
Virus (T.1 Incubation) de Sylvain Ricard et Rica
Dans une croisière de teufeurs, sexe, drogues et rock and roll gouvernent la vie d’un paquebot au large des côtes méditerranéennes. Sauf qu’au sein des passagers, David est porteur d’un terrible virus. Imaginez la suite mais elle n’a rien de très rigolo pour ce futur cercueil des mers. Quelle stratégie doivent adopter les autorités face à ce cas d’école ? Comment vont réagir les croisiéristes qui vont bien finir par se douter de quelque-chose ? Réponse dans les deux prochains épisodes de ce triptyque aussi flippant qu’entraînant.
L’histoire : La croisière a l’air de bien s’amuser en Méditerranée mais ça risque de ne pas trop durer. La faute à un virus hybride et terriblement mortel que véhicule un raveur, jeune scientifique échappé de son laboratoire où a été créé cet agent du mal. Pour l’instant, les autorités n’ont pas encore consenti à couler purement et simplement le paquebot géant avant qu’il n’arrive à quai. Mais pourront-elles se permettre longtemps le luxe de laisser une telle pandémie se propager sur les continents ?
Mon avis : c’est bien senti et bien trouvé d’envisager l’émergence d’un virus hautement pathogène et mortel dans le huis clos d’un géant des mers, en l’espèce le « Babylon of the seas ». Cela permet d’installer l’histoire en se donnant du temps pour laisser ouvertes pas mal de portes. Le même scénario sur le continent et tout irait très vite. Là, il y a une espèce de langueur non monotone pour lancer ce premier acte. En effet, quoi de mieux qu’une croisière de musique électronique où beaucoup vont picoler, se doper et baiser pendant trois jours pour envisager une transmission plus que rapide du virus ? Tout est réuni pour que la catastrophe survienne ce qui promet un sacré suspense pour les deux tomes suivants.
C’est également une problématique de saison que ces laboratoires plus ou moins secrets qui recherchent et créent des agents destructeurs censés anéantir toute une population. Voire l’humanité. Pour le compte d’une nation ou de bandits notoires. De phénomènes naturels, les virus sont devenus des armes biologiques de destruction massive tant que cela ne se retourne pas contre vous. Un dossier de 25 pages explicatives conclut cet album. De façon didactique, on comprend mieux les différentes mutations.
Les personnages apportent aussi de la profondeur à l’histoire. Notamment David, dégaine d’ado attardé dont on pressent une sacrée intelligence qui n’a d’égal que son incapacité à vivre en société. Ou Charlotte un peu Nurse Jackie sur les bords qui ne va pas tarder à connaître l’enfer sur le bateau. Ou bien encore le capitaine Carrera, qui n’a rien à envier dans sa superbe à Merrill Stubing. Manque plus qu’Isaac et Gopher…
Un bouquin à dévorer pour tous les amoureux d’une science de moins en moins fiction.
Si vous aimez : L’Armée des 12 singes de Terry Gilliam.
En accompagnement : The Love Boat de Charles Fox. Love, Exciting and New. Come aboard…
Autour de la BD : ancien ingénieur biologiste moléculaire dans une autre vie, Sylvain Ricard sait à peu près de quoi il parle. Depuis 2008, il ne se consacre plus qu’à l’écriture de scénarios. Avec une trentaine de BD derrière lui.
Rica a délaissé le rock pour le dessin. Dessinateur qui aime à travailler sur des œuvres collectives (Premières fois ou Tribute to Popeye).
Extraits : » Mesdames et messieurs, je vous demande toute votre attention. C’est le capitaine Carerra qui vous parle. À compter de cet instant, la mise en quarantaine du bateau est décrétée à la demande des autorités françaises. »
« Attends, mais qu’est-ce que ça veut dire ? »
« En quarantaine ? »
« Les consignes relatives à la sécurité et au respect des règles vous seront données par notre personnel dès qu’elles nous auront été communiquées. La responsabilité du respect de ces règles est du ressort des autorités de police et de gendarmerie qui délèguent leur autorité au capitaine. »
Écrit par Sylvain Ricard
Dessiné par Rica
Édité par Delcourt