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X-Files en 20 épisodes : Pilot (Nous ne sommes pas seuls) [1×00]
Lancée le 10 septembre 1993, The X-Files fêtera ses vingt ans à la rentrée. À l’approche de cet événement, le Daily Mars va passer tout l’été avec la série culte créée par Chris Carter, qui rassembla les fans de fantastique, d’horreur et de science-fiction tout au long des années 90, au fil de ses quelque 202 épisodes. Nous vous proposons de vous raconter l’histoire de The X-Files en vingt épisodes. Ce premier volet commence en toute logique par le pilote.
L’agent Dana Scully, médecin mais aussi auteure d’une thèse de physique, est assignée au service des X-files, situé au sous-sol du siège du Bureau Fédéral d’Investigation, à Washington. Le chef de section Blevins la charge de passer au filtre de ses solides connaissances scientifiques le travail de l’agent Fox Mulder, un brillant élément du FBI qui a choisi de se consacrer à ces affaires non résolues. Leur première enquête en commun les mène en Oregon. Quatre jeunes adultes, qui faisaient partie de la même promo de lycée, ont été retrouvés morts. Seul indice : une double marque mystérieuse au bas de leur dos. Mulder soupçonne qu’ils ont tous été enlevés par des extraterrestres. Une des victimes est exhumée, et les agents découvrent dans son cercueil un corps étrange, qui ne semble pas être celui d’un être humain.
Scénario : Chris Carter. Réalisation : Robert Mandell. Première diffusion Fox : 10 septembre 1993 ; première diffusion M6 : 12 juin 1994. Guests : Charles Cioffi (Blevins), William B. Davis (L’Homme à la Cigarette).
La création de la série
Retracer le commencement de The X-Files nous ramène au milieu des années 70. Fils d’un syndicaliste plutôt strict, le jeune Chris Carter est passionné par un programme titré The Night Stalker. Le personnage principal, Carl Kolchak, est un journaliste qui traque toute chose paranormale. Il est introduit par un premier téléfilm dans lequel il chassait le vampire, diffusé en 1972 (Carter est alors âgé de 16 ans), et qui rencontre un large succès. Le personnage reviendra dans une seconde aventure, puis finalement pour une série hebdomadaire en 1974, qui s’arrêta au bout d’une seule saison. Malgré cette fin peu glorieuse, ce personnage ne s’effacera pas de sitôt de la mémoire d’une certaine génération, Chris Carter en tête.
Après des études de journalisme à l’université, Chris Carter passe plusieurs années à travailler pour Surfing Magazine. Il devient scénariste dans la deuxième moitié des années 80 : sa capacité à écrire des dialogues de personnages jeunes a été remarquée. Il écrit et produit pour la branche télé des studios Disney.
En 1992, un de ses amis, Peter Roth, vient de rejoindre le studio 20th Century Fox, qui appartient au même groupe que le network Fox, créé en 1987. Roth fait signer à Carter un contrat de développement. Le scénariste doit lui proposer des idées de séries. Carter songe à ce qu’il n’a pas pu faire pendant ses années Disney et au plaisir qu’il prenait, adolescent, à se faire peur devant The Night Stalker. Et puis chez Carter, le talent commercial n’est jamais loin : il est parfaitement conscient qu’à cette époque, il n’y a pour ainsi dire rien d’effrayant à la télévision américaine.
C’est donc avec cette volonté de susciter la peur qu’il crée The X-Files, l’histoire des agents d’un service spécialisé du FBI, les X-files – devenu affaires non-classées dans la version française – qui mènent des enquêtes sur des affaires paranormales. Il s’inspire de sa propre dualité vis-à-vis de ces phénomènes pour créer Mulder et Scully, le croyant et la sceptique, deux êtres d’une extrême intelligence dont aucun n’aurait l’ascendant sur l’autre. « J’ai toujours eu l’idée de la dynamique Mulder/Scully à l’esprit, et je voulais renverser le stéréotype de genre. Je voulais que Mulder, l’homme, soit le croyant, l’intuitif, et que Scully soit sceptique – ce qui est traditionnellement le rôle masculin » [Conversation avec Chris Carter, interview incluse sur la cassette vidéo titrée 82517, regroupant les épisodes « Nisei » et « 731 »].
C’est parce que Chris Carter est un sceptique qui, au fond de lui, voudrait bien croire, qu’il crée lui-même le poster devenu iconique qui orne le bureau de Mulder : une photo d’un OVNI flou, sous lequel est inscrit I want to believe. Je veux croire.La série est proposée au network Fox à la fin de l’été 1992. Mais après un premier rendez-vous au cours duquel Chris Carter pitche son idée, la chaîne refuse. Grâce au lien entre network et studio, et à l’appui de Peter Roth, une deuxième rencontre est organisée. Carter revient défendre son projet. Entre temps, il lui a donné davantage d’épaisseur, en réfléchissant à ce qui avait manqué à la série régulière Kolchak dans les années 70 : un cadre qui unisse les épisodes entre eux. C’est dans l’intervalle entre ces deux pitchs qu’un ami universitaire lui montre une enquête du Dr Mack, un professeur de psychologie à Harvard, sur ce qu’il appelle le ‘‘syndrome d’enlèvement extraterrestre’’. L’étude indique que 3 % des Américains pensent avoir été enlevés dans un OVNI. Le pourcentage de ceux persuadés d’avoir vécu un simple contact, ou une autre expérience paranormale, est encore plus élevé.
Carter décide donc de faire de la question extraterrestre la colonne vertébrale de la série. « J’ai dit à la Fox : “il y a tous ces gens qui prennent ces choses très au sérieux, et je crois qu’on peut faire de cela le fondement de cette série” » [Alien Sex Fiends, Rolling Stone Australia, automne 1995]. Concrètement, il ajoute l’idée de l’enlèvement de la sœur de Mulder, qui constitue un mystère sur lequel la série pourra revenir, et qui établit la source de l’indéfectible motivation de Mulder.
Cette fois, la Fox donne son feu vert à l’écriture du scénario d’un pilote, puis à sa production. La préparation démarre en février 1993, en vue d’un tournage en mars. Comme le scénario requiert plusieurs séquences en forêt, il est décidé de filmer à Vancouver, ce qui a aussi l’avantage d’être économique en raison des taux de change de l’époque entre le dollar américain et le dollar canadien. La décision n’est pas vraiment réfléchie. Elle sera riche de conséquences bénéfiques pour la série, qui tirera le meilleur parti des décors fabuleux de la région. Mais elle sera aussi à l’origine d’un psychodrame à rebondissements cinq ans plus tard, avant qu’il ne soit décidé de rapatrier le tournage à Los Angeles.
Du fait de cette production éclatée – l’écriture, la majeure partie du casting et la post-production se passent à Los Angeles pendant que les épisodes seront tournés à Vancouver –, sans même parler du fait que Chris Carter est un producteur relativement peu aguerri, il faut un homme de confiance pour superviser les choses au Canada. Ce sera le coproducteur exécutif R.W. ‘‘Bob’’ Goodwin, que Carter avait côtoyé quelques années auparavant à NBC Productions. Goodwin va lui-même présenter à Carter quelques-unes des personnes qui auront par la suite le plus d’influence sur la série. Citons, notamment, le compositeur Mark Snow et le superviseur des effets spéciaux numériques Matt Beck qui permet à X-Files d’être l’une des premières productions télévisées à utiliser abondamment les images de synthèse.
La distribution des deux rôles principaux, supervisée par le directeur de casting Randy Stone, est l’un des points qui donne lieu au plus grand nombre de discussions passionnées entre la Fox et Chris Carter. Les deux parties se mettent assez facilement d’accord sur le nom de David Duchovny. Même si la vision initiale du personnage était plus animée et énergique, Carter se laisse assez facilement convaincre par l’audition : Randy Stone avait donc très bien fait d’insister pour que Carter le rencontre. En revanche, la bataille est véritablement très rude pour ce qui concerne sa partenaire féminine. La chaîne souhaite une actrice capable d’attirer en masse le public masculin. Carter, lui, a en tête l’image d’une jeune femme capable d’être aussi crédible que Jodie Foster dans Le Silence des Agneaux. Pour convaincre les exécutifs, Carter fera auditionner Gillian Anderson une seconde fois, après lui avoir fourni des conseils sur sa tenue vestimentaire – lors de son premier rendez-vous, Anderson était habillée d’une façon très rock’n’roll. À l’arraché, il obtient la participation de l’actrice débutante qui n’a encore que 24 ans. Moins d’une semaine après, elle se retrouve sur le plateau canadien, en train de jouer ses premières scènes.
Le tournage du Pilote s’étale sur 14 jours, avec un budget de 2 millions de dollars. Il se fait sous la direction du réalisateur Robert Mandel, dans des conditions parfois difficiles, du fait de l’ambition du scénario et du climat de Vancouver, auxquels l’équipe s’habituera plus ou moins.
Néanmoins, le résultat séduit. La légende raconte que les professionnels blasés du network Fox applaudirent après la projection, au printemps 1993. « J’ai terminé le pilote un lundi ou un mardi à 4 heures du matin,» se souvient Carter. « Et à 8 heures le même matin, il était projeté aux exécutifs de la Fox, y compris Rupert Murdoch. C’est une salle où les lumières s’éteignent pour la projection, et si les exécutifs sont intelligents, ils vont attendre qu’elles se rallument pour voir la réaction de Rupert Murdoch. Mais il y a eu des applaudissements spontanés dans la pièce, ce qui équivalait à une standing ovation. On me l’a appris à 10 heures, et j’ai su à ce moment-là que nous étions sur le bon chemin » [Interview pour The Gaberau Show, mai 1995]. Que l’anecdote soit vraie ou pas, la série est commandée quelques semaines plus tard, au moment des upfronts. Quand la nouvelle tombe, Chris Carter et sa femme sont en vacances en France, un séjour qu’il écourte pour s’atteler au travail considérable qui l’attend. Ses prochaines véritables vacances n’auront lieu que huit ans plus tard. La série doit débuter en septembre. Elle remplacera avantageusement un reality show sur le paranormal, diffusé le vendredi soir à 21h. Concession au sensationnalisme, le pilote affiche d’ailleurs un carton indiquant que l’intrigue est inspirée de documents réels.
Cependant, The X-Files n’est pas une priorité de la chaîne. Les dirigeants de la Fox croient beaucoup plus aux chances de succès de la série qui précèdera X-Files sur la grille de rentrée, le vendredi à 20 h : The Adventures of Brisco County Jr. Contre toute attente, le western fantastique créé par Jeffrey Boam et Carlton Cuse (futur producteur exécutif de Lost) ne décollera jamais dans les audiences et sera annulé après une seule saison. The X-Files, elle, ne s’arrêtera qu’après 202 épisodes…
Continuité
L’épisode pilote introduit le format de la série et ses deux personnages principaux, les agents Fox Mulder et Dana Scully. Mais on y rencontre aussi pour la première fois l’Homme à la Cigarette. Pour ce petit rôle sans ligne de dialogue, les producteurs ont engagé un acteur et professeur de théâtre de Vancouver, William B Davis. Le fumeur observe sans dire un mot les rendez-vous entre Scully et son supérieur, le chef de section Blevins (Charles Cioffi), puis range la preuve rapportée par les agents dans un entrepôt secret du Pentagone dans la scène finale de l’épisode. Nul ne sait encore qu’il deviendra un des personnages majeurs de la série.
Les indications en bas de l’écran nous apprennent que Mulder et Scully arrivent à Bellefleur dans l’Oregon le 7 mars 1992 – soit un an et demi avant la date de diffusion originale de cet épisode aux États-Unis. Les scénaristes ne cesseront d’oublier puis de se rappeler de ce fait, ce qui donnera lieu à d’innombrables petites incohérences de calendrier. Il est établi que Mulder travaille aux affaires non-classées depuis déjà quelque temps au moment où Scully le rejoint. De futurs épisodes éclairciront les circonstances dans lesquelles Mulder a découvert ces dossiers.
Pour la régression hypnotique de Billy Miles, Mulder fait appel à celui qui lui a permis de retrouver ses souvenirs de l’enlèvement de Samantha, le Dr Heitz Werber. On aperçoit à peine l’acteur Jim Jansen, qui reviendra pourtant interpréter ce personnage au milieu de la cinquième saison.
Production
La première version du scénario de Chris Carter, que nous avons pu lire, est datée du 11 décembre 1992. Cinq révisions la séparent de celle de tournage, datée du 2 avril 1993. Il est particulièrement intéressant d’observer ce qui fut modifié par le processus de dialogue entre Carter, la chaîne Fox et le studio 20th Television.
Mais le plus frappant est peut-être ce qui ne change pas : la personnalité de Mulder et Scully, l’ambiance générale et l’enquête qui les occupe dans ce pilote restent inchangées, même si l’intrigue est un peu simplifiée et raccourcie – le scénario original faisait par exemple intervenir un suspect incarcéré, ayant avoué les premiers meurtres de Bellflower.
Le script insiste toutefois, davantage que la version diffusée, sur le fait que Mulder et Scully ne sont pas tout à fait des agents du FBI comme les autres : à l’époque, Fox visait en priorité les jeunes adultes, et les principaux succès de ses premières années avaient été 21 Jump Street et Beverly Hills 90210. Le scénario décrit ainsi Mulder : ‘‘Avec ses cheveux un peu longs, son physique avantageux et juvénile, Mulder n’a pas le look FBI, plutôt présentateur de MTV. Il n’est pas cruel, davantage malicieux et intense. Le bad boy du sous-sol du FBI’’.
Quant à Scully, elle est présentée comme à la fin de la vingtaine. ‘‘Intelligente, elle a confiance en elle et assume sa féminité et son coté sexy, elle retient l’attention’’ dans la première version. Le mot sexy disparaît dans la version de tournage, ce qui témoigne des débats sur la vision du personnage, que Carter a remportés en persuadant la Fox d’engager Gillian Anderson.
Les véritables changements concernent l’environnement dans lequel évoluent Mulder et Scully. Lorsque Scully est convoquée au FBI, elle ne fait pas face au chef de section Blevins et à son collègue, mais à six responsables du FBI dans une salle de réunion. Un septième agent âgé d’une cinquantaine d’années, Lake Drazen, est celui qui a choisi Scully pour ce poste. Il l’accompagne jusqu’au bureau des X-files et est présent lors de la première rencontre entre Scully et Mulder. Il semble au début que Drazen soit du côté de Mulder, qu’il espère que Scully sera juste et qu’elle ne livrera pas la tête de Mulder sur un plateau au FBI – d’ailleurs Mulder confie à Scully que Drazen est le seul au FBI à savoir que Samantha a été enlevée par les extraterrestres. Mais la scène finale révèle le contraire : c’est lui qui brûle les rapports de Mulder et Scully.
Au cours des réécritures, Drazen a donc évolué pour devenir la figure mystérieuse, et totalement silencieuse, de l’Homme à la Cigarette. La scène des dossiers brûlés est devenue celle de l’entrepôt de stockage du Pentagone, hommage évident aux Aventuriers De L’Arche Perdue. Enfin, Blevins a été créé pour occuper le rôle de supérieur hiérarchique que Drazen aurait également incarné.
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Le très éphémère Ethan Minette, qui ne partage le lit de Scully que dans les bonus de l’intégrale en DVD
Il faut noter que les six agents seniors du FBI s’inquiétaient de la possibilité de commissions d’enquêtes sénatoriales sur des sujets révélés par le travail de Mulder, ce qui donne une piste sur la manière dont Ethan Minette aurait pu être intégré à de futures intrigues. Dans la version de tournage, Minette (interprété par Tim Ransom) est finalement journaliste pour une chaîne de télévision de Washington, et beaucoup moins froid et antipathique que dans le premier scénario. Il s’occupe d’une émission dans laquelle interviennent des hommes politiques. ‘‘Il paraît que ce Mulder a réussi à faire en sorte qu’un sénateur de l’Iowa sponsorise un projet sur les OVNIS,’’ raconte-t-il à Scully.
Les deux scènes où Ethan Minette apparaissait ont finalement été coupées au montage, faisant de Scully une célibataire – mais elles sont visibles dans le coffret DVD de la première saison. Si Carter a affirmé plus tard que la scène dans laquelle Scully demande à Mulder d’examiner les marques dans son dos était destinée à caractériser la nature platonique de leur relation, son scénario, bien plus ambigu, me laisse penser que cette interprétation est plutôt née a posteriori. En effet, quand le téléphone sonne après que Mulder lui a raconté l’enlèvement de Samantha, et qu’elle a été affectée par sa sincérité, Scully demande à Mulder de répondre et de dire qu’elle n’est pas là pour éviter Ethan…
Chris Carter garde le souvenir d’un tournage difficile, marqué par quelques défis techniques et des conditions complexes. La toute première séquence de l’épisode compte parmi ces difficultés. Carter et le producteur Bob Goodwin ont rencontré plusieurs personnes pour trouver le moyen de produire le vortex de feuilles mortes qui était décrit. On leur proposa par exemple de construire une structure rotative en grillage sur laquelle les feuilles seraient collées ! Mais ils tombent finalement sur Mat Beck, un pionnier de l’industrie émergente des images de synthèse, qui leur démontre l’efficacité et la simplicité de ces techniques. (Ces effets rendus en définition standard rendent aujourd’hui très compliquée – et onéreuse – une éventuelle édition en Blu-ray.)Toby Lindala, en charge des effets de maquillage, s’impose de la même façon en créant le saignement de nez de l’actrice Sarah Koskoff (Teresa Nemman), dans la scène où Mulder et Scully l’interrogent au restaurant. Un petit tube presque invisible est caché derrière son nez, ce qui permet au saignement de se produire sans qu’il soit nécessaire de changer de plan. Quelques années plus tard, Lindala se retrouvera à la tête d’une PME produisant en masse des monstres et maquillages spéciaux.
Certaines bases esthétiques sont mises en place, notamment une volonté de réalisme dans le casting (pas de musclors ni de bimbos siliconées) et dans le choix des costumes – sur ce point, ces premiers épisodes vont tellement loin qu’il s’agit de la principale raison pour laquelle la première saison a davantage vieilli que la suite (ah, les tailleurs mémères de Scully, qui lui donnent l’air d’avoir 35 ans quand Gillian Anderson en avait 24). Les lumières, en revanche, sont très plates, et n’assument pas encore tout à fait le noir ; quant aux couleurs, elles sont désaturées jusqu’à l’extrême tristesse, tout l’épisode baignant dans un beige marroneux.
Malgré le temps souvent pluvieux de Vancouver, l’équipe a dû créer de la pluie artificielle pour la séquence nocturne au cimetière. David Duchovny et Gillian Anderson, glacés sous des trombes d’eau, doivent rejouer la scène prise après prise, pour chaque angle de caméra. Pendant ce temps-là, deux techniciens tombent par inadvertance dans les trous creusés dans le sol pour figurer les corps qui ont été exhumés et doivent être évacués à l’hôpital ! C’est dans ce moment difficile que se noue la complicité professionnelle entre les deux comédiens.
Mythologie
Nombre d’éléments clef, qui reviendront à de multiples reprises au fil des épisodes mythologiques, sont introduits : les abductions de simples Américains pour de mystérieuses expériences qui semblent avoir provoqué des transformations de leur corps après leur mort (le script original clarifie que la substance mystérieuse que Mulder demande à Scully de tenter d’identifier au début de l’épisode est certainement ce qui a provoqué les mutations génétiques), les implants trouvés dans le corps des abductés, de mystérieux hommes du gouvernement qui savent et dissimulent l’existence des aliens, des perturbations du temps avec la disparition de neuf minutes, l’existence de lieux particuliers qui sont le théâtre d’une intense activité extraterrestre et que Mulder est à même d’identifier…
Mais pour l’heure, la série ne donne aucune clef qui permettrait de décoder les éléments du mystère. Et pour cause : Mulder lui-même en est encore à réunir des informations, sans posséder encore de perspective sur ce que trament les extraterrestres. C’est le seul épisode à comporter un carton indiquant qu’il est basé sur des faits réels. De fait, Chris Carter s’est beaucoup documenté au moment de lancer la série sur les témoignages concernant les extraterrestres. X-Files se montrera fidèle à beaucoup des récits existants, notamment dans son bestiaire d’extraterrestres.
Le bilan : The X-Files démarre sur un épisode solide, attirant, mystérieux, qui excite la curiosité. Nombre de moments (le tourbillon de feuilles, la croix de peinture placée par Mulder sur le goudron de la route, l’autopsie de la créature, la séquence finale dans la salle aux artefacts) restent dans les mémoires. Cependant, beaucoup de choses sont encore en rodage – Duchovny, qui essaie de coller à la description d’agent MTV, est un peu maniéré ; Anderson ne s’affirme que dans quelques scènes clefs mais n’est pas encore tout à fait l’égale de son partenaire ; les lumières commenceront à s’améliorer avec l’arrivée de John Bartley dès le deuxième épisode. Sur le plan visuel, le résultat est un mélange étrange entre des techniques pionnières remarquablement bien utilisées (les effets de Matt Beck sont loin de faire leur vingt ans) et une direction artistique peu assurée et, par certains aspects, particulièrement datée.
X-Files en 20 épisodes
Volet 1: Pilot (Nous ne sommes pas seuls) [1×00]
Volet 2: Ice (Projet Arctique) [1×07]
Volet 3: The Erlenmeyer Flask (Les Hybrides) [1×23]
Volet 4: Sleepless (Insomnies) [2×04]
Volet 5: One Breath (Coma) [2×08]
Volet 6: Humbug (Faux-frères Siamois) [2×20]
Volet 7: D.P.O. (Coup de foudre) [3×03]
Volet 8: Paper Hearts (Cœurs de Tissu) [4×10]
Volet 9: Never Again (Jamais Plus) [4×13]
Volet 10: Kill Switch (Clic Mortel) [5×11]
Volet 11: The Pine Bluff Variant (Les Nouveaux Spartiates) [5×18]
Volet 12: Triangle [6×03]
Volet 13: Milagro (A Cœur Perdu) [6×18]
Volet 14: The Unnatural (Le Grand Jour) [6×19]
Volet 15: The Sixth Extinction II: Amor Fati (La Sixième Extinction 2) [7×02]
Volet 16: all things (Existences) [7×17]
Volet 17: Within (Chasse à l’Homme 1) [8×01]
Volet 18: Roadrunners (Un Coin Perdu) [8×04]
Volet 19: Audrey Pauley [9×11]
Volet 20: Release (Clairvoyance) [9×17]
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Merci merci merci !
Cette série reste un plaisir à voir et à revoir. La force du casting et cette relation Mulder/Scully qui nous a tenu en haleine toutes ses années.
J’ai hâte de lire la suite.
Cher Sullivan, merci pour cet article somme (1er des 20).
Je dois dire que c’est une synthèse tres réussie de l’aventure qui a conduit à X-File, et le tournage de son pilote.
Je me rappelle lors de la première diffusion en France sur M6 (qui collait de pres à la diffusion US, un an d’écart max), je suis tombé dessus par hasard. Personne ne savait ce qu’était cette série, il n’y a avait pas encore internet, les sms coutaient le prix d’une location de VHS… Bon ok ca fait vieux con…
Bref, tout cela pour dire qu’après la vision de ce pilote, j’ai appelé un de mes amis pour lui dire : Je viens de tomber sur une série énorme sur M6 il faut absolument que tu regarde vendredi prochain (pas de replay ou de V.O.D. non plus… je sais vieux con)….
Bref, j’étais déjà amateur de séries (Twin Peaks, Star Trek Next Gen ou encore 21 Jumpstreet étaient passés par là), mais je crois vraiment que X-Files est le show qui a posé les codes d’une nouvelle génération télévisuelle, en ayant réussi à réunir à la fois les geeks, mais aussi la ménagère…
Bref, encore merci de revenir sur ce show mythique… Vivement les prochains articles.
Amitiés,
Merci ! Dimanche 12 juin 1994, à 19 heures, c’est le début de X-Files sur M6.
Moi aussi j’ai regardé le premier épisode ce jour-là, et je m’en souviens encore. En fait, j’avais été alerté sur la diffusion par un sujet la semaine précédente, dans l’après-midi série du samedi qui était animé par Laurent Weil à l’époque. (Il faisait la speakerine amélioré entre les épisodes.)
C’est la série qui m’a fait aimé les séries… Merci Sullivan !
Merci de remettre à l’honneur X-Files, une série trop souvent mise de côté par les médias dans leurs listes des séries qui ont changé le paysage télévisuel.
Excellente synthèse ! J’ai hâte de découvrir les 19 autres articles. Bravo encore, j’ai découvert ici des tas de petits détails très instructifs.
Ahhhh. *Soupir de contentement*. L’une des meilleures séries que j’ai jamais vues. Le mystère, la trouille, la sublime musique, un casting parfait et ce côté « cinéma à la télé » qui ne se produit que rarement (merci le US Cable).
Je vais camper là cet été.
quel article magnifique!
vivement la suite!
j’étais un fan hardcore de cette série révolutionnaire à bien des égards! (en même je l’ai pas revu depuis sa diff en France)
Faut la revoir, ça tient encore super bien la route (enfin, sauf les 3 dernières saisons)…
Guys, je crois que je viens de recevoir un compliment de Dr. No ! Ça fait bizarre ^^
Merci à tous !
Excellent article.
Je suis ravie de voir une Spéciale X Files cet été. Comme beaucoup, cette série a été ma première vraie série…
Je ne suis en revanche pas très au fait du making off de la série. Je suis impatiente d’en apprendre plus et de savoir quels épisodes vous avez choisis pour caractériser cette série culte. 20 épisodes parmi 202… Je suis impatiente d’en lire plus!
Et je me disais, https://www.epidermiq.com/~connexions/1013/ sera-t-il mis à jour pour les 20 ans de la série?
Un des meilleurs articles autour de cette date anniversaire, rempli d’informations! Certains détails des différences entre scripts laissent rêveur: le rôle clairement républicain d’Ethan Minette, son travail en tant que lobbyiste laissait penser à une dynamique bien plus ancrée sur la réalité de la machine politique US (on pense aux Hommes du Président, autre grande influence de Carter) que ce qu’on a finalement obtenu. Notamment, l’histoire du contact pro-X-Files dans le congrès américain que mentionne Mulder a été trop peu exploitée.
Petite pub: liste d’influences sur X-Files: https://www.eatthecorn.com/dossiers/influences.htm
Personnellement j’ai découvert la série un peu plus tard que 1994, décalage de la diffusion dans mon pays d’origine oblige. Mais c’est avec XF que j’ai commencé à apprécier les séries comme des oeuvres à part entière.
Très très bon article, belle synthèse, des anecdotes très intéressantes, si tous les futurs articles sur X-Files sont de cet acabit, cela nous promet d’excellentes lectures!
Fantastique article, très bien écrit et au moins aussi bien documenté !
L’idée de suivre toute l’histoire (et making off) de la série pendant tout cet été me réjouit d’avance !
Bravo et merci pour ce remarquable boulot !
20 ans plus tard, j’habite à Vancouver et il est amusant de revoir tous les jours ou presque des lieux si familiers : Le FBI Headquarter, le Knoll Graveyard (à 5mn à pied de chez moi), l’appart de Scully, et même… le désert Navajo (si si, ils avaient repeint tous les rochers d’une carrière de North Van en rouge).
Dominique Montay, le jour où tu viens à Van je te ferai une visite guidée… (et on ira à Twin Peaks, aussi !)
Très bon article, passionnant à lire.
X-Files est l’une des séries, ou peut-être même LA série qui a forgé ma sériephilie au milieu des années 90 au même moment où je découvrais en VOST Friends, Seinfeld, NYPD Blue, etc. sur Canal Jimmy. Auparavant, j’avais déjà eu des coups de coeur (Twin Peaks, Miami Vice, Knots Landing, Dynasty…) mais pas au point d’être passionné du genre sériel en général.
Je me souviens avoir acheté des guides de saison et quelques numéros du magazine consacré à la série. Dès que j’apercevais X-Files en couv’ en kiosque, je sortais le porte-monnaie. Lorsque j’ai eu accès au net pour la première fois, vers 97, mes premières recherches concernaient X-Files (et aussi Mr Bean… hum !). Toute une époque.
Merci de revenir sur les événements qui ont conduit à la création de cette série absolument géniale. Au moment de la diffusion américaine aussi bien que française je n’étais pas née =). Mais, en la découvrant il y a peu avec les rediffusions sur Chérie 25 je suis tombée amoureuse de cette série. Pour moi, elle a tout d’une série intemporelle, que l’on peut apprécier qu’importe le moment ou on la regarde. Et franchement merci de lui rendre honneur de cette manière.