
World War Z : Romero puissance 1000 (par Marc Godin)
Hola les aminches, Plissken speaking. Le texte qui suit est signé d’un contributeur ponctuel du Daily Mars, notre camarade journaliste multicartes Marc Godin, qui a pu assister la semaine dernière à la projection de 15 minutes de World War Z, de Marc Forster. Adaptation du roman zombiesque du même nom, avec Brad Pitt en sauveur du monde, le projet traîne déjà la réputation de film maudit à la production truffée d’innombrables galères et repatouillages décriture. Et pourtant, à en croire l’ami Marc, les images dévoilées par Paramount sont très impressionnantes. Lisez plutôt ce compte rendu alléchant et rendez-vous en salles le 3 juillet pour vérifier si World War Z est un popcorn movie foutrement excitant ou un film catastrophe dans tous les sens du terme….
John Plissken
Mardi 23 avril, Royal Monceau. La Paramount organise la projection de 15 petites minutes de World War Z, blockbuster de l’été avec Brad Pitt et son superbe brushing coiffé-décoiffé, et plein de morceaux de zombies dedans. Comme le film est un compte à rebours, la Paramount a installé devant la salle une horloge géante qui égrène le nombre de secondes restantes avant la prochaine séance, un peu comme dans la série 24 heures. Au programme, trois extraits : le premier à Philadelphie (reconstituée à Glasgow), le second à Jérusalem et le dernier dans un Boeing. Trois extraits qui fonctionnent exactement de la même façon : présentation de la situation et/ou des personnages, montée du suspense et de l’adrénaline, puis explosions de violence et d’effets spectaculaires.
L’extrait situé à Philadelphie a été largement spoilé dans la première bande annonce. Brad et sa petite famille sont pris dans un gigantesque embouteillage. Une explosion, un camion fou et c’est parti. Des gens courent, s’agitent, et petit à petit, on comprend que des morts-vivants investissent la ville, sautent sur tout ce qui bouge. La gueule zébrée de veines bleuâtres, de grosses lentilles sur les yeux, les morts-vivants de World War Z ne ressemblent en rien aux zombies cadavériques de Lucio Fulci ou de George Romero, plutôt à des enragés qui auraient mangés des lasagnes avariées. Hyper-véloces, énervés des canines, ils sont capables de défoncer un pare-brise à coups de boule. Leur mutation s’effectue en 12 secondes, le temps nécessaire à Brad Pitt pour comprendre qu’il doit déguerpir s’il ne veut pas servir de casse-croûte à la meute.
Deuxième extrait, Jérusalem. Dans un grand rêve confraternel, Israéliens et Palestiniens sont réunis et chantent derrière un beau mur (c’est la première fois que le mur de séparation israélien est présenté comme une bénédiction, merci au révisionnisme hollywoodien). A l’extérieur, les zombies s’agitent, se regroupent, forment une espèce de pyramide insectoïde et parviennent à envahir Jérusalem. Entouré de militaires qui dessoudent du zombie à l’arme lourde, Brad tente de fuir.
Dernier extrait. Brad se repose en avion. Il entend du bruit, se rend à l’autre bout du Boeing et découvre que des passagers se métamorphosent en zombies. Il tente de se barricader avec quelques survivants, résiste à un assaut et tandis qu’une jeune militaire israélienne ouvre le feu sur les zombies, il jette une grenade dans le tas, alors qu’il allait se faire croquer tout cru. Passagers et zombies sont expulsés par un trou béant dans la carlingue (hello Lost !). CUT !
Et c’est tout ! Un quart d’heure et c’est fini. Je reste une seconde fois pour revoir, savourer. Plus fort que dans 28 jours plus tard, les zombies enragés s’apparentent à un Usain Bolt épileptique et dévalent les murs de Jérusalem à la manière d’une nuée d’insectes, ou déferlent tels un tsunami dans les rues de Philadelphie. C’est frénétique, incroyablement efficace, superbement réalisé par Marc Forster et j’avoue, j’étais scotché, tétanisé. 15 minutes de pure apocalypse. Bref, c’est du beau, du grand cinoche, plus excitant que Nabilla en string et plus jubilatoire que le vote pour le mariage pour tous par Henri Guaino, surnommé depuis Henri Gay-Oui.
Un tournage catastrophe
Maintenant, on peut légitimement se demander pourquoi la Paramount a choisi de montrer à la presse seulement un petit quart d’heure et non pas le film dans son intégralité ? Histoire de teaser, faire du buzz, alors que le film n’est pas entièrement finalisé, dixit l’attachée de presse. C’est surtout, je pense, pour tenter de limiter la casse, World War Z trainant depuis un an une sale réputation suite à un tournage cauchemardesque. Adapté d’un excellent bouquin de Max Brooks (rejeton de Mel Brooks et d’Anne Bancroft), ce futur blockbuster est le bébé de Brad Pitt, qui a acheté le droits du roman en 2007, engagé en 2008 le réalisateur Marc Forster, un choix malin car Forster a déjà réalisé des choses aussi différentes que le très fort A l’ombre de la haine ou un James Bond tourné sans scénario, Quantum of Solace.
Le tournage débute en juillet 2011 à Malte, avec un budget de 125 millions de dollars, et se poursuit en Angleterre et à Budapest. Le film doit alors sortir le 21 décembre 2012, mais en mars, la sortie est repoussée de six mois. L’équipe part alors tourner de nouvelles séquences avec 50 millions de bonus pendant sept semaines, de septembre à octobre, sur un scénario de Drew Goddard (Lost), poulain de l’écurie J. J. Abrams.
Les détails de ce tournage-catastrophe ont été largement commentés par la presse US, notamment dans le très documenté Hollywood Reporter. En gros, World War Z a eu 11 producteurs, au moins 5 scénaristes, 46 assistants réalisateurs mais pas un vrai metteur en scène à la barre, capable de trancher et prendre des décisions. Trois semaines avant le début du tournage, Forster a encore des doutes sur le look de ses zombies ; le film obtient le « green light » » avant la finalisation du scénario ; Pitt s’absente pour raisons familiales ou pour Cogan/Killing them softly ; Robert Richardson, chef op génial de Kill Bill, menace de quitter le navire à plusieurs reprises… Les scénaristes valsent, les producteurs aussi, le responsable des effets spéciaux de Gladiator débarque. Un enfer qui rappelle les tournages catastrophiques de G.I. Joe : Conspiration et Hansel & Gretel : Witch Hunters (deux films Paramount repoussés d’un an, avec multiples reshoots à la clé) ou encore de 47 Ronin, un film de samouraïs avec Keanu Reeves, passé de 175 à 225 millions de dollars et qui devrait (peut-être) sortir en décembre 2013, après une première sortie annoncée en novembre 2012…
Comme pas mal de blockbusters, World War Z a été tourné sans scénario finalisé, dans l’urgence et l’anarchie, et le film, vidé de sa substance politique, semble avoir échappé à son géniteur, en l’occurrence Brad Pitt, qui a déclaré à Entertainement Weekly : « Au début, j’étais vraiment intéressé par un film politique qui utiliserait la contamination de zombies comme cheval de Troie pour se demander : ‘‘Qu’est-ce qui se passerait au niveau sociopolitique si une pandémie comme celle-ci avait vraiment lieu ? Qui serait au sommet du monde ? Quels pays s’en tireraient le mieux et qui seraient les plus vulnérables ?’’ Nous voulions vraiment explorer ce côté-là, mais c’était trop lourd. On s’est pris les pieds dans le tapis car il y avait trop de choses à expliquer. On aurait enlevé tout l’aspect fun des films de ce genre. »
Néanmoins, les 15 minutes présentées augurent un spectacle apocalyptique, une course contre la mort foutrement excitante.
MARC GODIN
World War Z de Marc Forster avec Brad Pitt
En salles le mercredi 3 juillet
« Bref, c’est du beau, du grand cinoche, plus excitant que Nabilla en string »
Là je pense que c’est pas possible..:D
Le film sera t-il interdit au moins de 12 ou 16 ans ? Car si c’est un film tout public, sans une goutte de sang, sans démembrements, sans décapitations, etc.. la comparaison avec The Walking Dead va faire très mal.
La Paramount ne veut pas d’interdiction qui pourrait compromettre le succès de son film. Ce qui peut se comprendre quand tu dois vendre un bouzin à 200 millions de $, avant les frais de marketing.
Néanmoins, sur les 15 minutes vues en avant-première, la mise en scène et le montage cut sur les zombies, les attaques ou les plaies fonctionnent incroyablement bien et font oublier l’absence de gore.
De toutes façons, quoi qu’il arrive, on ira tous le voir et les non-geeks ou non-aficionados du genre zombies iront aussi parce qu’il y a Brad Pitt à l’affiche.
Le film a toutes les chances de fonctionner.
Moi j’ai quand même un peu peur… Reprendre un livre où tout le long on nous explique qu’un zombie ne court pas… Et retranscrire ça avec des infectés qui courent dans tous les sens… Si ça se trouve le film sera bon… Mais j’attendais une adaptation différente de World War Z.
Je n’ai rien contre les repatouillages car j’adore ces barbarismes charmants mais en revanche voir d’écriture orthographie « décriture », cela heurte toutes mes convictions en la matière. Pourriez-vous avoir l’obligeance de corriger cette coquille absconse ? Merci d’avance ! 🙂