
Whiplash, le test du Blu Ray
Premier du Top Cinéma 2014 de la rédaction du Daily Mars, Whiplash de Damien Chazelle arrive sur nos platines pour notre plus grand bonheur. Le Blu Ray est il à la hauteur du film ? Sans conteste, oui. Pour les néophytes en jazz (comme moi), le blu ray demeure une expérience incroyable d’immersion.
LE FILM : 5/6
Un apprenti batteur de jazz surdoué et obsédé par ses rêves de gloire(Miles Teller), un prof tyrannique adepte de l’excellence dans la douleur (J.K Simmons) : entre l’élève et le maître, la rencontre ne peut que charrier bruit et fureur. Acclamé dans les places les plus prestigieuses (Sundance, Cannes, Deauville, Toronto…), le second long métrage du prodige Damien Chazelle a déchaîné les passions, voire les haines auprès d’une partie de ses spectateurs lui reprochant une vision sadique de l’art aux limites du fascisme. Ici-même au Daily Mars, hormis une chronique très réservée du Docteur No, la team avait globalement bu le calice jusqu’à la lie.
Cinq mois après sa sortie salles, une nouvelle vision en HD confirme la première impression de votre serviteur : à défaut de chef-d’oeuvre (OK, je l’ai crié abusivement sur Twitter, ivresse post-projo oblige), Whiplash est un très grand film, d’une maturité sidérante au vu du jeune âge de son auteur. Un pur moment de cinéma où chaque instrument de mise en scène s’agence à l’unisson pour un concert d’émotions d’une rare intensité. Basée sur une expérience personnelle de Chazelle, marqué à vie par la peur que lui avait inspiré son propre professeur de batterie, l’épopée du héros de Whiplash est celle d’un passage tordu à l’âge adulte. Une autoroute vers l’enfer traversée dans le sang et les larmes avec pour destination finale, certes la révélation du génie mais aussi probablement une solitude auto-destructrice pour de longues années.
Ne vous fiez pas à l’extraordinaire dernier quart d’heure, inoubliable, aussi tendu que le combat final du premier Rocky et se soldant, lui, par la victoire triomphante du jeune Neiman à l’issue d’un concert-duel avec son mentor/nemesis Fletcher. Certains y ont vu la glorification par Damien Chazelle de la violence et de la souffrance comme prix à payer pour atteindre les cimes de la grandeur musicale. C’est en partie faux. Certes, Chazelle croit incontestablement dans l’impossibilité du génie artistique sans la douleur (physique et psychologique). Cela, il l’assume et après tout, qui va lui reprocher d’offrir un vrai POINT DE VUE de metteur en scène ? A-t-il raison ou tort ? C’est un débat mais qui ne concerne pas le cinéma.
Ensuite, jamais Whiplash ne glorifie la voie choisie par Neiman. Plusieurs scènes du film soulignent clairement la dangereuse aliénation d’Andrew à son art, balayant toute relation humaine autour de lui au profit de son seul but : entrer dans la légende. Modèle de narration qui jamais ne dévie de sa partition initiale, Whiplash se concentre tout entier sur la confrontation entre Andrew et Fletcher dans la perspective d’atteindre le nec plus ultra de la batterie. Rien d’autre ne compte, pas de sous intrigues parasites. Le timing du “noir” concluant l’ébouriffant concert final du film respecte cette logique, coupant court à la moindre seconde de trop et parvenant à son implacable démonstration : l’élève est devenu le maitre, mais il est aussi devenu un monstre à l’image de son créateur. Pas d’étreinte, pas de plan final « feel good », pas de larmes putassièrement tirées…
Qu’on soit d’accord ou pas avec l’opinion de Chazelle est totalement hors sujet, l’essentiel est ailleurs. A savoir dans la quasi perfection que lui, tout jeune metteur en scène, parvient à effleurer dans son récit. Dans l’implacable force d’attraction d’un récit que l’on traverse en apnée jusqu’à cet époustouflant épilogue dont l’issue vous laisse enfin respirer un grand coup, les jambes chancelantes et les mains moites. La quasi-perfection de Whiplash, c’est aussi cet immense acteur enfin en pleine lumière qu’est J.K Simmons, éternel Vern Shillinger de la série Oz et qui, pour le film, renoue avec ses plus intimidantes colères. Mais aussi ses punchlines les plus hilarantes, à l’image de celles du sergent Hartman dans Full Metal Jacket, référence avouée de Chazelle avec le Raging Bull de Scorsese. Whiplash est un match de boxe, une lutte entre deux fauves, une guerre, un champ de bataille rageur qui n’exclue pas l’élégance visuelle ni le raffinement des cadrages, découpés par un montage épousant génialement les séquences musicales. Chazelle, Teller et Simmons sont par ailleurs tous trois des musiciens accomplis, assurant ainsi un petit plus d’authenticité bienvenue à l’écran. Coup de fouet du ciné indé en 2014, Whiplash promet un bel avenir à Damien Chazelle, qu’on souhaite vivement voir confirmer tout ce talent dans son prochain film, La-La Land.
LES BONUS : 3/6
Plutôt chiches par rapport à l’édition américaine, ils consistent en trois courtes interviews (5 minutes, nada mas !), de Damien Chazelle, J.K. Simmons et Miles Teller. Réalisées toutes lors du dernier festival américain de Deauville, elles fleurent bon les conditions roots : un seul cadre, lumière crue, extérieurs bruyants (surtout pour l’interview de J.K Simmons dans une terrasse de restaurant avec claquements de couverts incessants)… Pas l’idéal ! Les entretiens, aussi brefs soient-ils, restent cependant intéressants. Chazelle revient sur ses intentions de montrer “le côté plus noir et physique de la musique, parce que ça existe aussi”, ainsi que son envie de tourner Whiplash aussi comme un film de guerre et de gangsters. L’hyper attachant J.K. Simmons raconte de son côté une anecdote amusante au sujet de sa rencontre avec Chazelle ainsi que son propre passé de prof de musique (il a été chef d’orchestre).
Autre bonus : le court métrage Whiplash, qui a servi à Chazelle de brouillon délibéré pour convaincre des investisseurs de produire le film. Simmons fait déjà partie du cast, ainsi que plusieurs musiciens de l’orchestre de Fletcher que l’on retrouve dans le film. Très intéressant pour découvrir quels aspects du court ont franchi la mutation en long.
Dommage en revanche de ne pas retrouver le commentaire audio à deux voix (Chazelle/Simmons) de l’édition US, ni le documentaire Timekeepers sur des témoignages de batteurs pros (dont celui des Red Hot Chili Peppers). Dans cette édition, le court métrage était aussi agrémenté d’un commentaire audio du réalisateur, des producteurs Helen Estabroook, Couper Samuelson et Nick Britell, ainsi que du monteur Tom Cross, oscarisé pour le long métrage. Dommage, quoi !
SYNOPSIS :Andrew, 19 ans, rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération. Mais la concurrence est rude au conservatoire de Manhattan où Il s’entraîne avec acharnement. Il a pour objectif d’intégrer le fleuron des orchestres dirigé par Terence Fletcher, professeur féroce et intraitable. Lorsque celui ci le repère enfin, Andrew se lance, sous sa direction, dans la quête de l’excellence…
L’IMAGE : 6/6
Quelle beauté ! L’image est magnifique, je ne sais si Sharone Meir, le chef op, a lui même supervisé ce Blu Ray mais le piqué est extraordinaire et les noirs profonds. Bravo.
LE SON : 6/6
L’attente est terrible lorsqu’un film tourne autour de la musique. Force est de constater que vous ne serez pas déçus, en VO comme en VF. Le multicanal 5.1 est extrêmement bien utilisé. Vous êtes au coeur de la salle de répétition avec les musiciens, entendrez le . Bravo (bis).
Langues : Français en 5.1 DTS HD Master Audio, Anglais en 5.1 DTS HD Master Audio,
Sous Titres : Français (obligatoire en VO), Français pour Sourds et Malentendants
A noter la présence appréciée d’une piste en Audiodescription.
J’EN PRENDRAI POUR UN DOLLAR ? 6/6
Un excellent film, un Blu ray techniquement parfait. Achat immediat. Seul bémol, l’absence de certains bonus présents dans la version US, mais nous chipotons.
WHIPLASH écrit et réalisé par Damien Chazelle (USA, 2014). 1h45. Avec Miles Teller, J. K. Simmons, Paul Reiser, Melissa Benoist, Austin Stowell, Jayson Blair. Sortie DVD, BRD, VOD le 6 Mai 2015.
Distributeur : Ad Vitam Distribution
Editeur : Ad Vitam
Format image : 2.40:1
Résolution film : 1080 24p
Format son : Français et Anglais en 5.1 DTS HD MA, Audiodescription en 2.0 DTS HD MA
Sous-titres : Français, Français Sourds et Malentendants
Durée : 1h46
WHIPLASH, Bande Annonce VOST par DailyMars
Pour info, le docu Timekeepers est dispo dans l’édition Fnac, par contre, je suppose que ça sera uniquement sur les premières éditions
Précision importante en effet, merci !