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L’apocalypse molle (critique de X-Men: Apocalypse, de Bryan Singer)

L’apocalypse molle (critique de X-Men: Apocalypse, de Bryan Singer)

Note de l'auteur

Essoufflée et en bout de course, la franchise X-Men revient sur grand écran avec le bien nommé Apocalypse et ses pachydermiques 2h30 de péloche. Le résultat ? Un salmigondis visuel et scénaristique vide de sens qui n’apporte rien à la saga ni au genre. 

« Synopsis : Depuis les origines de la civilisation, Apocalypse, le tout premier mutant, a absorbé de nombreux pouvoirs, devenant à la fois immortel et invincible, adoré comme un dieu. Se réveillant après un sommeil de plusieurs milliers d’années et désillusionné par le monde qu’il découvre, il réunit de puissants mutants dont Magneto pour nettoyer l’humanité et régner sur un nouvel ordre. Raven et Professeur X vont joindre leurs forces pour affronter leur plus dangereux ennemi et sauver l’humanité d’une destruction totale. »

Philippe Guedj doit sûrement être un mutant capable de lire l’avenir. Et il a même laissé la preuve dans son article sur Civil War, le gredin. De quoi je parle ? De sa phrase d’intro « Les films de super-héros deviennent une loterie aux gains de plus en plus maigres à chaque nouveau tirage ». Parce que là, je ressors de la projection d’X-Men: Apocalypse et croyez-moi, on n’aurait pas pu faire plus prophétique.

x-men 2Faisant suite à X-Men: Days of Future Past, Apocalypse est le 8ème épisode de la saga mutante (9ème si on compte Deadpool) et le plus fatigué d’entre tous (c’est pour dire). Avec aux manettes un Bryan Singer en perte totale d’inspiration, cette suite est sans nul doute celle qui a le moins de choses à dire, à montrer et la plus paresseuse. Un écueil impardonnable pour les X-Men, comic book ayant fait de la question politique sa moelle épinière et qui a longtemps touché avec justesse la problématique des luttes sociales, de l’adolescence ou encore du rapport au corps et à l’image. Pire que tout, Apocalypse finit même par renier les accents humanistes des précédents épisodes, mettant en avant la nécessité des X-Men comme force belliqueuse et dépeignant le pacifisme, et comme une utopie ridicule. Un comble.

Vidé de sa substance, le film se limite donc à l’affrontement entre les héros mutants et Apocalypse, big bad surpuissant ayant décidé de mettre une branlée au monde moderne, de tout détruire et de devenir roi du monde dans un torrent d’effets spéciaux qui piquent les yeux. Rien de plus côté scénar.

x-men 4Au milieu de tout ça, les personnages et leurs motivations sont livrés à eux-mêmes, peinant à exister et à avoir la moindre épaisseur. De Magneto (Michael Fassbender en mode service minimum) à Mystique (Jennifer Lawrence en pilote automatique) en passant par Cyclope, Jean Grey et les autres, tous n’existent que pour jouer leur partition dans la maigre intrigue que constitue le film, sans jamais que leur soit donné un moment pour briller. Faisant figure d’exception, le Professeur Xavier (James McAvoy) subsiste comme étant le personnage montrant une vraie progression et ayant un véritable arc narratif. Une maigre consolation face aux trop nombreux rôles inutiles : les 3 stagiaires de l’apocalypse Psylocke, Tornade et Archangel, les X-Men faire-valoir Le Fauve et Vif Argent, ou le love interest Moira MacTaggert. Dans le genre, la palme revient au traitement d’Apocalypse, méchant caricatural qui sous emploie à outrance le très bon Oscar Isaac, mal à l’aise sous sa grosse couche de maquillage bleu.

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S’enchaînent donc, dans une grande mollesse générale, des séquences d’exposition interminables, des scènes d’action interchangeables, un retour express et inutile de Wolverine et cerise sur le gâteau, un copier/coller honteux de la brillante scène au ralenti de Days of Future Past. Trop long, trop con, et trop mou, le film se termine dans un anti climax faiblard, laissant un grand sentiment de vide et une triste impression d’avoir perdu son temps. Et à l’heure où les films de super-héros se multiplient à outrance, cet X-Men de trop apparaît pour finir comme étant ce qui peut arriver de pire au genre : la perte de toute symbolique et la standardisation paresseuse. Gare à la suite.

X-Men: Apocalypse de Bryan Singer avec James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Oscar Isaac, Nicholas Hoult, Sophie Tuner, Tye Sheridan, Olivia Munn, Evan Peters, Rose Byrne, Kodi Smit-McPhee, Ben Hardy et Lucas Till. En salles le 18 mai.

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