon avis : L’ouvrage est un récit, certes, mais décomposé en points de vues et journaux. Ceux des suivantes, celle de Calvina, Lufthilde, et de Malvane, Nersès et Cathelle, et du journal intime du prince Aldomor. En tant que tel, c’est donc un récit éclaté, mais linéaire, que nous propose Chloé Chevalier. Un récit qui présente, dans ce premier tome, le passage de l’enfance à l’âge adulte des princesses et de leurs suivantes, leurs amitiés, le royaume qui se délite autour d’elles, leurs colères et leurs amours. Nous sommes plus dans une introduction, une mise en place des pièces de l’échiquier de Véridienne. Le tome 2 est attendu avec impatience, maintenant que chacun des personnages a grandi, que sa personnalité a été définie, et que nous avons enfin le contexte de leurs relations. Nous sommes plus proches des Neufs princes d’Ambre que de Games of Thrones dans cette mise en place lente d’une histoire dans laquelle nos héroïnes ne se rendent pas du tout compte du monde qui les entoure et des enjeux de leur existence.

Crédit : C. Chevalier

Crédit : C. Chevalier

Alors si le récit est intrigant, si les filles et les femmes sont parfois légèrement exaspérantes – mais bon, il s’agit d’adolescentes après tout -, nous pouvons regretter que les récits s’entrecoupent sans jamais se confronter, ou donner un point de vue réellement différent, comme cela pourrait être possible dans de véritables journaux. Après tout, autant de points de vue pourraient donner autant d’histoires. De plus, si le rythme est relativement lent au milieu du livre, avec la mise en place mesurée des différents protagonistes, il s’accélèrent d’un coup vers la fin, redonnant du souffle à l’histoire, mais nous laissant quelque peu sur notre faim une fois l’ouvrage terminé. Le reste de l’histoire est donc assez prometteur et l’auteure est très respectueuse de ses personnages. Même s’ils agissent parfois inconsidérément, il s’agit avant tout de femmes et d’hommes très jeunes, face à une histoire et à des événements auxquels ils ne peuvent rien. Ils sont humains. Véridienne parvient donc à entrer dans ma liste : romans à suivre.

Autour du livre : Chloé Chevalier est scénariste et revendique comme influence Robin Hobb. D’où peut-être la volonté de raconter l’histoire d’une royauté par les yeux d’enfants qui grandissent. Et jouent leur rôle.

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Crédit : Les Moutons électriques.

Si vous aimez : Sansa Stark. Si elle n’avait pas connu Joffrey.

Extrait : « Calvina acquiesça mais, pour ma part, je trouvai que son explication sonnait faux. Ne serait-ce que parce que cet homme sorti de nulle part savait lire, un talent des plus rares dans le Demi-Loup, qui ne pouvait donc qu’alerter l’attention. Toutefois, je n’en apprendrais jamais davantage.
Murr voulut jeter un œil à son moignon, qui saignait abondamment, et Calvina détourna les yeux de dégoût. Pour ma part, je le regardai, aussi fascinée de cette chair que j’avais tranchée qu’incapable de bouger. Sans se douter que je l’observai, Murr retroussa un peu sa manche, aussi empoissée de sang que l’était son bras. Pourtant, sous les coulées écarlates, le temps d’une respiration, je crus discerner une forme noire sur sa peau. Le chat-qui-chasse ? Impossible à déterminer. La vision fut beaucoup trop brève, et j’étais trop souffrante pour être certaine de mes perceptions. Murr se releva et son bras s’en trouva retiré de mon champ de vision. »

Sortie : 21 août, éditions Les Moutons électriques, 376 pages, 19,90 euros.

 

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