On a lu… Vin, Gloire et Bonté d’Isabelle Bunisset et Giuseppe Liotti
L’histoire : Annabelle est le prototype de la parisienne haut de gamme. Louboutins, appartement gigantesque, elle avale des Lexomils comme des Pez et doit supporter deux enfants et un divorce. Elle est aussi journaliste et son patron… est aussi son père. Et il l’envoie pour trois mois, écrire un dossier de 50 pages sur le vignoble bordelais. Auquel Annabelle ne connaît strictement rien. Ca promet !
Mon avis : Alors, pour ceux qui s’attendent à une critique ou la découverte du vin, du processus, du travail de la vigne, un peu comme Les ignorants d’Étienne Davodeau passe leur chemin. Ici, nous sommes dans la satire pure et dure. Non seulement de la bourgeoisie parisienne, mais aussi de la bourgeoisie bordelaise, et du milieu qui tourne autour des bouteilles, une fois le vin fini.
Alors, c’est méchant et grinçant. C’est cruel, contre les journalistes, qui profitent du système pour boire des vins et s’inviter dans des châteaux ou contre les propriétaires qui ne savent même plus ce qu’il y a dans leurs caves. Contre un système élitiste aussi bien parisien que bordelais. Mais c’est fait avec légèreté, et amitié. Annabelle est une romantique, Vin, gloire et bonté lorgnant alors parfois du côté d’un Harlequin. Seule femme dans un milieu d’hommes auquel elle ne comprend pas, elle se bat à coup de talons aiguilles et pantalons moulants. Nous n’échapperont pas à la mythique scène où elle prend sa douche, bien entendu.
Peut-être pour profiter pleinement de cette BD, il serait bien de connaître un peu le commerce du vin. Car on se perds parfois entre les négociants, les courtiers, les journalistes et les acheteurs. Du second degré, où tout le monde en prends sévèrement pour son grade. Après, est-ce vraiment ce qui se passe dans ce milieu ? Et si les vignobles attaqués avaient été ceux de Bourgogne, la BD aurait-elle était la même ?
Si vous aimez : l’humour un peu lourd, la satire et le dessin en nuancé de gris. Le milieu du vin en option.
En accompagnement : Un verre de vin rouge, du Bordeaux, pour pousser le bouchon un peu plus loin.
Autour de la BD : L’auteure, Isabelle Bunisset parle d’un milieu qu’elle connaît bien, étant chroniqueuse viticole au Figaro Magazine.
Extrait : « – J’ai beaucoup de choses à vous apprendre ! La première des choses : Se garder de dire la vérité, chose extravagante dans le milieu… Les propriétaires, et plus généralement les bordelais, parlent trois langues : le français, bien sûr; l’anglais, de temps en temps, et le sous entendu en permanence…
– En somme, ils ne sauraient complexer les journalistes. »
Sortie : le 3 juin, éditions Glénat, 133 pages, 20×26,5 cm, 19,50 euros.
