War for the Overworld: Le Donjon de Naheulbeuk

War for the Overworld: Le Donjon de Naheulbeuk

Note de l'auteur

 

War for the Overworld sonne le retour d’un vieux genre qu’on croyait pourtant disparu depuis longtemps : le dungeon management. Créé par des fans nostalgiques du mythique Dungeon Keeper, le jeu est un curieux melting pot entre STR et god game dans lequel vous jouez un maître du donjon. Certains voient en War for the Overworld la suite non officielle du légendaire Dungeon Keeper, alors résurrection réussie ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.

Fils caché de Dungeon Keeper

Dungeon KeeperAu commencement de War for the Overworld, il y a bien sûr deux jeux mythiques qui ont marqué une génération : Dungeon Keeper et sa suite. Sorti en 1997, Dungeon Keeper est un jeu de stratégie un peu particulier qui a pratiquement inauguré un genre à lui tout seul. Il était alors développé par le regretté studio Bullfrog Productions sous la direction du célèbre game designer anglais Peter Molyneux (Syndicate, Dungeon Keeper, Fable, Black and White). Le jeu laissait au joueur la possibilité de construire et gérer son propre donjon pour contrer l’invasion de héros venus spécialement pour votre trésor. En plus d’un gameplay efficace et bien huilé, Dungeon Keeper avait su marqué les joueurs grâce à son ambiance complètement déjantée et satirique. Après tout, jouer du côté des méchants est toujours plus amusant, non ? Malgré son succès critique et un deuxième épisode réussi, EA qui détient la licence annule un troisième volet pourtant attendu, sans oublier un portage online raté qui s’est contenté du marché asiatique. Bien sûr, d’autres jeux ont essayé tant bien que mal de reprendre le flambeau des Dungeon Keeper, c’est le cas par exemple des très sympathiques Overlord et Evil Genius ainsi que des moins bien réussis Dungeons. Mais aucun n’a vraiment réussi à capter à la fois l’atmosphère de Dungeon Keeper ainsi que son gameplay original.

En 2009, des fans du jeu décident alors de développer la suite avortée par EA. Après plusieurs changements de moteurs graphiques et autres problèmes, Subterranean Games décide en 2011 de repartir à zéro en abandonnant le nom Dungeon Keeper (pour éviter tout conflit avec EA) et choisi le moteur Unity pour son bébé. Fin 2012, le studio décide de lancer une campagne Kickstarter en surfant sur la fibre nostalgique des vieux joueurs. Même le créateur original de la série, Peter Molyneux, participa à la campagne et appela les fans à en faire de même. À cause de nombreux retards, le titre initialement prévu pour 2014 finit par sortir le 2 avril 2015. Sauf que voilà, le lancement de War for the Overworld était juste catastrophique, d’où ce test tardif. Entre bugs, crashs et gros soucis d’optimisations, le jeu a souffert de critiques sévères qui étaient, à mon avis, non méritées. Il ne faut pas oublier que Subterranean Games est un tout petit studio bénéficiant d’un budget relativement faible pour l’industrie. Pourtant, les développeurs ne se sont pas découragés et ont fait face aux problèmes, à grands renforts de patchs et autres contenus supplémentaires gratuits. Comme je ne suis pas rancunier, j’ai décidé de laisser une autre chance à War for the Overworld et enfin voir ce qu’il vaut vraiment.

Sbires

 

Ce tombeau sera votre tombeau

0Dak6GGLe concept du jeu est simple. Vous jouez un Underlord, un seigneur du mal, et votre but est de retrouver votre gloire d’antan dans l’Underworld et partir à la conquête de l’Overworld. Face à vous, les héros de l’Empire vont tenter une fois de plus de vous anéantir en déjouant tous vos pièges vicieux pour arriver au cœur du donjon et le détruire. Le joueur doit donc bâtir son donjon en creusant et aménageant des pièces avec l’aide de sbires au contrôle toutefois limité. Les salles peuvent être utilisées pour construire différents types de bâtiments semblables à un RTS classique. On retrouve la caserne pour entraîner ses monstres, un dortoir pour que notre petite troupe puisse se reposer, un élevage de cochon pour la nourriture, une taverne façon Donjon de Naheulbeuk pour le moral, des coffres pour vos précieuses pièces d’or, une salle de tortures, une prison et une bibliothèque/laboratoire pour la recherche de pouvoirs et autres potions (les fameux « sins »). Ces pouvoirs plus ou moins similaires à ceux des dieux dans Age of Mythology vont améliorer vos capacités d’attaques et de défenses.

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War for the overworldEn creusant et construisant toujours plus, vous allez attirer de nouvelles créatures maléfiques prêtes à travailler pour vous. Mais attention, cette foire aux monstres que vous allez opposer aux intrépides héros se doit d’être correctement nourrie et payée à grand renforts de cochons et pièces d’or. Le joueur se retrouve donc divisé entre une partie purement gestion proche d’un god game et une partie plus stratégique qui consiste à fortifier au mieux votre donjon. War for the Overworld se déroulant en temps réel, le jeu demande une bonne micro-gestion et s’inspire des classiques du STR comme Starcraft ou Age of Empires (test ici). En misant énormément sur le côté STR, le studio a néanmoins oublié certaines possibilités amusantes de Dungeon Keeper comme les disputes entre vos créatures. L’arbre technologique qui force le joueur à se spécialiser est une nouveauté sympathique mais pousse encore un peu plus War for the Overworld dans la direction d’un RTS plutôt que d’un god game. Les anciens vont retrouver, pour sur, le feeling de Dungeon Keeper mais avec cette étrange impression que quelque chose a changé.

 

Deux façons de jouer

Terry PrachettMaintenant que le jeu est patché et stable, j’ai enfin pu jouer à la campagne solo. Sympathique et amusante, l’histoire semble sortie tout droit de l’imaginaire déjanté de ce bon vieux Terry Pratchett. Exilé depuis des milliers d’années par les forces de l’Overworld dans l’Ether, votre retour a enfin sonné ! Mais le temps passé a fait de l’Underworld l’ombre de lui-même redoutant sans cesse l’Overworld et son Empereur Lucius. L’Underworld et ses monstres ont plus que jamais besoin d’un seigneur du mal digne de ce nom pour faire face aux héros humains de l’Empire Kairos. La durée de vie de la campagne est assez longue vu qu’une partie peut durer facilement une heure. Empereur Lucius

En dehors de sa campagne solo, le jeu propose plusieurs modes sympas : escarmouche, survival, sandbox et pour finir du multijoueur. Les vétérans de Dungeon Keeper sont en général des joueurs solos, mais ce n’est pas pour autant que le multi a été mis de côté dans War for the Overworld, bien au contraire. Les développeurs étant des amateurs de multi compétitif, ils ont fait beaucoup d’efforts sur cet aspect, d’où le renforcement du côté RTS du jeu par rapport à Dungeon Keeper. Au final, que vous soyez un joueur solo ou un amateur de multi à la recherche de challenge et compétition, vous serez satisfaits du contenu.

 

Le retour de Richard Ridings

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Graphiquement, le jeu est très agréable, coloré et vivant. Certains fans regretteront que le design des créatures se soit un peu trop éloigné de Dungeon Keeper probablement pour des raisons de licence. Pour ma part, je trouve le look cartoon sympathique et colle parfaitement à l’univers dépeint par Subterranean Games. Les animations sont par contre un peu limitées, même si les développeurs semblent les avoir quelque peu améliorées. La partie audio est excellente, surtout la voix légendaire du narrateur Richard Ridings qui avait déjà officié pour Dungeon Keeper. Sa voix grave et son humour noir vont vous accompagner tout au long de vos aventures. Seul petit bémol, ceux qui sont allergiques à la langue de Shakespeare vont sûrement bouder puisque la voix du narrateur est uniquement en anglais.

War for the Overworld, même s’il a souffert d’un lancement catastrophique, est définitivement un bon jeu. Le titre de Subterranean Games peut être vu, à tort, comme un simple remake de Dungeon Keeper avec des graphismes améliorés et des nouvelles mécaniques de gameplay comme l’arbre technologique et les sorts. Toutefois, le jeu est en même temps différent de ses illustres aînés et tente de moderniser la formule. Avec son côté RTS renforcé, War for the Overworld est à la fois plus complexe et plus compétitif. Les nostalgiques retrouveront sans aucun doute leurs marques tandis que les amateurs de multi devraient se réjouir de cette nouvelle approche. Attention cependant au manque de finition du jeu qui, malgré les patchs successifs, peut en rebuter plus d’un. Est-ce que War for the Overworld est le digne héritier de Dungeon Keeper ? Oui, même si quelques points sont à revoir pour un parfait voyage dans le temps.

War for the Overworld
Développeur : Subterranean Games
Prix : 28 euros

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