
Zoom sur… Shadowhunters, The Magicians et Colony
La science-fiction est à la mode en ce début d’année. De l’adaptation de romans pour jeunes adultes à la série de SF pure et dure, il semble que les séries américaines misent gros sur le surnaturel pour commencer 2016. Zoom sur trois séries au parfum d’ailleurs récemment débarquées sur les écrans.
Shadowhunters (Freeform)
ABC Family est devenue Freeform en ce mois de janvier 2016, laissant ainsi tomber le côté « famille » pour s’axer sur une marque plus « branchée » et portée non seulement vers les jeunes téléspectateurs mais aussi sur ceux en transition vers l’âge adulte. L’une des nouveautés proposées par la chaîne n’est autre que Shadowhunters, l’adaptation de la série de romans La Cité des ténèbres (The Mortal Instruments) par Cassandra Clare. Alors que le long-métrage éponyme de 2013 fut plutôt un échec, l’œuvre de Clare s’installe cette fois-ci à la télévision, un format qui lui semblerait donc plus adapté.
Shadowhunters (disponible en France sur Netflix) suit Clary Fray, une jeune fille qui découvre qu’elle n’est pas tout à fait comme les autres. Il s’avère que le monde contemporain est peuplé de créatures démoniaques, qu’un groupe appelé les Chasseurs d’Ombres poursuit sans relâche, et Clary est loin de se douter qu’elle en fait partie. Et pourtant, lors de son 18ème anniversaire, sa destinée la rattrape et Clary se voit contrainte d’affronter les forces maléfiques.
Si la série se base sur une mythologie intéressante et propose aux spectateurs un univers attirant et surprenant, elle est néanmoins handicapée par deux choses. D’une part, cette mythologie peut sembler un tantinet complexe pour le téléspectateur lambda qui n’a aucune idée de ce dans quoi il s’aventure (c’est-à-dire quelqu’un qui ne connaît ni le film de 2013, ni les romans de Cassandra Clare). Bien qu’engageant, l’univers de Shadowhunters semble pourvu de nombreux détails plus ou moins compréhensibles au sein du chaos qui règne dans le pilote de la série. D’autre part, si Lily Collins proposait une Clary convaincante dans le long-métrage The Mortal Instruments, Katherine McNamara et sa fausse chevelure couleur carotte présente un jeu gauche et forcé, rendant son personnage difficilement appréciable et crédible.
Portée par une distribution jeune et un scénario solidement ancré dans l’œuvre littéraire d’origine, Shadowhunters a le potentiel pour devenir un véritable succès en matière de série pour adolescent. Cependant, c’est là aussi qu’elle se limite puisque la série a tendance à tout miser sur une volonté de toucher un public jeune, au détriment d’une approche légèrement moins clichée qui pourrait permettre à Shadowhunters de captiver un public plus large. À l’opposé d’une série comme The 100, Shadowhunters manque de maturité dans sa narration. En somme, si la série fonctionne sur le papier, son casting bancal et sa volonté de « plaire aux jeunes et seulement aux jeunes, » risquent de ne pas la faire durer bien longtemps.
The Magicians (SyFy)
SyFy propose aussi, en ce début d’année, une série fantastique inspirée d’un best-seller : The Magicians, de Lev Grossman. L’histoire suit les péripéties de Quentin Coldwater (Jason Ralph), un jeune homme qui ne semble pas parvenir à trouver sa place dans ce monde, avant de découvrir que la magie dans laquelle il s’est toujours immergé pour échapper à la réalité est en fait bel et bien réelle. Il est alors recruté par l’université Brakebills, une école de magie comme il en a toujours rêvé. Cependant, Quentin découvre rapidement que le monde magique n’est pas que cours de lévitation et autres leçons de sortilèges, mais qu’il regorge également de menaces plus terrifiantes qu’il ne l’aurait soupçonné.
Si beaucoup auront tendance à labelliser The Magicians de « Harry Potter pour adulte », le seul point commun entre les deux univers n’est finalement que le contexte de l’école de magie. The Magicians est en effet une série mature, proposant d’explorer un univers magique à travers les yeux de jeunes universitaires bourrés de talents. Dès l’épisode pilote, il est indéniable que la série est teintée d’une noirceur prononcée, et qu’elle se dirige vers l’exploration de thématiques complexes, intrigantes, et modernes. Quentin se présente comme un personnage tourmenté, et les amis qu’il se fait à Brakebills ont eu aussi leurs lots de passifs chargés.
Les débuts de The Magicans sont très prometteurs, et nul doute que la série trouvera rapidement son public. Reste à savoir si la saison soutiendra le rythme imposé par le pilote, et si la série se développera dans la même veine.
Colony (USA Network)
De son côté, USA Network nous offre le retour de Josh Holloway (Lost) dans une série de science-fiction. Aux côtés de Sarah Wayne Callies (Prison Break, The Walking Dead), il incarne la tête d’affiche de Colony, nouvelle création de Ryan Condal (Sixth Gun, Hercule) et Carlton Cuse (Lost, Bates Motel). L’action de la série se déroule dans un futur proche, où la Terre a été colonisée par les extra-terrestres. Cependant, la plupart des gens ne savent pas à quoi ces aliens ressemblent, et le monde semble se diviser entre ceux qui font régner l’ordre – les collaborateurs – et la résistance.
À Los Angeles, la famille Bowman vit du mieux qu’elle peut au sein de cette société menaçante. Leur fils cadet a disparu depuis le début de l’occupation et ils ne perdent pas espoir de le retrouver un jour. Quand le gouverneur du secteur découvre que le père de famille, Will (Holloway), est un ancien du FBI, il lui propose d’utiliser ses compétences pour étouffer la résistance. L’offre n’est pas sans contrepartie : face à la vague promesse de retrouver leur fils, Will et son épouse se doivent de faire un choix, résister ou collaborer ?
Colony propose un concept mi-moderne, mi-dépassé. Le coup de l’occupation n’a rien de nouveau sous le soleil, et de nombreuses histoires ont déjà été racontées à ce sujet. Là où la série tente d’innover, c’est en nous proposant un ennemi dont on ne sait finalement que peu de choses, un occupant presque invisible. De plus, la série se déroulant dans le futur, son univers tout entier reste à fabriquer et à découvrir au fils des épisodes, ce qui lui donne une souplesse narrative non négligeable. Le principal défaut de son épisode pilote réside dans un rythme lent et un dévoilement des personnages quelque peu bancal. On ne saisit que vaguement qui ils sont, et ce que l’on peut/doit en penser. Il va falloir à la série quelques épisodes pour véritablement établir ses bases, et révéler si oui ou non, elle mérite le coup d’œil.
En somme, parmi ses trois nouveautés de la rentrée, The Magicians remporte le prix de celle qui mérite le plus votre attention. Viennent ensuite, au coude à coude, Shadowhunters et Colony. La première ravira un public ado en quête de surnaturel. La seconde intriguera les fans de science-fiction et de petits hommes verts. Ceci dit, toutes deux seront mise à l’épreuve du temps pour prouver leur juste valeur, tandis que The Magicians s’annonce d’ores et déjà comme une petite pépite d’or pour Syfy.
SHADOWHUNTERS (Freeform), développée par Ed Decter. Avec Katherine McNamara, Dominic Sherwood, Alberto Rosende…
THE MAGICIANS (SyFy), développée par Sera Gamble et John McNamara. Avec Jason Ralph, Arjun Gupta, Olivia Taylor Dudley…
COLONY (USA Network), créée par Ryan Condal et Carlton Cuse. Avec Josh Holloway, Sarah Wayne Callies, Peter Jacobson…