Visions de feu : l’apocalypse selon Gillian Anderson

Dans un monde où la crise du Cachemire prend des proportions gigantesques, la fin du monde approche, et des enfants du monde entier se mettent à agoniser.

L’histoire : Caitlin O’Hara est une célèbre psychiatre pour enfants new-yorkaise. Alors quand son ami Ben, interprète à l’ONU lui demande de venir voir la fille de l’ambassadeur indien, elle n’hésite pas une seconde. Il faut dire que ce dernier est au cœur de négociations très dures sur la place du Cachemire, entre deux puissances, l’Inde et le Pakistan, prêtes à utiliser l’arme nucléaire. Or Maanik, sa fille, est en proie à d’étranges symptômes : à parler une langue qu’elle ne connaît pas, en se débattant et hurlant en silence. En Iran, un étudiant s’immole par le feu et à Haïti, une jeune fille est en train de se noyer, alors qu’elle a les deux pieds sous terre. Y a-t-il un lien entre tous ces jeunes ? Pendant ce temps-là, en Antarctique…

Mon avis : J’ai cette fâcheuse habitude de penser que, parce qu’une personne est actrice, elle ne peut pas être autre chose. Qu’un artiste est cantonné à un seul art. Surtout quand la couverture, ou le titre, ne m’attire pas plus que ça. Que j’aime avoir tord. Certes, et c’est à préciser, l’ouvrage est écrit à quatre mains. Celles de Gillian Anderson, et celles de Jeff Rovin. Et il est impossible de savoir quelle a été la répartition des rôles entre l’actrice d’X-Files et l’auteur de plus de 130 ouvrages.

Mais tout d’abord, on pourrait supposer que son rôle de Bedelia du Maurier dans Hannibal l’a marquée, pour ainsi se retrouver dans la peau d’une psychiatre (pour enfant, certes, mais tout de même). Et on peut déjà apprécier la palette de personnages féminins, à égalité voir en surnombre par rapport aux personnages masculins, avec un personnage principal professionnel, mère célibataire et qui fait front à toutes ces tâches, sans être Wonder Woman non plus. Cette multiplicité de personnages est aussi abordée de manière intelligente, avec distance, et le lecteur n’est jamais perdu.

Bedelia du Maurier. Hannibal. NBC.

Bien entendu, nous sommes dans une histoire fantastique, et si la vérité est ailleurs, il faudra aussi lutter contre un groupe étrange d’explorateurs, à la Indiana Jones, mais pas aussi sympathiques, et contre ses propres croyances. Car Caitlin est aussi quelqu’un qui a bien les pieds sur terre (Scully, es-tu là ?) tout en étant moins cartésienne que sa possible alter ego de télé. Alors, oui, nous sommes dans un récit qui gravite autour de l’univers de Gillian Anderson, tout en gardant sa propre identité, et très agréable à lire. Une bonne surprise, en somme, et nous attendons la suite avec impatience.

Autour du livre : Le tome 2 de cette saga est prévu pour le moment aux éditions Bragelonne fin avril 2016, et devrait s’intituler Rêve de Glace.

Si vous aimez : Il y a un petit côté Cliff McNish (la trilogie Le Maléfice) dans cet ouvrage, mêlé à un côté Projet Arctique (X-Files, saison 1, épisode 8), un équilibre entre littérature young adults, et adultes tout court.

Extrait : « Restée seule avec la jeune fille, Caitlin frissonna de nouveau. L’isolement et la peur qu’elle avait ressentis dans le couloir semblaient ici décuplés. On n’entendait pas le moindre bruit en provenance de la rue et il n’y avait aucun trafic aérien à proximité des Nations unies. Il n’y avait pas non plus d’air frais et aucune indication de l’heure qu’il était. Cependant, Caitlin se rendit compte qu’elle ne réagissait pas seulement en fonction de l’environnement et de l’état de Maanik. Politiquement, ce qui se passait ici allait avoir d’énormes conséquences sur de nombreuses vies.
Heureusement que tu n’en fais jamais, songea-t-elle avec ironie en repensant à sa conversation avec le directeur Qanooni.
Maanik dormait toujours. Sa respiration était superficielle et son pouls relativement lent, mais pas inquiétant. Sa peau était fraîche plutôt que froide : Caitlin demanda un thermomètre et constata que la température de la jeune fille était normale. Elle rechercha des hématomes sur son cou et palpa son cuir chevelu, à la recherche de la moindre blessure. »

Sortie : le 2 février 2016, éditions Bragelonne, 288 pages, 17,90 euros.