Wayward Pines, Pantomime et Vanité (en direct de Séries Mania)

Wayward Pines, Pantomime et Vanité (en direct de Séries Mania)

Note de l'auteur

WAYWARD-PINES-2Ethan Burke, agent des services secrets, est envoyé à Wayward Pines, charmante petite ville de l’Idaho, pour enquêter sur la disparition mystérieuse de deux agents fédéraux. Mais cette bourgade n’est pas aussi parfaite qu’elle en a l’air…
(source : Séries Mania)

Certains thèmes semblent inusables. Récemment, Bloodline a prouvé que l’on pouvait exploiter l’éternelle figure de la famille et offrir un récit passionnant. Que d’une écriture classique, si les bonnes conditions étaient réunies, le résultat pouvait dépasser les espérances. Des espérances, Wayward Pines en affiche avec son intrigue à mi-chemin du Prisonnier, de Twin Peaks et du Village ; avec M. Night Shyamalan au poste de réalisateur et une distribution quatre étoiles (Matt Dillon, Melissa Leo, Carla Gugino, Juliette Lewis,…). Malgré des signes extérieures de richesse, ce premier épisode se fracasse sur un mur bien majestueux, aux modèles écrasants.

Le générique aurait pu nous mettre la puce à l’oreille avec sa reproduction en maquette d’une petite ville. Factice, désincarné, figé dans une attitude qui figure une pantomime scolaire, il représente un monde réduit à des formes basiques, schématiques. Une esquisse un peu grossière. A l’image d’un épisode désincarné, trop attentif à reproduire ses aînés qu’il en oublie de raconter une histoire et des personnages. L’oeil perpétuellement hagard de Matt Dillon nous paraît étrangement familier quand on voit défiler des références trop voyantes. Chad Hodge revendique ses origines dans une révérence trop parfaite où la reproduction est produite sans intelligence et sans réflexion.

WAYWARD-PINES-4Ce premier épisode entend poursuivre une trajectoire entamée avec Le Prisonnier. Une fiction paranoïaque qui joue sur les notions de libre arbitre, de perception et où la notion de réalité est une donnée pervertie. Un vulgaire décalque, une reconstitution bon marché comme une version low cost. Récemment, Persons Unknown (2010) s’était déjà essayé au motif du village prison et de victimes cobayes d’une expérimentation cruelle. Pour un résultat guère mémorable. Wayward Pines semble prendre un chemin similaire, à l’image d’une séquence qui rappelera In the Mouth of Madness de John Carpenter et la fuite impossible de la ville : une impression de tourner en rond autour d’un sujet qui mérite une mûre réflexion quand il s’agit de se dresser face à un monument.

Dans cette débâcle à l’intérêt étouffé, Shyamalan n’apporte aucune plus valus visuelle, se contenant du service minimum. Une banale illustration d’un scénario qui ne mérite pas mieux. L’épisode se paye même le luxe d’un montage catastrophique où l’on sort régulièrement de l’action pour des séquences externes qui n’apportent rien à l’ensemble sinon de la lourdeur. Un déséquilibre similaire ressenti dans le film Silent Hill quand la production exigeait des scènes hors de la ville. Incapable de produire de l’intérêt dans ses évasions, aphone et sclérosé devant ses pairs, paralysé, ce premier épisode, avec ses prétentions hautes, est l’illustration de la vanité.

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