Viscères : Mo Hayder en maison close

Viscères : Mo Hayder en maison close

Note de l'auteur

L’inspecteur Jack Caffery est de retour ! Dans cette aventure, qui comme à l’habitude de la romancière peut se lire comme un one-shot, il décide de se consacrer à la recherche de la vérité sur la mort de son petit frère. Mais en parallèle, une autre famille va avoir besoin de lui…

Mo Hayder.

Mo Hayder.

L’histoire : Olivier, Mathilda et leur fille Lucia n’ont jamais voulu vendre leur maison de famille. Pourtant, elle est juste à côté du lieu où il y a eu, 15 ans en arrière, un double-meurtre sordide. Une découverte qui avait pourtant traumatisé la famille. Aujourd’hui, l’histoire semble se répéter. Prisonniers dans leur propre maison, c’est non seulement contre la peur de mourir, mais aussi contre la folie, qu’il va leur falloir lutter. Pendant ce temps, l’inspecteur Jack Caffery se retrouve seul face à sa volonté de découvrir ce qui est arrivé à son petit frère, disparu dans son enfance.

Mon avis : Tout d’abord, sachez que même si l’inspecteur Jack Caffery a déjà six enquêtes à son actif, il n’est nullement besoin d’être un aficionado de la première heure pour apprécier le dernier livre de Mo Hayder. Bon, il risque de légèrement spoiler la fin de Birdman, premier ouvrage des aventures de notre inspecteur. En effet, cette fois-ci, Jack quitte la police pour enquêter plus en profondeur sur la disparition et la mort de son frère. Nous partons donc dans deux directions : l’enquête de Jack, et le huis clos se produisant à la maison des Tourelles.

Viscères est un Mo Hayder pur et dur. Tortures, violences graphiques et psychologiques, descentes aux enfers. Il faut avoir l’estomac bien accroché pour suivre cette auteure, qui avait gagné le Grand prix des lectrices de Elle pour son one-shot Tokyo en 2004. Si vous préférez des ouvrages moins glauques, ne tournez pas ces pages qui vous entraînent dans le sadisme, la face sombre de l’obsession. Le cahier des charges est ici respecté, même si elle se lance dans un ouvrage quelque peu différent de ses livres précédents : le huis clos.

1507-1En effet, Viscères propose d’admirer la lente décomposition psychique d’une famille luttant pour sa survie. Caffery, de son côté, reste seul, dans ses obsessions et son enquête. Lecteurs habituels de notre terrifiante Anglaise, n’espérez pas l’apparition de Phoebe Marley, Flea, la plongeuse de la police de Bristol. Ici, tout repose sur les épaules de Jack.

Alors, oui, c’est très bon, toujours aussi terrorisant, et Mo Hayder n’est pas avare de détails sordides. Et c’est aussi une excellente porte d’entrée si vous ne connaissez pas la romancière. Mais pour ses aficionados, c’est un brin décevant. En effet, certains thèmes, twists, ne cessent de revenir d’un ouvrage à l’autre, et même en décidant d’enfermer tout ce petit monde dans un bocal, difficile de ne pas voir un certain motif qui se répète. Qu’il s’agisse de Tokyo ou de Pig Island, certaines scènes semblent déjà-vu et on finit par s’habituer à un certain type d’horreur. Ce qui est un peu gênant quand c’est ce qui nous a attirés dans ce type de polar. La révélation finale redonne un peu d’énergie à notre inspecteur préféré, et promet par ailleurs, un autre volet de ses aventures qui s’annonce palpitant.

Bref, une aventure qui reste néanmoins très divertissante, et reste au final, une des pierres de l’histoire personnelle de Jack Caffery (mais s’il vous plaît, rendez-nous Flea, on s’y était attaché !).

Si vous aimez : L’ambiance lourde et moite des Bayous. L’odeur suave de la mort.

Autour du livre : Les aventures de Jack Caffery ne sont pas terminées, ne vous inquiétez pas. Mo Hayder a en effet déclaré à  L’Obs que son dernier ouvrage des aventures de notre enquêteur s’appellera : Le Marcheur. Rapport à un personnage récurrent dans cette série.

Extrait : « Elle se tourne vers les arbres, tend le bras, mais au même moment elle découvre qu’il n’est plus là – le monsieur qui aime les chiens.  Il est parti. Et il a dû prendre le petit chien, pasqu’il n’est pas là non plus.
– Il était vraiment gentil.
– Gentil ? dit maman. Gentil ?
Le petit chien, il s’appelle Ours.
– Le petit chien ?
– Oh, pour l’amour du ciel ! s’écrie papa en se frottant le front. Y a toujours un petit chien. Toujours un foutu petit chien.
– Brian, s’il te plaît.
– C’est le plus vieux truc du monde : J‘ai un petit chien malade, viens dans le bois, je te le montrerai. On l’emmène à la police, il faut la faire examiner.
Amy fronce les sourcils. Le monsieur n’a pas dit que le petit chien était malade, il ne lui a pas demandé de venir dans le bois pour le voir. C’est elle qui a trouvé le chien, avant de rencontrer le monsieur. »

Sortie : 14 janvier 2016, éditions Pocket, 507 pages, 7,90 euros.

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