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Vu au PIFFF : In their skin, de Jeremy Power Regimbal (compétition)

Vu au PIFFF : In their skin, de Jeremy Power Regimbal (compétition)

Premier film de la soirée d’hier, projeté avant le très attendu documentaire Side by side, In their skin poursuit la bonne vieille tradition du film de « home invasion », sans casser la baraque ni faire honte au genre. On regrettera un potentiel peu exploité par une approche un peu trop sage sur plusieurs aspects, mais l’ensemble reste à voir, surtout pour Selma Blair et une très bonne première partie gérant adroitement le calme avant la tempête.


In Their Skin – Trailer par pifff

Synopsis : Famille aisée brisée par  la mort accidentelle de la petite dernière, Mark, Marie et leur fils Brendon se retirent dans une résidence secondaire en pleine cambrousse pour panser leurs plaies. A peine arrivés, ils sont importunés par un couple de voisins un poil envahissants, les Sakowski, eux aussi parents d’un jeune garçon, Jared. Après un premier dîner virant à l’aigre entre les deux clans, l’ambiance va brutalement se détériorer…

Enième avatar de “home invasion” movie, In their skin a le tort de passer après des références du genre comme Funny Games, Obsession fatale, La Maison des otages et, surtout, Calme Blanc, où le bateau du couple Kidman/Neil tenait lieu de “home” envahie par cette bonne vieille crapule au bronzage impeccable de Billy Zane. Comme dans le film de Philip Noyce, In their skin débute sur un couple ravagé par le décès accidentel de leur enfant et dont la décision de s’isoler (en mer dans Calme Blanc, à la campagne dans In their skin) va les mettre à la merci d’un agresseur extérieur. Et comme dans Funny Games, un couple bourgeois va faire la tragique expérience de l’ultra-violence et de l’humiliation sadique à domicile.

La mécanique dramatique de In their skin nous ressert donc des plats familiers sans chercher vraiment à en bouleverser les saveurs. “Ben alors, elle est où ma surprise ?” s’interrogera le chaland méfiant. Je t’arrête tout de suite, chaland ! De surprise il n’y en a guerre ici et le principal défaut d’In their skin serait sans doute de dérouler presque trop tranquillement un canevas prévisible dans les grandes largeurs, routine à  peine troublée par un twist lui même moyennement étonnant. D’un côté comme de l’autre des clans, les psychologies semblent à peine esquissées. On aurait aimé que le réalisateur et son scénariste Joshua Close (également interprète de Mark) s’attardent un peu plus sur le passif des Sakowski, sur l’état des relations entre Mark et Marie ou le jeu des tensions entre les uns et les autres.

Pêchant par manque d’ambition, le film laisse beaucoup d’éléments psychologiques en germe et ne moissonne jamais vraiment son potentiel, y compris concernant le caractère anxiogène de ses psychopathes. Dommage : c’est sur toute sa première partie, celle de l’introduction des Sakowski et lors de la jubilatoire scène du dîner qu’In your skin s’avère justement le plus adroit dans sa mise en scène du malaise et de la parano grandissante. Une fois les hostilités déclenchées, le film, tout en ménageant quelques chocs, reste presque trop sage jusque dans son dénouement et même dans son ébauche de propos sociétal sur les faux semblants du confort matériel. On retiendra malgré tout une bonne efficacité générale, une réalisation très soignée dosant un savant paradoxe entre son cinemascope carpenterien et une photo à la pâleur sinistre, ainsi qu’une direction d’acteurs carrée.

A des années lumières du glam’ de Sexe intentions ou des Hellboy, Selma Blair force particulièrement le respect dans sa façon d’accepter d’être filmée sans fard et pas forcément à son avantage. Elle est incontestablement le maillon fort du cast, avec l’excellent James D’Arcy (vu entre autres dans la série Journal intime d’une call girl), parfait dans son art de muter de boulet  ploucos à maniaque sadique. Présenté au dernier marché du film de Cannes sous le titre “Replicas” (la copie projetée hier était d’ailleurs la même, avec cet ancien patronyme), In their skin apporte sa petite griffe au genre du « home invasion movie » sans rien révolutionner. Mais son exécution plus que correcte, ses pointes d’humour noir, la justesse de ses acteurs et quelques saillies bien glauques en font un produit tout à fait recommandable. A quand une distribution en salles par chez nous, hein, dis Wild Side ?

 

In their skin, de Jeremy Power Regimbal (1h37). Film projeté en compétition au Paris International Fantastic Film Festival.  Sortie France indéterminée.

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