X-Files en 20 épisodes : The Unnatural (Le Grand Jour) [6×19]

X-Files en 20 épisodes : The Unnatural (Le Grand Jour) [6×19]

Note de l'auteur

Lancée le 10 septembre 1993, The X-Files fêtera ses vingt ans à la rentrée. A l’approche de cet événement le Daily Mars va passer tout l’été avec la série culte créée par Chris Carter, qui rassembla les fans de fantastique, d’horreur et de science-fiction tout au long des années 90, au fil de ses quelques 202 épisodes. Nous vous proposons de vous raconter l’histoire de The X-Files en vingt épisodes. Ce quatorzième volet fait escale sur le premier épisode écrit et réalisé par David Duchovny.

David Duchovny, réalisateur, sur le tournage de The Unnatural

Et si la présence d’extraterrestres à Roswell en 1947 trouvait son origine dans la passion d’un alien pour le baseball ? Mulder consulte les archives du FBI sur les articles de presse du Nouveau-Mexique en 1947, mais s’intéresse surtout aux résultats du baseball. C’est alors qu’il tombe sur une photographie d’Arthur Dales, le premier agent des affaires non-classées, en compagnie d’un joueur mystérieusement disparu. En arrière-plan, le Chasseur de Primes Extraterrestre qu’il a déjà plusieurs fois croisé. Il rend visite à Dales pour qu’il lui raconte cette histoire, mais tombe sur son frère (qui s’appelle aussi Arthur)…

Scénario & réalisation : David Duchovny. Première diffusion Fox : 25 avril 1999 ; première diffusion M6 : 4 novembre 1999. Guests : M. Emmet Walsh (Arthur Dales), Jesse L. Martin (Exley).

 

Premières influences

Engagé sur une série télé qui allait durer des années, David Duchovny trouvait parfois le temps long. Il s’était retrouvé sur The X-Files un peu par accident, parce qu’il avait aimé le script du Pilote, à une époque où il enchaînait les rôles au cinéma (Beethoven, Chaplin et Kalifornia, par exemple, sortis en 1992 / 1993 et tournés juste avant le début de la série). S’investir dans les aspects créatifs était pour lui tout autant une façon d’exercer un certain contrôle sur son personnage, que de maintenir son intérêt.

Bien sûr, comme tous les acteurs, Duchovny va aider à façonner son personnage, et lui transmettre certaines de ses propres caractéristiques, comme l’explique Frank Spotnitz. « Un choix intéressant fait par David Duchovny dès le début en jouant Fox Mulder, c’est ne ne pas être le moins du monde gêné ou embarrassé par ses croyances délirantes. Fox croit les choses les plus insensées et il prend quasiment du plaisir à faire murmurer une salle entière, à créer un malaise au FBI en exprimant ces choses dont n’importe qui d’autre aurait honte. C’est probablement une qualité que David a lui-même. Il peut être un peu provocateur, parfois, tout comme Mulder. C’est une des choses intéressantes à son sujet » [Interview pour la X-Files Night de la chaîne britannique BBC2, novembre 2000].

L’autre apport instantané de Duchovny fut l’humour de Mulder. Particulièrement dans les deux ou trois premières saisons, une grande partie des réparties comiques du personnage étaient improvisées par l’acteur sur le plateau. « David adore pouvoir déployer ses talents comiques, » raconte le réalisateur Kim Manners. « A chaque épisode, il va inventer une réplique drôle. Alors on tourne d’abord une version fidèle au script, puis une version avec son dialogue comique. Souvent, Chris décide de le garder » [Making Humbug, par Paula Vitaris, Cinefantastique, octobre 1995.].

L’influence créative de Duchovny grandit avec la saison 2, à l’époque où il devient clair que la série va durer, et où sa mythologie commence à se développer. « L’intelligence de David est étonnante, » explique Frank Spotnitz. « Là où la plupart des acteurs sont exclusivement intéressés par leur rôle dans l’histoire, lui regarde le scénario dans son ensemble, de la même manière qu’un scénariste ou un producteur le ferait. Quand il fait des commentaires, ils sont à propos du script, pas de son rôle. Ces commentaires sont très bons, en général. Je crois qu’il a amélioré pas mal de scénarios par ses réactions. Cela a été une collaboration formidable au fil des années » [Interview pour la X-Files Night de la chaîne britannique BBC2, novembre 2000].

Si, dans la première saison, les voix-off de Mulder et Scully étaient des rapports d’enquête très factuels, elles deviennent progressivement de plus en plus introspectives et poétiques (une évolution qui divisa d’ailleurs franchement les téléspectateurs : ces monologues poétiques, on les adore ou on les déteste). Clairement, Chris Carter a été influencé par les poèmes qu’écrivait Duchovny, dont le style était similaire (c’est-à-dire que ses contempteurs leurs reprochaient de ne pas rimer et de ne même pas être tout à fait de l’anglais).

Cela dit, l’acteur s’implique particulièrement dans la mythologie et dans la manière dont la famille de Mulder est impliquée dans celle-ci. « Ce qui est bien avec le fait d’avoir quelqu’un comme David Duchovny, » commente Chris Carter, « c’est qu’il est intelligent, il a de bonnes idées. L’idée de Colony / End Game est venue quand David a dit : ‘ce ne serait pas bien si on avait un Chasseur de Primes extraterrestre ?’. David a joué un grand rôle dans la mise en forme de la mythologie. Il a aussi été impliqué dans l’histoire de Anasazi, la fin de la saison 2 » [Featurette du coffret DVD Mythology vol. 1 : Abduction, 20th Century Fox Home Video, 2005].

L’Alien Bounty Hunter (Brian Thompson) fait sa première apparition dans Colony

« Colony » [2.16] est le premier épisode pour lequel Duchovny reçoit un crédit à l’écran, pour sa collaboration à la conception de l’histoire. Avec Carter, il avait eu de longues conversations sur la famille de Mulder et notamment de sa relation avec son père, que l’on découvre pour la première fois dans cet épisode. Et s’il avait suggéré l’histoire d’un Chasseur de Primes alien, c’était dans le contexte d’un dispositif inspiré par le chapitre du Grand Inquisiteur du roman Les Frères Karamazov de Dostoïevski, dont il ne restera pas grand-chose, au final, dans « Colony » — avec malice, Duchovny expliqua à l’époque que Carter écoutait ses idées, ou que parfois il faisait seulement semblant de l’écouter.

L’acteur reçoit le même type de crédit pour « Anasazi » [2.25], à nouveau parce qu’il met en scène des idées de l’acteur sur la famille de Mulder, qui a suggéré que la famille a été déchirée par l’enlèvement de Samantha, qui a causé le divorce de ses parents, et surtout que les Mulder avaient dû choisir entre Fox et Samantha, un dilemme inspiré par Le Choix de Sophie (Alan J. Pakula , 1982, d’après le roman de William Styron)

Duchovny collabore à deux nouvelles histoires en troisième saison. D’abord « Avatar » [3.21], le premier épisode dont Skinner est le héros, écrit par Howard Gordon qui développa une idée de l’acteur qui concernait la manière dont le travail que font Skinner ou Mulder a un coût personnel très élevé. Ils y perdent leurs relations, leur vie personnelle comme Skinner qui se trouve en plein divorce. « Il y a une part de moi qui se perdait dans la série à ce moment, » confie Gordon, « alors je m’y retrouvais personnellement » [The Complete X-Files, par Matt Hurwitz et Chris Knowles, Insight éditions, 2008] – un sentiment qui était probablement aussi celui de l’acteur. De plus, pour Duchovny, un épisode centré sur Skinner était un moyen de s’offrir quelques jours de repos, même si son rôle s’avéra tout de même conséquent.

L’épisode final de la troisième saison voyait le retour du Chasseur de Primes Alien, et cette fois il se prêtait à une référence directe à Dostoïevski via la scène dans laquelle l’Homme à la Cigarette et l’hybride Jeremiah Smith parlent religion et science. Pendant que Chris Carter écrivait la continuité dialoguée, David Duchovny se retrouva assis aux côtés de Roy Thinnes lors d’un voyage en avion. Il suggéra à Carter de l’engager pour le rôle de Jeremiah Smith.

 

L’auteur Duchovny

C’est en sixième saison que l’implication créative de Duchovny connaîtra une nouvelle jeunesse – un moyen pour lui de se prémunir de la fatigue de jouer toujours le même rôle. « Si je pouvais choisir là, tout de suite, je quitterai la série. Mais je me suis engagé. Ce que je veux n’est pas important. J’ai signé un papier, je suis professionnel, et je ferais de mon mieux » [Agent provocative, par Libby Brooks, The Guardian, Juillet 1998]. « Certains jours, ce n’est pas frais et ce n’est pas excitant. Certains jours ça l’est. Cela a souvent à voir avec le challenge posé par le matériel. S’il y a une scène difficile à jouer, ou amusante à jouer, alors c’est frais et excitant. Si c’est juste cinq pages de backstory, de dates, de données, de chiffres ou de noms, alors c’est simplement l’enfer. Ce n’est pas la série ou Mulder, c’est simplement le fait de faire la même série et le même rôle pendant des années » [As The X-Files moves to L.A., the series’ stars consider season six, par Melissa J. Perenson, Sci Fi Age Magazine, novembre 1998].

Duchovny se décide à faire le grand saut. « Je n’avais pas l’assurance, la confiance en moi pour écrire un scénario. J’avais 34 / 35 ans, et j’ai pensé que je ne le ferais jamais. Que j’avais d’assez bonnes idées mais que je les pitcherai aux auteurs. Il m’a fallu attendre jusqu’à la sixième saison de la série pour me mettre à une table et réellement écrire une de mes idées » [David Duchovny’s Grace Notes, par Paula Vitaris, Cinefantastique, avril 2002].

Duchovny trouva son inspiration en lisant de vieux articles sur le baseball, comme Mulder au début de l’épisode. Il tomba sur un papier à propos d’un joueur de ligue mineure, Joe Bauman, un propriétaire de station essence qui, en 1954 réalisa 72 home runs. « Et il jouait à Roswell, au Nouveau-Mexique, ce que je trouvais incroyablement drôle. C’est alors que je me suis dit : ‘et si ce type était un alien ? Il a fait 72 home runs parce que c’est un extraterrestre’. J’en ai parlé à ma femme, Téa et le lendemain en me réveillant, j’ai ajouté : et si ce joueur était Noir ? C’est un extraterrestre mais la raison pour laquelle il a pris l’apparence d’un homme Noir, c’est pour ne pas être découvert ? Après ça, tout s’est mis en place » [David Duchovny’s Grace Notes, par Paula Vitaris, Cinefantastique, avril 2002].

En effet, à l’époque, les joueurs Noirs de baseball jouaient dans une ligue à part, la Negro League, et n’étaient jamais recrutés pour passer professionnels. Des années plus tard, l’Amérique redécouvrit des joueurs de talents, mais dont l’histoire avait totalement oublié les noms pour ne retenir que ceux des pros, des blancs.

Duchovny tourna la scène dans laquelle Dales découvre le « vrai visage » d’Exley

 

Slogan

La vérité est ailleurs est remplacé dans la version originale par « In the big inning », un jeu de mot sur la nature de flash-back de l’épisode, qui amène aux origines de la présence extraterrestre sur la terre contemporaine, et sur un terme technique de Baseball.

 

Mythologie

« The Unnatural », comme « Musings of a Cigarette-Smoking Man » [4.07] auparavant, est très révélateur de la manière dont Chris Carter laissait faire à peu près n’importe quoi avec la mythologie, pour peu que le mode de narration laisse place à l’ambiguïté et ne permette pas de savoir si une histoire est réelle ou non.

Si on ne décide pas de le ranger simplement au rayon conte de fées sans rapport avec la mythologie, il faut en effet y aller un peu au forceps pour rendre « The Unnatural » cohérent avec le reste de la série. Clairement, Duchovny n’avait pas intégré que les Gris/Huile Noire et les Métamorphes sont deux races extraterrestres différentes, et il mélange ici leurs deux attributs. Il faut dire que l’Huile Noire a pris le contrôle de certains Métamorphes, comme le Chasseur de Primes Extraterrestre, et les utilise comme unité d’infiltration des Humains.

C’est ainsi qu’il faut voir Exley : un Métamorphe possédé par l’Huile Noire, qui s’est évadé de chez ses frères extraterrestres pour vivre sa passion pour le baseball. Quand le Tueur et Exley parlent de sa ‘‘vraie apparence’’, ils n’évoquent pas le corps qu’il utilise, mais l’essence qui le contrôle.

 

Production

Chris Carter et David Duchovny étaient tous les deux de grands fans de Baseball, et cela faisait des années que tournait l’idée d’un épisode sur le sujet, sans qu’un angle convaincant ne se dégage. Carter avait par exemple travaillé un moment sur une histoire de cimetière Indien enterré sous un stade. A l’automne 1998, Duchovny et Carter se mettent d’accord sur le fait que l’acteur écrira un épisode pour la fin de la sixième saison.

« Ce qu’il y a de gratifiant, c’est que je l’ai fait sans aide du tout. Mon apprentissage s’est fait par le fait d’avoir reçu pendant cinq ans des scénarios bien structurés pour me guider. Il n’y a des choses que je n’aurais pas sues autrement : le teaser, la structure en quatre actes, ce ne sont pas des choses intuitives. Pour le reste, The X-Files est avant toute chose un mécanisme à histoires très bien structuré » [David Duchovny’s Grace Notes, par Paula Vitaris, Cinefantastique, avril 2002].

L’étrange reflet d’Exley…

En approfondissant ses recherches, Duchovny réalisa que l’année où un joueur de baseball Noir, Jackie Robinson, fut intégré pour la première fois à la Ligue Pro fut 1947. Le signe d’un changement à venir qui allait causer la perte de son alien fan de baseball, ce qui forçait l’épisode à devenir un flash-back. Duchovny confia avoir écrit le scénario avec facilité, espérant que toutes ses futures expériences seraient aussi fluides et agréables. Un fois l’épisode terminé, il pris la décision de le réaliser lui-même.

« David a écrit un scénario formidable, et c’est toujours mieux de pouvoir mettre en scène son propre scénario, si on en a la capacité et le désir, » confia Chris Carter [The End and the Beginning : The Official Guide to the X-Files 5, par Andy Meisler, éditions Harper Prism, 2000]. David Duchovny explique : « pour moi, la mise en scène est une partie du processus d’écriture. C’est l’achèvement de l’écriture et une façon de s’assurer que votre vision est emmenée jusqu’au bout. Je suppose que j’ai parfois été déçu par l’exécution de la série. C’est un peu comme la musique : on peut dire à quelqu’un, voilà comment ça devrait être, la personne hoche la tête et vous vous dites que vous êtes sur la même longueur d’onde, que vous parlez la même langue. Mais ça ne marche jamais comme ça. Alors je me suis dit, pour le meilleur et pour le pire, je vais être celui qui fait tout du début à la fin ». Pourtant, Duchovny n’était pas certain d’avoir un sens visuel suffisant pour s’acquitter de sa tâche. « J’étais vraiment nerveux quant à la manière dont j’allais déplacer ces gens dans un espace à trois dimensions. Je suis aussi toujours inquiet de ne pas avoir assez de plans pour le montage. Ce que je possède, c’est une sorte de sens non-linéaire de la manière dont les images révèlent l’histoire. Dans The Unnatural, ce serait le moment où Exley saigne du sang rouge. Cela a un sens poétique, et je pense que quand on raconte une histoire de façon visuelle, on la raconte de manière poétique » [David Duchovny’s Grace Notes, par Paula Vitaris, Cinefantastique, avril 2002].

Pour Duchovny, Exley était une figure à la Pinnochio. « Il a vécu le fantasme pas seulement des garçons de bois, mais de tous les hommes et les femmes, » explique Duchovny. « Les gens veulent quelque chose qui les rendent réels, authentiques. Exley est devenu réel. Je vous ai épargné le dialogue, il ne dit pas ‘je me sens réel’, mais on le voit quand il saigne. La beauté des films, c’est qu’on peut montrer les choses au lieu de les dire. On peut avoir un moment bien ordonné d’humanité : ‘oh mon Dieu, tu es devenu une vraie personne par ton amour du baseball !’. Je suis ironique mais pour moi c’est émouvant et ça signifie beaucoup. Cette heure de télévision a plus de moi que quoi que ce soit d’autre que j’ai fait ».

La plupart des rôles importants de l’épisode (Dales ou le Chasseur de Primes alien) étaient des personnages semi-récurrents, dont le casting était déjà fait. Le seul véritable choix de Duchovny fut donc Jesse L. Martin dans le rôle d’Exley.

« J’ai rencontré David le premier jour des répétitions quand nous avons fait la lecture sur table, » se souvient Jesse L. Martin. « Apparemment, il me connaissait de [la comédie musicale] Rent (adaptée au cinéma par Chris Columbus en 2005) et il m’avait vu dans Ally McBeal. Il a décidé que je serais parfait pour le rôle. Je ne sais pas pour moi. Mais j’en suis content parce que c’était un très bon moment, comme une colonie de vacances. Sauf qu’il ne faisait pas très chaud. On a fait surtout des tournages de nuit dans le désert. David était vraiment parfait avec les acteurs. En étant un lui-même, il comprend ce que les acteurs ont besoin d’entendre. Il vous laisse trouver des choses par vous-même. Je l’ai trouvé très généreux de ce point de vue ».

Duchovny tâte de la batte entre deux prises…

« Son humilité était agréable, » confie le location manager Ilt Jones. « Vous savez, j’ai déjà travaillé avec des gens qui réalisaient pour la première fois, et parfois ils essayent de vous impressionner, ils prétendent savoir plus que ce qu’ils savent réellement. Pas David. En étant le business, il en savait beaucoup sur la réalisation, mais il n’avait jamais peur de le montrer quand il faisait quelque chose pour la première fois. C’était aussi intéressant de voir à quel point il était une éponge. Je me souviens de l’avoir entendu parler le premier des huit jours de préparation, et à nouveau le dernier jour, et réaliser qu’il y avait eu une métamorphose radicale et qu’il était devenu quelqu’un qui comprenait les dynamiques de la mise en scène. C’est clairement un type brillant » [The End and the Beginning : The Official Guide to the X-Files 5, par Andy Meisler, éditions Harper Prism, 2000].

« J’avais un directeur de la photographie et un premier assistant réalisateur et un superviseur des scripts et ils en savaient tous beaucoup plus que moi, alors ils m’ont gardé dans le rang » [Interview de David Duchovny, par Peter Morris, BBC.co.uk, 2000]

Duchovny avait aussi l’avantage d’être bien préparé. « On commence souvent à tourner des scénarios qui sont encore en cours d’écriture, c’est la nature de notre rythme. Mais moi j’avais mon script bien en avance, parce que c’est le seul que j’écrivais, alors je me suis préparé pendant des mois, et je savais ce dont j’aurais besoin. [La monteuse] Lynn Willingham, qui a commencé son travail pendant que je tournais encore, m’appelait si j’avais manqué quelque chose, alors j’avais la possibilité d’y revenir pour compléter. Quand on tourne, il y a vraiment une infinité d’endroit pour placer la caméra. Ce qu’il y a de bien, au montage, c’est qu’une fois qu’on y est, il n’y a plus que les plans que vous avez tourné. C’est comme grandir. Vous vous dites : ‘okay, je ne vais pas devenir astronaute, je vais me contenter d’apprendre à piloter un avion’ » [David Duchovny’s Grace Notes, par Paula Vitaris, Cinefantastique, avril 2002].

L’histoire de Duchovny appelait un retour d’Arthur Dales, l’agent du FBI qui avait créé la division des X-files dans les années cinquante, vu pour la première fois dans « Travelers » [5.15] et à nouveau dans « Agua Mala » [6.13]. Les flash-backs le montrait simple policier, avant qu’il n’intègre le FBI. Mais, au deuxième jour de tournage, Darren McGavin souffrit d’une attaque et ne put pas poursuivre. Il fallait pourtant continuer, et l’équipe ne voulait pas recaster le personnage, pour garder la possibilité d’un retour ultérieur de l’acteur (ce qui, malheureusement, n’arriva jamais). Les producteurs de la série souhaitaient que Duchovny le remplace par une troisième partie, qui raconterait cette histoire à sa place. « Cela n’aurait pas marché si c’était l’histoire de quelqu’un d’autre. C’est pour ça que j’ai refusé que cela se passe ainsi, et que je me suis ouvert au ridicule de cette scène stupide dans laquelle le type explique qu’il a un frère qui s’appelle comme lui. Heureusement, cela passe si vite. Toute l’histoire s’écroule si ce n’est pas l’expérience de ce type. Il faut qu’il ressente l’histoire. Ce changement aurait supprimé tout l’émotion de l’épisode ». M. Emmet Walsh est parfait dans la version finale, d’autant qu’il n’a donc eu aucun temps de préparation avant de tourner ses scènes.

C’est dommage pour Darren McGavin, parce que ses deux précédentes apparitions ne lui avaient pas permis de jouer grand-chose, alors que dans les deux scènes de « The Unnatural » qu’il a eu le temps de tourner, il laissait voir son réel talent :

« The Unnatural », c’est aussi deux scènes d’échange entre Mulder et Scully qui encadrent l’histoire principale, et qui ont marqué les fans – les shippers en premier lieu, bien sûr. « J’étais fatigué des conversations entre Mulder et Scully dans lesquelles Scully disait ‘je suis une scientifique, je crois à la science et voilà ce que la science me dit’, et Mulder répondait ‘je suis mon instinct, et mon instinct me dit ça’, » explique Duchovny. « Je voulais qu’ils aient une conversation dans laquelle ils dialoguent vraiment plutôt que d’indiquer qui ils sont » [David Duchovny’s Grace Notes, par Paula Vitaris, Cinefantastique, avril 2002].

Au début de l’épisode, on voit quelques images de baseball sur un écran de télévision, commentées par Vin Scully lui-même. Vin Scully est, depuis les années 50, le commentateur des matchs de baseball de l’équipe des Dodgers de Los Angeles. Pour un Californien, la voix de Dieu, plaisante souvent Carter qui a nommé Dana d’après lui. Vin Scully a enregistré cette petite voix-off gratuitement pour la série.

C’est l’unique épisode pour lequel Mark Snow a enregistré de vrais musiciens plutôt que de réaliser toute la musique sur ses synthétiseurs (j’exclus les samples de musique de Fight the Furture. Le guitariste Nick Kirgo (un cousin de Mark Snow et un ami de David Duchovny) a enregistré un solo de même que le joueur d’harmonica Tommy Morgan.

 

Le bilan : Un conte très émouvant, porté par les performances épatantes du très empathique Jesse L. Martin et de M. Emmet Walsh. Si le deuxième épisode signé Duchovny, Hollywood AD, serait un vague foutoir assez incohérent, celui-ci a une simplicité et une précision parfaite. L’acteur démontre aussi un vrai amour des dialogues, ce qui engendre quelques jolies scènes, aussi bien entre Mulder et le vieux Dales qu’entre Mulder et Scully. Une autre bizarrerie que seule la saison 6 pouvait produire, et qui m’aurait beaucoup manqué si elle n’avait pas existé.

 

X-Files en 20 épisodes

Volet 1: Pilot (Nous ne sommes pas seuls) [1×00]

Volet 2: Ice (Projet Arctique) [1×07]

Volet 3: The Erlenmeyer Flask (Les Hybrides) [1×23]

Volet 4: Sleepless (Insomnies) [2×04]

Volet 5: One Breath (Coma) [2×08]

Volet 6: Humbug (Faux-frères Siamois) [2×20]

Volet 7: D.P.O. (Coup de foudre) [3×03]

Volet 8: Paper Hearts (Cœurs de Tissu) [4×10]

Volet 9: Never Again (Jamais Plus) [4×13]

Volet 10: Kill Switch (Clic Mortel) [5×11]

Volet 11: The Pine Bluff Variant (Les Nouveaux Spartiates) [5×18]

Volet 12: Triangle [6×03]

Volet 13: Milagro (A Cœur Perdu) [6×18]

Volet 14: The Unnatural (Le Grand Jour) [6×19]

Volet 15: The Sixth Extinction II: Amor Fati (La Sixième Extinction 2) [7×02]

Volet 16: all things (Existences) [7×17]

Volet 17: Within (Chasse à l’Homme 1) [8×01]

Volet 18: Roadrunners (Un Coin Perdu) [8×04]

Volet 19: Audrey Pauley [9×11]

Volet 20: Release (Clairvoyance) [9×17]

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