Le Visiteur du futur voit (vraiment) grand

Le Visiteur du futur voit (vraiment) grand

L’équipe du Visiteur du Futur au Max-Linder. Photo Delphine Rivet

Avec plus d’un million de vues enregistrées en trois mois, la saison 3 de la série créée par François Descraques confirme sa dimension de phénomène parti du web et qui va bien au-delà. Alors que l’équipe réunie autour du scénariste-réalisateur est en pleine tournée nationale pour présenter sur grand écran les dix derniers épisodes tournés (une première), on vous explique pourquoi le projet a pris encore plus de relief.

1. Une cote d’amour qui monte, qui monte…

Lorsqu’il remonte la rangée des fauteuils du cinéma, la foule crie déjà son nom. Vétu d’un costume cravate mais aussi décontracté que s’il se baladait avec un de ses t-shirts ou une de ses incontournables casquettes, François Descraques salue la foule… qui ne manque pas l’occasion d’acclamer son chouchou. Longuement.

La distribution du Visiteur du futur, avec Raphaël Descraques en tête. Photo Ankama

La scène se déroule au cinéma Max-Linder Panorama de Paris. Il est un peu plus de huit heures et demi… et le créateur du Visiteur du Futur prend une grosse vague d’amour en pleine figure. Dans la salle, il y a ceux qui le suivent depuis le début de ses aventures sur son site, FrenchNerd.com ; ceux qui on découvert le garçon grâce aux premières vidéos du Visiteur quand le bonhomme s’invitait sur NoLife.

Et il y a tous ceux qui ont pris le train en route, notamment grâce à la grosse couverture médiatique dont bénéficie ce projet depuis plusieurs mois (notamment son arrivée sur Studio 4.0, plateforme de webcréations de France TV Nouvelles Ecritures).

Si Le Visiteur du Futur exprime puissamment une réalité – à savoir que le web permet de s’adresser à une communauté bien ciblée – le phénomène viral et médiatique qui continue de l’accompagner montre aussi que sur le Net, une communauté n’a pas de limite de taille et encore moins de barrières. Dix millions de vues en quatre ans pour les deux premières saisons, et déjà… un million de vues en trois mois pour la saison 3.

Produite par Ankama et France Télé Nouvelles Ecritures, cette session de 10 fois treize minutes montre à ceux qui en doutaient encore (coucou, les diffuseurs) qu’il y a de la place, un public et des auteurs pour la SF et le récit feuilletonnant en France. Et qu’on s’éloigne tous les jours un peu plus du phénomène de niche, pour toucher tous ceux qui aiment les histoires. Toutes les histoires.

Florent Dorin, le Visiteur du futur. Photo Ankama

2. Une saison qui va plus loin

La raison ? Plus le temps passe, plus le récit du Visiteur du Futur prend du relief. Préservant un sens du dialogue et de l’intrigue feuilletonnante qui étaient là dès la première année, Descraques et sa bande jouent cette saison sur la solidité d’un univers porté par ses personnages.

Raph’, le Visiteur, Henri, Matteo et tous les autres ont désormais une mémoire collective, et c’est ce qui donne une saveur supplémentaire à l’aventure.

Bien maîtrisée, cette nouvelle saison joue adroitement sur ses temps forts et ses temps faibles. Si l’épisode 6, La Vérité sur les Missionnaires, est un peu moins réussi que les autres – pour faire avancer l’intrigue, l’histoire passe par une exposition des infos un peu trop démonstrative, façon « alors en fait, voilà ce qui se passe » – et si les références méta peuvent rebuter les spectateurs qui n’accrochent pas au procédé – François Descraques avoue volontiers sa gourmandise à ce propos… et il reconnaît que son frère Raphaël le refrène régulièrement à ce sujet – ces quelques éléments ne gâchent pas le plaisir du visionnage.

Au contraire. Sur la Toile, Le Visiteur du Futur apporte effectivement ce qui manque beaucoup trop aux productions télé françaises aujourd’hui. Une relation de complicité, un rapport de jeu avec le public. Une connivence respectueuse et stimulante qui achève d’en faire un projet malin et attachant. Un sentiment qui n’a été que trop rarement suscité ces dernières années : depuis l’arrêt de Kaamelott et à part Bref, on n’en a pas beaucoup en tête.

3. Un épisode-tournant

Quand on aime les séries bien foutues, on sait qu’en fin d’année, on sera peut-être amené à faire une liste des grands moments. Et on se dit que celui-là, il ne faudra pas le zapper…

On ne va pas tourner autour du pot. L’épisode 3.08, intitulé Judith, est un grand moment. Une très, très belle réussite. Une sorte de point d’orgue non seulement pour la saison mais aussi pour toute la série. Un tournant. Un vrai, parce qu’il donne beaucoup de matière pour la suite.

Justine Le Pottier, alias Judith. Photo Ankama

Comme il serait criminel de dire beaucoup plus de choses, on va slalomer autour de l’intrigue pour vous dire ceci: sur le fond comme dans la forme (la mise en images est particulièrement maîtrisée), cet épisode fait monter la tension dramatique avec beaucoup de maîtrise.

Pour tout dire – et toutes proportions gardées – Judith est un épisode qui possède une dimension whedonnesque. Par sa capacité à poser d’entrée une atmosphère unique, son aptitude à mettre en scène un personnage féminin particulièrement dense (l’interprétation de Justine Le Pottier est également impeccable), il emmène toute la série  sur le chemin de la maturité. Elle garde tout ce qui fait son identité mais suscite des sensations jusqu’ici jamais ressenties avec ce projet. C’est subtil, c’est intelligent… et c’est pour ça que ça rappelle foutrement Joss Whedon.

4. Une grande cohérence dans l’univers Descraques

La fin de la saison, qui profite pleinement de l’épisode évoqué ci-dessus, apportera son lot de révélations sur l’univers de la série. Notamment autour de son personnage central, au sujet duquel on en apprendra beaucoup plus. Par effet de ricochet, on en saura également davantage sur l’univers de François Descraques lui-même, puisqu’une révélation renverra à un des nombreux projets développés dans le passé par le cocréateur des Opérateurs.

Là non plus, on en dira pas beaucoup plus. On signalera juste qu’il y a une grande intertextualité dans son travail (comme on peut le voir chez certains producteurs étrangers) et que le garçon a encore beaucoup, beaucoup de choses à dire.  Quitte pour cela à revisiter des idées qu’il a eu par le passé… mais toujours au service du projet qui l’occupe.

5. Un potentiel qui reste encore énorme

Au Max-Linder, la projection de l’intégrale de la saison 3 s’est terminée comme elle a commencé. Sous une salve nourrie d’applaudissements. Et l’envie d’en voir encore plus. Entouré de son inséparable équipe, François Descraques a répondu à toute une série de questions et a pu constater, s’il en doutait encore, que le fan est toujours boulimique.

S’il est encore trop tôt pour savoir à quoi ressemblera la suite, si l’intéressé vient tout juste d’en terminer avec la saison 3, il ne fait aucun doute que la série a encore beaucoup de choses à raconter. A la fin de l’épisode 10, des personnages comme Matteo et Le Visiteur prennent une autre dimension et on a vraiment envie de savoir ce qu’il adviendra. Pour eux mais aussi pour tous les autres. Voilà pourquoi la diffusion ouebesque de cette fin de saison est à ne pas manquer. En attendant de savoir ce qu’il va ensuite arriver.

Tournée cinéma de la saison 3 : à Toulouse, le mardi 26 mars à 20h à l’ABC et à Nancy, le jeudi 4 avril à 20h au Caméo Saint-Sébastien. 
Le Visiteur du Futur: Les Missionnaires, rappel en dates: mise en ligne de l’épisode 9, dimanche 7 avril à 18h; mise en ligne de l’épisode 10, dimanche 21 avril à 18h. Sur Studio 4.0 (France4.fr).

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